En Dordogne où il s’est réfugié il y a quelques années après une carrière professionnelle marquée notamment par une victoire à l’Omnium de France et par de nombreuses années d’enseignement notamment à Ozoir et à Morfontaine, Philippe Palli, un des meilleurs connaisseurs de l’Histoire du golf français, rend un hommage, cet été, au golf féminin, riche en documents et en objets de tous ordres, à travers une exposition qui mérite un détour sur vos routes de vacances. Vous trouverez à la fin de l’article toutes les coordonnées pour organiser votre visite.
Nous avons rencontré notre ami chroniqueur et Golf Planète vous livre cette conversation
Il ne faut jamais oublier l’importance du « modèle »
Golf Planète : Pourquoi avoir organisé une exposition consacré au golf féminin français ?
Philippe Palli : C’est la deuxième expo organisée par notre Association Sorb’Act. L’an dernier, c’était une exposition sur l’’histoire du Golf Français « De sa préhistoire à 1939 ». Prévue en août sur 3 jours, la première expo consacrée au Golf Français, aura duré jusqu’à la mi-octobre !
Cette année, et toujours à partir de mes archives personnelles, c’est l’Histoire du golf féminin français durant la période 1908 /1988 qui est présentée.
Pourquoi ? Simplement parce qu’il n’y en a jamais eu et qu’à mon avis, nos championnes méritent la priorité par rapport à une exposition sur le golf masculin français qui sera peut-être le thème de ma prochaine exposition.
L’an dernier, à ma grande surprise, un certain nombre de visiteurs, qui se disent « golfeurs », n’avaient jamais entendu parler d’Arnaud Massy ou de Simone Thion de la Chaume ! Quant à nos autres championnes et champions des années de la 1ère moitié du 20ème siècle, tous étaient inconnus de la très grande majorité des visiteurs.
Il est évident que la plupart des licenciés FFG ne connaissent pas l’histoire du golf français. Certains ont un recul de 20 à 30 ans mais très peu connaissent les grands noms du golf français depuis ces débuts.
Cela est très dommage et surtout pour les jeunes. Honorer la mémoire de celles et de ceux qui ont fait le Golf Français, me semble indispensable et comme l’a dit Catherine Lacoste en juin 1976, pour le magazine Golf Européen : « Il ne faut jamais oublier l’importance du « modèle » … ». Pour elle, ce fut sa mère Simone Thion de la Chaume.
Simone Thion de la Chaume, la première à battre les Britanniques sur leur terre
GP : Quelles sont les modèles qui vous viennent à l’esprit dès qu’on parle de golf féminin ?
PP : Des modèles français avec de très belles performances, il y en a eu et il y en a encore ! Voilà pourquoi il est indispensable de faire connaître l’histoire nationale de notre sport.
Côté féminin, tout commence avec Pauline de Bellet, notre 1ère championne nationale et internationale de France. Elle a été la première de nos joueuses, capable de rivaliser avec les Britanniques qui a cette époque-là, étaient les meilleures golfeuses du monde.
Puis Jeannine Gaveau et surtout Simone Thion de la Chaume qui a porté au plus haut les couleurs nationales, en étant la 1ère golfeuse au monde à battre les Britanniques sur leur terre.
En 1929, Pauline de Bellet est avec Barbara Vagliano, à l’origine du Comité des Dames de la FFGolf. Chacune va offrir sa coupe certes, mais ensemble, elles vont faire du golf féminin Français, un vrai sport.
L’histoire du golf féminin français a continué et elle continue toujours.
GP : Que trouve-t-on dans cette exposition dont la richesse étonne ?
PP : d’abord, laissez-moi préciser à vos lecteurs que ce lieu d’exposition est complétement atypique. Là où jadis se trouvaient bovins et réserve de foin, se trouve aujourd’hui tapissant les murs de l’ancienne grange, la grande et belle Histoire du Golf Féminin Français de 1908 à 1988.
On y trouve des articles de presse d’origine, des photos, des publicités, des dessins, des cartes postales, des affiches, le palmarès nos principaux championnats féminin etc.
Sur le comptoir de l’accueil et du bar associatif, deux chroniques présentent Barbara Vagliano et Pauline de Bellet aux visiteurs. D’autres chroniques sont également à disposition dans un classeur.
Font également partie du décor : divers objets, balles, coupes de championnats des années 40, une coupe de la rencontre internationale France/Belgique 1935 accompagnée du compte rendu paru dans la revue « Le Golf » et celles des différents titres Juniors et Dames remportés par ma sœur Anne-Marie entre 1970 et 1977, dont le Championnat du Monde Junior en 1972.
« Le snobisme, voilà ce qui à la fois propage et abîme le golf «
GP : Vous mettez aussi en valeur une canne, un livre et des dessins…
PP : Effectivement. On trouve ainsi la célèbre canne-siège, utile à beaucoup de golfeurs et notamment les joueuses. Ce fût de tout temps, l’amie fidèle de Madame Simone Lacoste lorsqu’elle suivait les championnats en tant que spectatrice. J’en ai le souvenir à Chantaco lors des compétitions des Jeunes.
