Pour la première fois de son histoire, le Los Angeles Country Club accueille cette semaine un US Open. Tous les plus grands golfeurs sont au départ, à l’exception de Tiger Woods et Will Zalatoris, blessés. Les Français Victor Perez, Matthieu Pavon, Romain Langasque, Paul Barjon et l’amateur Bastien Amat tenteront un exploit majuscule.
Lionel VELLA
L’anomalie est enfin corrigée. Plus grande ville de Californie, deuxième des Etats-Unis en termes de population derrière New York, Los Angeles n’avait plus accueilli le moindre US Open depuis 75 ans. Plus exactement depuis la victoire du légendaire Ben Hogan en 1948 sur le Riviera Country Club, à Pacific Palisades.
Pour cette 123e édition du plus vieux tournoi du Grand Chelem après The Open, l’USGA (United States Golf Association) a décidé d’adouber le Los Angeles Country Club. Jamais ce site niché dans le quartier chic de Beverly Hills n’avait eu cet honneur. Tout juste s’était-il contenté d’organiser un US Junior Amateur (en 1954) et plus récemment une Walker Cup en 2017 remportée sans l’ombre d’une contestation par les Américains, 19 à 7 !
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— U.S. Open (USGA) (@usopengolf) June 14, 2023
C’est d’ailleurs la septième fois en 50 ans que cette même USGA choisit un tout nouveau parcours dans sa rotation après ceux de l’Atlanta Athletic Club (1976), Pinehurst (1999), Bethpage (2002), Torrey Pines (2008), Chambers Bay (2015) et Erin Hills (2017). Sorti de terre en 1897, d’abord avec un neuf trous, agrandi et rouvert en 1911, le site a vraiment pris son « envol » en 1928 avec l’ouverture du North Course sous la houlette de George C. Thomas Jr.
Relooké en 2010 par Gil Hanse associé à Jim Wagner et Geoff Shackelford, ce par 70 de 6 785 mètres possède quelques « curiosités » comme ces Barrancas, sorte de petits vallons plus ou moins encaissés, et certains pars 3 qui vont faire parler dans les chaumières entre jeudi et dimanche. Citons celui du 11 par exemple, une folie de 290 yards (265 mètres) ou encore le 15, à peine 113 mètres de long, ressemblant un peu au Postage Stamp du Royal Troon mais encore bien plus défendu que son homologue écossais. C’est peu dire…
Barranca (noun)
1. A steep-walled ravine or gorge
2. Not a spot you want to hit your golf ballHere are the rules that apply if a player ends up in a barranca this week at LACC. pic.twitter.com/xueIpn6EGn
— USGA (@USGA) June 13, 2023
Comme nous l’a signalé Romain Langasque, l’un des cinq français engagés, la clé du succès demeurera avant tout les greens, ondulés mais surtout très fermes et terriblement rapides. Mais est-ce vraiment surprenant, l’USGA ayant depuis longtemps assurée sa réputation sur ce genre de détail (avec les roughs très épais bien sûr et les fairways souvent étroits).
Le spectacle s’annonce donc une fois encore passionnant. Un peu plus encore depuis ce 6 juin 2023, une sorte de Jour-J revisité du golf moderne, avec cet accord sismique entre le PGA Tour, le DP World Tour et le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite. On a quasiment parlé que de ça en conférence de presse depuis lundi et cela n’est pas près de s’arrêter.
US Open Week! 🇺🇸🏆 pic.twitter.com/HJcabtPkay
— Matt Fitzpatrick (@MattFitz94) June 13, 2023
On va de ce fait suivre encore de plus près les « exploits » des 15 membres du LIV Golf présents cette semaine à L.A., d’autant que l’un d’entre eux vient de remporter pour la troisième fois de sa carrière le PGA Championship. Brooks Koepka, c’est évidemment de lui que l’on parle, est aussi très à l’aise dans un US Open. Il l’a gagné deux fois de suite, à Erin Hills en 2017, puis à Shinnecock Hills en 2018. Le Floridien détient d’ailleurs avec Rory McIlroy le score le plus bas réalisé sur quatre tours. Un monumental -16 signé justement à Erin Hills (au Congressional en 2011 pour le Nord-Irlandais).
Si Tiger Woods, toujours convalescent après son opération à la cheville juste après son naufrage physique au Masters, et le n°11 mondial, Will Zalatoris (en phase de reprise), sont absents, tous les autres cadors sont bien là. De Scottie Scheffler, l’actuel n°1, deuxième ex aequo à Oak Hill il y a un mois, à Jon Rahm, vainqueur à Augusta début avril, en passant par Rory McIlroy, qui n’en finit plus d’échouer en Majeur depuis presque dix ans, et une bonne demi-douzaine d’outsiders en puissance tels Patrick Cantlay, Viktor Hovland, Xander Schauffele, Collin Morikawa et Max Homa, la lutte s’annonce forcément farouche.
Tenant du titre, l’Anglais Matthew Fitzpatrick tentera de se joindre à la bagarre, lui qui s’est imposé le 16 avril au RBC Heritage sur le PGA Tour…
Bastien Amat, le cinquième élément
Reste à savoir comment nos cinq Français vont se comporter dans cet environnement XXL. C’est la première fois qu’un US Open regorge autant de nos compatriotes. Le précédent record remontait à septembre 2020, en pleine pandémie, du côté de Winged Foot (New York). Seul Romain Langasque avait passé le cut (contrairement à Paul Barjon, Mike Lorenzo-Vera et Victor Perez). Perez et Barjon sont de nouveau là. Ils essaieront de valider cette fois leur ticket pour le week-end après respectivement trois et deux échecs.
Matthieu Pavon cherchera, lui, à améliorer sa performance personnelle, une 25e place à Shinnecock Hills en 2018. Quant à l’amateur Bastien Amat, 21 ans, étudiant à l’université du Nouveau Mexique (comme Victor Perez il y a quelques années), encore première réserve le samedi 10 juin avant d’entrer finalement dans le champ 24 heures plus tard, la mission sera d’abord de prendre du plaisir. Beaucoup de plaisir !
Photo : James Gilbert/USGA