C’est le jour du 66e anniversaire de Severiano Ballesteros, décédé le 7 mai 2011, et 40 ans après le deuxième succès de son illustre aîné à Augusta, que Jon Rahm a remporté dimanche le 87e Masters. Et c’est avec le talent qu’on lui connait, sans jamais s’affoler que le Basque a patiemment construit son triomphe. Son score total de -12 (276) et sa dernière carte de 69 (-3) lui ont permis de devancer de quatre points les Américains Phil Mickelson et Brooks Koepka, membres du LIV Golf. Cette sixième victoire de l’Espagnol depuis le mois d’octobre, tous Tours confondus, est évidemment la plus belle !
Lionel VELLA, envoyé spécial à Augusta
A son 7e Masters, Jon Rahm touche au but. Après avoir fini quatre fois dans le top 10 entre 2018 et 2021, l’Espagnol de 28 ans décroche la victoire grâce à un dernier tour sans la moindre faille, bien aidé il faut le reconnaître par un Brooks Koepka totalement transparent, incapable de lancer la machine. Celle qui lui avait pourtant permis de rester en tête pendant trois tours depuis jeudi.
Pour la petite histoire, on retiendra qu’il est le premier joueur du Masters depuis 1934 à concéder un double-bogey sur son premier trou du jeudi (4 putts !) et à enfiler malgré tout la veste verte le dimanche.
Pour les annales, on se souviendra surtout qu’il est le quatrième espagnol à l’emporter après Severiano Ballesteros en 1980 et 1983, José Maria Olazabal en 1994 et 1999 et Sergio Garcia en 2017.
Un succès attendu – il était l’un des grands favoris à la victoire avec Rory McIlroy – qui lui permet de récupérer le fauteuil de n°1 mondial puisque Scottie Scheffler n’a pu faire mieux qu’une dixième place à -4.
Forever a Masters champion. #themasters pic.twitter.com/rKAzcFmADQ
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Ce triomphe achevé avec une ultime carte de 69 (-3) et un score final de -12 (276) est aussi un joli pied de nez au désir de Greg Norman, le patron du LIV Golf, de voir l’un des siens l’emporter sur le green du 18 entouré par ses comparses partis sur le circuit des rebelles. Une prochaine fois peut-être. Mais pas cette année !
L’un des plus farouches adversaires, avec Rory McIlroy, du Tour dissident créé en 2022 et soutenu à coups de millions de dollars par le Fonds d’investissement public d’Arabie saoudite, Rahm s’est dressé en ultime rempart des velléités affichées par Mickelson, Reed et donc Koepka. Comme un symbole.
A mentor. An idol. A sixth Green Jacket for Spain. #themasters pic.twitter.com/4FHP7gOlCe
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Koep’ cale
Deuxième à deux longueurs derrière l’Américain à l’entame de ce dernier tour démarré à 12h30 locale (18h30 en France), le Basque, déjà vainqueur en Majeur à l’US Open 2021, a rapidement mis la main sur ce duel qui n’en a pas été un finalement.
Premier birdie au 3 pendant que son adversaire enchaine les erreurs à un rythme soutenu : bogey aux trous 4 et 6. Grâce à un deuxième birdie au 8, Rahm se retrouve avec deux points d’avance sur le Floridien. Un écart qui se creuse même encore après un quatrième bogey de Koepka au 12.
La suite se résume à une gestion de ce petit matelas de points, savamment entretenue par Rahm qui en profite, malgré un bogey au 9 (chip – 2 putts) – sa seule erreur du jour – pour claquer deux nouveaux birdies au 13 puis au 14 alors que son concurrent oscille entre le bon (birdie 13, 15 et 16) et le moins bon (bogey 12 et 14).
-12 contre -9 puis -12 contre -8 après un sixième bogey de Koepka au 17, totalement dans les cordes… N’en jetez plus, la coupe est pleine pour le quadruple vainqueur en Majeurs, auteur de sa plus mauvaise journée cette semaine. La plus importante aussi…
« J’ai l’impression d’avoir bien frappé la balle, résume Brooks Koepka dans un soupir. J’ai fait un mauvais coup de départ sur le 1 mais j’ai eu de la chance. Il y a eu aussi cette mauvaise mise en jeu au 8, qui est un trou à birdie. Et c’est là je pense que l’élan s’est coupé. Au 8 et au 9. C’est ce que j’ai ressenti ! »
An opening par for Brooks Koepka keeps the lead at two. #themasters pic.twitter.com/ezGgeOncl0
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Mickelson sort de sa boite
Il égale toutefois sa meilleure performance à Augusta (2e en 2019, l’année du sacre de Woods) et rejoint donc son acolyte du LIV Phil Mickelson, 52 ans, totalement métamorphosé avec son énorme 65 (-7) du jour fort de huit birdies pour un seul bogey.
C’est tout simplement la meilleure carte du gaucher depuis son premier tour en… 1996. Sa meilleure carte également dans un 4e tour à Augusta, lui qui avait décidé de ne pas faire le déplacement en Géorgie l’an passé suite à la révélation de propos injurieux vis-à-vis du régime saoudien.
Resté étrangement muet lors du Dîner des Champions après avoir refusé de participer aux conférences de presse d’avant tournoi, le triple vainqueur du Masters était certainement animé d’un désir de revanche clubs en main.
Au moment de commenter sa prestation le quinquagénaire était, semble-t-il, à nouveau apaisé.
« Jouer comme je l’ai fait et frapper les coups que j’ai frappés, c’est tellement amusant quelque part, a-t-il soufflé au recording. Je suis reconnaissant de faire partie de ce tournoi et d’être ici en compétition et de bien jouer. Cela signifie beaucoup pour moi. Je pense que c’est formidable pour ce tournoi d’avoir tous les meilleurs joueurs du monde. En tant qu’ancien champion, pouvoir encore en faire partie, cela signifie beaucoup. Nous sommes tous reconnaissants de pouvoir jouer et concourir ici. »
Seventh birdie of the day for Jordan Spieth. #themasters pic.twitter.com/mpd3am2p3f
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Encore 20e à -1 au départ de ce 4e tour, Jordan Spieth, vainqueur en 2015, s’offre grâce à un solide 66 (-6) une très belle 4e place – son 6e top 5 en 10 Masters – en compagnie d’un autre joueur du LIV Golf, Patrick Reed, lauréat de la veste verte 2018, et de Russell Henley.
« Quand on est si loin (au leaderboard), il faut que tout se passe bien, analyse le Texan. C’était serré, mais j’aurais dû faire beaucoup mieux lors de ces trois premiers tours. J’ai fait énormément d’erreurs mentales. Être aussi proche maintenant, c’est bien, mais cela me frustre aussi presque plus parce que j’ai fait des erreurs que je ne fais pas normalement ici, et c’était plus des erreurs de décision qu’autre chose. »
Theegala magique
Ce 4e tour dominé par Jon Rahm restera aussi celui du rookie Sahith Theegala, auteur d’une ultime carte de 67 (-5). L’Américain de 24 ans s’est notamment distingué en réussissant un birdie d’anthologie sur le par 3 du 16, rééditant quasiment à l’identique le chip-in historique de Tiger Woods l’année de sa victoire en 2005.
Sahith Theegala chips in for birdie on No. 16 to move into a tie for third place. #themasters pic.twitter.com/bMrbBmYLKt
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En prenant la 9e place finale, il valide d’ores et déjà sa présence pour l’édition 2024 du Masters (comme Russell Henley), les douze premiers et ex aequo étant qualifiés d’office.
« Oh, mon Dieu ce coup, assène-t-il les yeux grands ouverts. Vous auriez dû voir le nombre de personnes qui m’ont dit : « faites-le pour Tiger, faites le chip-in de Tiger… » J’étais dans zone boueuse, une zone occupée par les spectateurs. J’ai hâte de voir ça en replay à la TV car je ne sais pas ce que j’ai fait au juste. Je ne sais même pas l’angle que la balle a pris. Mon but premier était de bien toucher la balle et de me retrouver sur le green… Je pense que mon chip avait un peu plus de vitesse que celui de Tiger… »
C’est aussi ça la magie du Masters !
Le leaderboard
Ils ont manqué le cut
©AFP/Getty