A 29 ans, le golfeur du Colorado, passé pro en 2017, s’offre une seconde victoire en un mois et demi. Certainement la plus belle. En conférence de presse, Wyndham Clark a souvent fait allusion à sa mère, décédée il y a dix ans d’un cancer. Emotions !
Qu’est-ce qui vous passe par la tête, là, maintenant ?
C’est ma deuxième victoire sur le PGA Tour (sic). La première était surréaliste et celle-ci l’est tout autant. Je n’ai pas encore totalement réalisé. Remonter le 18 a été tellement émouvant pour moi. Je suis dans un tourbillon depuis ces cinq, six dernières semaines. Etre ici, c’est une telle bénédiction !
Dans quel état d’esprit étiez-vous dans ce dernier tour ?
J’ai très bien commencé, je me sentais vraiment bien et plutôt confiant dans mon jeu. Malheureusement, ça ne s’est pas bien passé sur le deuxième trou (bogey) mais j’ai très vite rebondi en faisant un birdie au 4. J’ai été un peu malchanceux au 8 (bogey), mais j’ai su garder mes émotions pour moi. Sur la fin, j’ai réussi de superbes coups, et même si j’ai fait quelques bogeys qui pouvaient laisser croire que j’étais en train de dérailler, j’ai gardé tout mon calme. Non, vraiment, je suis content de la façon dont j’ai joué.
J’ai beaucoup appris. Gagner le Wells Fargo a été énorme pour moi. Pas mal de gens me disaient à l’oreille que des choses encore plus grandes pouvaient arriver.
On sait que ce n’est jamais simple d’affronter les neuf derniers trous un dimanche d’US Open. A quel point cela a-t-il été difficile pour vous ?
Ce n’est pas facile, c’est vrai. C’est là que le mental prend le dessus, que votre esprit commence à s’emballer. Vous vous dites : « Eh, mec, je devrais être à -12 ou -13 , je devrais avoir une avance de deux ou trois coups. » Je suis tout près de l’eagle mais je fais birdie au 14. Pour moi, c’est comme si j’avais une avance de trois coups. Et au lieu de ça, je fais quelques bogeys (Ndlr, aux trous 15 et 16). Donc c’est à ce moment-là que le mental entre en action. Dès que vous prenez de l’avance ou du retard, vous avez l’impression de faire des erreurs, surtout à ce niveau. Mais j’ai l’impression que si vous restez vous-même, vous pouvez réussir les coups dont vous avez besoin. Heureusement, j’étais avec Rickie et son caddie. Ils sont tellement classe, ce sont des gars formidables…
Lors de votre victoire au Wells Fargo (le 7 mai), vous aviez déclaré être très agacé de ne pas pouvoir jusque-là concrétiser votre avance. Ce n’est plus franchement le cas désormais avec deux victoires en quelques semaines…
J’ai beaucoup appris. Gagner le Wells Fargo a été énorme pour moi. Pas mal de gens me disaient à l’oreille que des choses encore plus grandes pouvaient arriver. Vous apprenez beaucoup dans la défaite. Après le Wells, je me suis dit : « Maintenant, tu sais ! » Honnêtement, j’aurais dû gagner le Memorial Tournament (Ndlr, il a terminé 12e). Viktor (Hovland) a très bien joué. J’ai eu ma chance mais ça ne s’est pas goupillé comme je le voulais sur la fin. Je me suis dit : « Et si quelque chose de plus grand m’attendait ? » Evidemment, je ne savais que ça allait être un US Open. Mais je savais au fond de moi que quelque chose de plus fort encore allait arriver. Et c’est ce qui s’est passé.
Elle m’appelait « mon vainqueur » quand j’étais petit. Elle me disait : « je t’aime, mon vainqueur ». J’étais le fils à sa maman.
Au recording, Rickie (Fowler) vous a dit que votre mère serait fière de vous. On peut en parler ?
Oui… Je sais que ma mère est fière de moi. Elle a toujours été fière de moi, peu importe comment j’allais ou ce que je faisais. J’aurais tellement voulu qu’elle puisse être ici avec moi et que nous puissions en profiter. Cette semaine a été assez incroyable parce que ma mère a vécu à Los Angeles pendant quelques années. Des gens sont venus me voir, ils m’ont montré des photos d’elle quand ils l’ont connue alors qu’elle avait entre vingt et trente ans et qu’elle vivait ici. Mes parents se sont mariés au Riviera Country Club (Ndlr, à Pacific Palisades). Mes racines sont donc un peu ici aussi. J’aurais tellement souhaité que ma mère soit là avec moi, de pouvoir la serrer dans mes bras et que l’on puisse célébrer ça ensemble. Mais je sais qu’elle est fière de moi.
Que pensez-vous que votre mère dirait si elle était là, avec vous maintenant ?
Elle était si positive et si motivante dans ce qu’elle faisait. Je pense qu’elle pleurerait des larmes de joie. Elle m’appelait « mon vainqueur » quand j’étais petit. Elle me disait : « Je t’aime, mon vainqueur ». J’étais le fils à sa maman. Donc, il y aurait beaucoup de câlins et de pleurs aussi. Mais je sais qu’elle serait fière de moi. Elle me manque, et c’est évidemment génial de penser à elle. Etre ici à Los Angeles et gagner un tel tournoi me fait penser à elle encore un peu plus que d’habitude.
Il y a beaucoup de gens qui ne vous connaissaient pas avant cet US Open. Maintenant que vous êtes un vainqueur de Majeur, qu’est-ce que vous espérez que ces mêmes gens disent de vous ?
Même quand les gens ne savaient pas qui j’étais il y a deux ou trois ans, j’ai toujours eu l’impression que je pouvais rivaliser avec les meilleurs joueurs du monde. Et je pense l’avoir démontré cette année. Cela fait longtemps que je suis dans la bonne direction. J’ai fait beaucoup de cuts, j’ai plusieurs top 10 et de top 20 à mon actif. J’ai l’impression d’avoir suivi la bonne trajectoire pour arriver à mes fins. Alors, oui, c’est peut-être allé un peu plus vite que je ne le pensais mais j’ai la sensation aujourd’hui d’être l’un des meilleurs joueurs du monde. Et dans le même temps, je pense être un gars assez humble, calme… Je fais les choses raisonnablement. Mais je suis aussi un compétiteur. J’aime ça. Je veux battre tout le monde mais être aussi ami avec tout le monde. J’essaie de concilier les deux (rires).
Photo : Chris Keane/USGA