Par ailleurs, le livre d’Elisabeth de Gramont « 1er livre sur le golf écrit par une française ». Livre que j’ai adoré. Et surtout une de ses phrases qui à mon sens est toujours d’actualités : » Le snobisme, voilà ce qui à la fois propage et abîme le golf « .
Enfin, parmi mes dessins exposés, certains sont de Charles Prétavoine, l’illustrateur de la revue des années 20/30, » Le Golf « .
Sachez aussi que divers clubs dont une bonne dizaine en hickory sont présents ainsi que l’objet indispensable de tous Pro-Enseignants durant ces années, la pince !
Le palmarès jusqu’en 1988 de nos principaux championnats féminin qu’ils soient nationaux, internationaux, par équipes, de Juniors à Séniors complètent l’Exposition ainsi que quelques résultats du Critérium et de l’Espérance « Championnats de France individuel 2ème et 3ème série » aujourd’hui disparus.
GP : Au niveau des résultats sportifs, quelles sont les victoires à retenir ?
PP : Cette exposition est assez complète et rappelle les grandes victoires internationales acquises par nos joueuses. De Pauline de Bellet, la 1ère Internationale de France en 1913 à Marie Laure de Lorenzi qui, en 1988, a terminé à la place de N° 1 du circuit pro européen.
En passant par les autres plus grandes victoires françaises, celles d’Anne Marie Palli dont le Samaritan Turquoise Classic en 1983 tournoi de la LPGA, les 3 titres de Brigitte Varangot au British Ladies (1963, 1965 et 1968). Ceux de Catherine Lacoste dont le US Open en 1967 et de sa mère Simone Thion de la Chaume.
Mère et fille ont remporté le British Ladies ! C’est un fait unique dans l’histoire de ce prestigieux Championnat qui date de 1893.
1ère française à remporter le British Girls 1924, Simone Thion de la Chaume avait été surnommée la Suzanne Lenglen du Golf.
Jusqu’aux victoires de Simone, seules des Britanniques avaient remporté le British Girls et le British Ladies. Cet exploit historique lui aura valu de faire son entrée en 1928, au Musée Grévin.
Cerise sur le gâteau, une autre française Manette Le Blan le remporte en 1928 et enfin, Lally de St Sauveur le remporte en 1950. Après 1988, d’autres françaises vont remporter le British Ladies qui est maintenant The Women’s Amateur Championship.
C’est aussi en France qu’est né le Golf Pro Féminin !
En 1928, Geneviève Le Derff est la 1ère golfeuse au Monde à être Pro et à être membre d’une Association de Professionnels de Golf (PGA France).
Le Golf de Fourqueux (l’ancien) est de fait, le 1er Club « au Monde » à avoir engagé une femme pour enseigner à ses membres.
Geneviève Le Derff est aussi la 1ère joueuse « au Monde » à disputer avec ses homologues masculins un Open International.
C’était l’Open de France 1929. En 1938, des départs hommes, elle y obtient son meilleur résultat. 46ème à l’Open de France avec une moyenne de scores de 79.5. C’est la 1ère pro « au Monde » à être classée dans un Open International. Depuis, aucune autre joueuse n’a disputé la Coupe Edward George Stoïber.
Ce qui est incroyable, c’est qu’en 1987, le New-Golf de Fourqueux, a été le théâtre du 1er Open de France Féminin.
Des Coupes et des Trophées qui ont malheureusement disparu
GP : Sans oublier tous les partenaires et soutiens qui ont aidé le golf féminin en France…
PP : Tout à fait exact : cette exposition veut aussi rendre hommage à tous ceux qui ont œuvré pour le golf féminin français depuis le début, à savoir, les donateurs des Coupes-Challenge.
Cela commence par l’éditeur Pierre Lafitte (1872-1938). Le créateur de la Coupe Femina. Trophée qui va doter le Championnat de France Dames Stroke-Play entre 1908 et 1922 puis la Coupe de France à partir de 1923. Depuis 2021, elle n’est plus disputée. Dommage.
Allez, hop au placard ! C’était quand même la plus ancienne épreuve nationale de nos .joueuses.
Cette suppression s’ajoute à une autre : celle du Trophée Stoneham ! Il dotait l’International de France Match-Play depuis 1909.
La dernière joueuse à avoir soulevé ce trophée, était la française Béatrice Soubiron en 2001.
De très grands noms du golf mondial ont remporté ce trophée. Les Britanniques Cecil Leitch, Molly Gourlay (1ère femme architecte en Grande-Bretagne, elle a été l’assistante de Tom Simpson) mais aussi Jessie Anderson-Valentine, Jean Donald etc. Parmi les américaines, l’immense Glenna Collett-Vare …qui fait partie du World Hall of Fame….On y trouve aussi les françaises qui ont porté haut et même très haut les couleurs de la France outre-Manche et outre-Atlantique.
Pour moi, c’est incompréhensible d’avoir supprimé les deux plus anciens trophées du Golf Féminin Français.
Et ce ne sont pas les seuls. Le trophée Arnaud Massy, créé en 1932 en mémoire de sa victoire au British Open 1907, a également fait pschitt. C’est ahurissant ! C’est un manque de respect.
Le Trophée Gordon Bennett qui datait de 1904 et qui dotait l’International de France Messieurs, a finalement fait son retour cette année après avoir été absent entre 2010 et 2022.
Pour l’histoire de notre sport, j’espère que la FFGolf fera de même avec nos plus anciens trophées féminins et celui de notre Biarrot International, Arnaud Massy, locomotive incontestée du Golf Français et du Golf d’Europe Continentale et pour l’instant notre unique joueur Pro vainqueur de Majeur.
Le Golf Français a tout de même une histoire à préserver et à faire connaître à un maximum de nos licenciés FFG.
Parmi les autres donateurs, notre 1er président de la FFGolf Pierre Deschamps (1856-1923), Edward Esmond, René Thion de la Chaume, Armand Bénédic pour la Golfers Cup, Georges Durand pour la Coupe St Germain etc. une belle liste de donateurs.
Depuis 110 ans, les championnes françaises se succèdent. La liste est longue et tant mieux !
GP : Pourquoi l’exposition s’arrête en 1988 ?
PP : Cette exposition s’arrête à 1988 pour un raison simple : cette année-là, « le meilleur représentant du golf tricolore » s’appelle Marie-Laure de Lorenzi. Avec 7 tournois gagnés sur le Ladies European Tour et un double mixte, la Biarrote termine N°1 en Europe.
Or alors que le nombre de licenciés augmente dans l’hexagone, le pourcentage des golfeuses a tendance à diminuer.
En tout cas, ce n’est pas par manque de locomotives féminines. Les meilleurs ambassadeurs du golf français sont à la grande majorité, des ambassadrices. En ce moment présent, c’est Céline Boutier.
Qui suis-je ? par Philippe Palli
Enfant de la balle, je fais partie d’une famille de golfeurs originaire de la Côte basque, berceau des premiers grands professionnels nationaux et internationaux du golf français.
Après une carrière de joueur professionnel couronnée d’un titre de Champion de France Omnium 1988, (Amateurs et Professionnels confondus), je me consacre à l’enseignement. Après la Nivelle, Lannemezan, Epherra, Ozoir-la-Ferrière et le mythique Club de Morfontaine où, ma passion pour l’Histoire du Golf Français se révèle, je m’installe en Dordogne dans un ancien corps de ferme que je transforme progressivement.
Gîtes et petit parcours de 9 trous voient le jour. De type pitch & putt, je l’ai conçu au plus simple afin de permettre une découverte immédiate du Jeu sans niveau requis et d’y jouer avec le seul but de s’amuser en famille ou entre amis.
Parmi les projets à venir, un Musée consacré au Golf français. Pour l’instant, je n’en dis pas plus excepté que j’ai le soutien fédéral et celui de la Ligue Nouvelle-Aquitaine.
Présentation du Golf du Sorbier
Situé en plein cœur de la Dordogne, le Golf Originel du Sorbier www.golfodusorbier.com se situe à quelques kilomètres de la grotte ornée de Rouffignac et du château de L’Herm. Bien que de conception complètement rustique, le parcours, adapté et conçu pour l’amusement et la découverte directe du Jeu, est plutôt bien entretenu et par mesure de sécurité, le jeu se fait avec une balle semi-rigide.
Pour moi, la découverte du Golf doit d’abord passer par le Jeu avant de découvrir la technique. Il faut se souvenir que les Règles de St Andrews c’est 1754 ! Qu’à l’époque, les parcours n’étaient pas aussi sophistiqués ni aussi longs et, ça devait jouer pas terrible ! Quand on aime réellement le Jeu de Golf, on s’adapte ! Et on laisse son ego au parking.
Un golf de type originel, c’est aussi la structure la moins couteuse à la réalisation ainsi qu’à l’entretien. Et avec l’avenir qui s’annonce, il est fort possible que les parcours d’antan deviennent les parcours du futur.
Deux associations bien distinctes existent au golf du sorbier : la première « Sorb’Act » a pour vocation de lier l’art, la culture, et le golf. C’est l’organisatrice de l’Exposition et j’en suis le président.
La seconde « O’Sorb », est sportive. Créée en septembre 2022, une école de golf à destination des jeunes et des adultes a été mise en place. L’association a été affiliée à l’UFOLEP… Pourquoi l’UFOLEP ? Pour une raison très simple, l’association Multisports Dordogne a répondu de suite présent à mon invitation de présentation de la structure Golf du Sorbier alors que j’attends depuis mars 2022, la venue de la responsable du Comité Départemental de Golf de Dordogne. Pourtant, il s’agit d’une structure idéale pour les scolaires, les initiations, les découvertes etc….
Infos & Contact
Expo gratuite et ouverte à tous (10h – 18h). Préférable de joindre Philippe à l’avance par téléphone ou sms au 06 86 83 53 75.
Golf du Sorbier, 336 Route du Puridier
24580 Rouffignac – St Cernin de Reilhac