Par Philippe Hermann
Pour la 87e édition du Masters Tournament, le parcours du Augusta National Golf Club est bichonné comme d’habitude, avec 32 mètres de plus au n°13, histoire d’éviter d’être battu en brèche une nouvelle fois. Disputés entre orages, averses, froidures, coups de vent, pluie, les 36 premiers trous oubliaient cette idée et, s’ils proposaient un chapelet de stars au top 10 du leaderboard, ce n’était pas celui attendu parmi les 54 qualifiés au cut.
Si Jon Rahm, intermittent n°1 mondial, était dans son rôle, Rory McIlroy (+4) quittait Augusta sans un mot avec, en travers de la gorge, le jeu impeccable du revenant Brooks Koepka, dégradé par le PGA Tour en raison de son allégeance au LIV Golf de Greg Norman. Voilà qui mettait le feu en salle de presse et dans les salons du Club. Sorti en tête du 2e tour bouclé en deux jours, il était toujours devant avec quatre coups d’avance sur l’Espagnol après six trous du 3e tour, arrêté à nouveau par un déluge sans nom. Si Koepka devait gagner, le monde du golf professionnel pourrait vivre une révolution.
Tiger Woods, dans quel état ?
Tiger Woods était l’objet de toutes les attentions, revenant jouer un tournoi Majeur déjà remporté à de multiples reprises. Dans quel état ? « Je vais bien », répétait-il, avant de rejouer un parcours où il connaît chaque brin d’herbe, ce qui est utile pour savoir où poser son pied droit toujours en souffrance un peu plus de deux ans après l’accident de voiture qui a failli le tuer.
Par bribes, son golf affichait de longs drives, des approches contrôlées, quelques putts bien vus, mais insuffisants et entrecoupés de faiblesses, avec un 74 (+2) au 1er tour. Il ne faisait guère mieux au second sur un 73 (+1) alors que le cut projeté à +2 touchait près de 50 scores.
Circulez, il n’y a plus rien à voir, grogne le fan échaudé devant la télé, s’il ne reste qu’à admirer Tiger pour les 23 cuts consécutifs passés au Masters, record de Player et Couples égalé grâce à Justin Thomas, et ses bogeys aux 17 et 18, remontant le cut à +3. Le fait qu’ils soient bons amis n’a rien à voir !
Champions Tour, voiturette, concurrence…
Ne s’intéresser à Tiger Woods que pour ses putts, ça sonne triste comme une mauvaise fin d’histoire. A 47 ans, perclus de gros, très gros bobos, les rouages techniques bloqués, la concurrence exacerbée, la nouvelle génération en quête du pouvoir, la lutte des tours, tout est contre lui. Et va-t-il terminer ce 87e Masters ayant près de 30 trous à jouer aujourd’hui alors qu’il boîtait durement la veille ?
Et si, en-dehors de sorties en démonstration dans l’avenir, il mettait le Champions Tour au programme 2026, les fans pourraient s’éclater à nouveau avec lui disputant des tournois généralement sur trois tours et voiturette autorisée, face à une concurrence qu’il connaît bien mieux qu’un Sam Bennett, vainqueur de l’US Amateur 2022, qui flirte avec la tête de ce Masters, et tous les néo-pros de talent qui arrivent en nombre d’un peu partout.
Photo : Masters Images