Le sénateur américain Richard Blumenthal a demandé lundi au PGA Tour et au LIV Golf, le circuit alternatif créé par le Fonds d’investissement public (PIF) saoudien, de lui communiquer tous les détails de leur projet de fusion, annoncé mardi dernier. Il a notamment invoqué son inquiétude par rapport au rôle du gouvernement saoudien dans cette opération et les risques d’un contrôle du sport par un gouvernement étranger.
Richard Blumenthal est le président démocrate de la Sous-commission d’enquête permanente du Sénat américain (PSI). Il a écrit très officiellement lundi au commissaire général du PGA Tour, Jay Monahan, pour lui demander comment son association à but non lucratif était arrivée à un accord avec le LIV Golf, un organisme professionnel. Un accord de fusion annoncé mardi dernier et qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, notamment dans les médias américains.
Le Sénateur Blumenthal a aussi demandé au patron du PGA Tour comment la nouvelle entité serait structurée et gérée, et comment le PGA Tour entendait préserver son statut fiscal privilégié. Selon un autre média américain, une lettre, similaire, avec demande d’explications précises, aurait été envoyée par le Sénateur à Greg Norman, l’ancien champion australien reconverti en grand manitou du LIV Golf
Jay Monahan demande l’aide du Congrès américain
Un porte-parole du PGA Tour a aussitôt réagi, se disant « convaincu que lorsque le Congrès en saura plus sur la manière dont le PGA Tour contrôlera cette nouvelle entreprise, il comprendra les opportunités que cela créera pour nos joueurs, nos communautés et notre sport. »
Dans une lettre datée du 9 juin et citée par l’agence de presse Reuters, Jay Monahan a indiqué aux sénateurs que le PGA Tour avait déjà rencontré les législateurs au sujet de la « tentative du PIF de prendre le contrôle du golf aux États-Unis, et a suggéré des moyens par lesquels le Congrès pourrait nous soutenir. »
Le PIF a accepté de travailler au sein de l’écosystème existant en tant qu’investisseur minoritaire, le PGA Tour exerçant un contrôle total
Jay Monahan
Selon cette lettre, citée aussi par Politico, le site de référence américain basé à Washington, Jay Monahan a aussi écrit qu’il était « reconnaissant pour les déclarations écrites de soutien de la part de certains membres (du Congrès américain) » mais qu’il regrettait que le PGA Tour ait été « laissé largement seul pour repousser les attaques ». Il a précisé que « le PIF a accepté de travailler au sein de l’écosystème existant en tant qu’investisseur minoritaire, le PGA Tour exerçant un contrôle total. »
Accès inapproprié au marché immobilier américain ?
La semaine dernière, le sénateur Ron Wyden, président de la Commission des finances du Sénat, avait déjà annoncé que les autorités américaines devraient déterminer si cet accord donnerait aux Saoudiens « un contrôle ou un accès inapproprié au marché immobilier américain. »
Enfin, selon le Wall Street Journal samedi, Jay Monahan a expliqué jeudi dernier à ses employés qu’il ne pouvait pas se permettre de continuer à dépenser des millions de dollars dans son combat juridique contre le PIF tout en augmentant le montant des bourses, sur certains tournois, pour éviter que d’autres joueurs partent sur le LIV Golf.
Déjà 50 millions de dollars de frais de justice
« Nous ne pouvons pas rivaliser avec un gouvernement étranger qui dispose d’un budget illimité », aurait déclaré Jay Monahan aux salariés du PGA Tour. « C’était le bon moment. Nous avons attendu d’être dans la position la plus forte possible pour mettre en place cet accord. »
Monahan aurait aussi dit à ses employés que le PGA Tour avait déjà dépensé 50 millions de dollars en frais de justice et puisé dans ses réserves à hauteur de 100 millions de dollars pour payer des primes et surtout les bourses des « tournois désignés », une initiative d’abord très bien accueillie par les joueurs restés fidèles au circuit américain.
Photo : Harry How/Getty Images/AFP