Brooks Koepka a remporté dimanche le PGA Championship pour la 3e fois après 2018 et 2019, soit son 5e Majeur en carrière après ses deux US Open en 2017 et 2018. L’Américain, ex-numéro 1 mondial, est l’une des têtes d’affiche du circuit saoudien LIV Golf. Il a d’abord réagi à chaud, en public, sur le green du 18, puis à froid, longuement, en conférence de presse.
Sur le green du 18 :
Cinq Majeurs, et donc un troisième PGA Championship. Compte tenu de tout ce que vous avez traversé, de la rééducation après vos blessures, de vos doutes, quelle est sa place dans votre palmarès ?
« C’est vraiment trop cool, et je suis heureux d’avoir réussi cela ici, devant tous ces fans de New York. Je vous aime, les gars. C’est sans doute le plus beau de mes Majeurs, et le plus agréable, après tout ce travail acharné. Celui-ci, il est vraiment spécial. »
Quels ont été les grands moments de ce dernier tour et qu’est-ce qui vous a semblé différent par rapport à la dernière fois que vous étiez dans cette position ?
« La dernière fois, c’était à Augusta. Et je viens de comprendre ce qui m’était arrivé à Augusta. En fait, j’ai passé toute la nuit à y penser. Je savais ce que j’avais fait, et je savais aussi que je n’allais plus jamais penser de cette façon. Je me suis senti en contrôle toute la journée. Quand j’ai fait mon birdie sur le 4, le par 5, j’ai été très content de mon putt, de deux mètres environ, et ça m’a donné un bon élan pour la suite. »
En conférence de presse :
Qu’est-ce que ça fait de recevoir son troisième Wannamaker Trophy ?
« Ça fait un bien fou. Oui, celui-ci est vraiment spécial. Je pense que c’est probablement le plus significatif de tous, avec tout ce qui s’est passé, toutes ces choses folles, ces dernières années. Cela fait du bien d’être de retour et de remporter un 5e Majeur. »
Vous êtes le 20e joueur à remporter au moins cinq Majeurs. Vous avez parfois dit que vous ne vous souciez pas de l’histoire, juste de la prochaine victoire. Mais qu’est-ce que ça fait de savoir qu’on rentre dans le club des plus grands joueurs de tous les temps ?
« C’est fou. J’essaie de ne pas y penser en ce moment. C’est juste difficile de réaliser alors que je suis encore en activité. Quand je serai à la retraite, je regarderai en arrière avec Jena et mon fils, j’aurai le temps de réfléchir à tout ça, et ce sera vraiment spécial. »
Le plan, c’était de continuer comme les trois premiers jours : être agressif et faire des birdies.
Vous avez semblé si calme, et tellement en contrôle toute la journée. Vous avez même souri sur le fairway du 12. Quel était votre plan de jeu mental, votre état d’esprit avant ce dernier tour ?
« Le plan, c’était de continuer comme les trois premiers jours : être agressif et faire des birdies. J’ai fait des putts décisifs sur le retour. Alors que l’aller, sur ce parcours, est certainement beaucoup plus difficile, surtout le 6, le 7 et le 9. Et même le 4 est difficile, parce que si on pose sa balle à gauche, la suite n’est pas évidente. »
Comment est-ce que votre deuxième place au Masters a contribué à votre victoire d’aujourd’hui ?
« Je n’aurais certainement pas gagné aujourd’hui s’il n’y avait pas eu ce Masters. Chaque fois que je suis dans le coup pour la victoire dans un gros tournoi, un Majeur, je m’en sers pour la suite. Mais je ne peux pas révéler tous mes secrets. J’ai toujours appris plus de choses les quatre fois où j’ai fini deuxième d’un Majeur, que les cinq fois où j’ai gagné. C’est dans l’échec qu’on apprend le plus de choses. On se rend compte des erreurs que l’on a commises. À chaque fois, il y a un ajustement. C’est plus une question de mentalité que de swing. Je pense que la clé, c’est d’être ouvert et honnête avec soi-même. Si on y arrive, on a une longueur d’avance sur les autres. »
C’est dans l’échec qu’on apprend le plus. À chaque fois, il y a un ajustement. C’est plus une question de mentalité que de swing.
Avez-vous eu des nouvelles de Greg Norman ?
« J’ai appelé ma femme et c’est tout. C’est la seule personne qui m’intéresse vraiment, la seule à qui j’ai vraiment envie de parler. Je lui ai envoyé un texto. Mes garçons sont là, je suis avec eux et je parle à ma femme. Je sens que mon téléphone vibre, alors que je vous parle. La dernière fois que j’ai regardé, je pense qu’il y avait 600 messages. Je vais tous les regarder. »
Bryson DeChambeau a dit que cette victoire ne validait pas le LIV Golf mais que c’était un moment important pour votre circuit…
« Oui, je pense que cela aide LIV Golf, mais je suis plus intéressé par ma propre personne en ce moment, en tant que joueur du PGA Championship, et je suis tout simplement heureux de ramener ce titre à la maison pour la troisième fois. Gagner un Majeur, c’est toujours quelque chose d’énorme, quel que soit le circuit sur lequel on joue. Et si quelqu’un doutait de moi depuis Augusta, à la télévision ou ailleurs, je suis de retour, je suis là. »
Si quelqu’un doutait de moi depuis Augusta, à la télévision ou ailleurs, je suis de retour, je suis là.
Vous commencez la saison des Majeurs par une 2e place au Masters et une victoire ici. Comment allez-vous essayer de conserver cette dynamique dans ce qui pourrait être une année historique ?
« Je vais continuer à faire la même chose. Cela fonctionne bien. J’ai de nouveau une chance de gagner à chaque fois que je joue, donc je suis très satisfait. J’aime la façon dont j’ai travaillé avec tout le monde. Je m’amuse bien, je prends beaucoup de plaisir. »
Nous vous avons vu au fond du trou dans Full Swing, la série de NetFlix, à cause de votre blessure, et j’aimerais savoir à quel point vous doutiez dans ces moments-là…
« C’est difficile, très difficile à expliquer. C’était bien pire que ce que je vous ai dit, que je ne l’ai dit à tout le monde. Il n’y a que cinq ou six personnes qui connaissent vraiment l’ampleur de la situation. Quand il faisait froid, c’était douloureux. C’était encore enflé il y a deux mois. Cela a duré presque deux ans, non ? C’était un long chemin. Je suis ouvert et honnête. Je sais que j’ai l’air d’un grand méchant loup sur le parcours, d’un dur à cuire qui ne sourit pas, mais si je vous parle en dehors du parcours, je vous dirai tout. Je suis content que les gens aient pu voir ce côté-là de moi. Certaines personnes ont pu le détester, d’autres l’aimer, mais c’était vraiment moi. »
C’est très difficile à expliquer. C’était bien pire que ce que je vous ai dit.
Vous avez semblé un peu ému entre le green du 18 et la tente du recording. Vous étiez en train de réaliser ce que vous aviez accompli ?
« Oui, je pense que c’est vraiment par rapport à ce que j’ai accompli. Pardonnez mon langage, mais c’est toute cette putain de merde que j’ai dû traverser. Personne ne sait, toute cette douleur. Il y a eu beaucoup de moments où je ne pouvais même pas plier mon genou. »
Avez-vous envisagé de prendre votre retraite ?
« Je ne sais pas si j’ai envisagé de prendre ma retraite, mais l’idée m’a certainement traversé l’esprit, dans le cas où je n’aurais pas pu rejouer comme je le voulais. »
Photo : Michael Reaves / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP