Pour son premier The Open en 2021, le Racingman avait franchi le cut et terminé 59e. Cette année, pour son retour en Majeur, il entend placer le curseur bien plus haut. Sans se fixer pour autant d’objectif précis.
Propos recueillis par Lionel VELLA à Hoylake
C’est aux abords du putting green, sous la pluie, qu’Antoine Rozner nous a donné rendez-vous. Armé d’un parapluie XXL, le Racingman a répondu à nos questions. Dans la bonne humeur. Interview.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques heures d’un 151e The Open ?
Je suis très content d’être ici. Les Majeurs, c’est toujours hyper particulier. C’était l’un de mes objectifs cette saison d’en jouer au moins un. Cela faisait deux ans que ce n’était plus le cas. Ce sont des ambiances particulières, complètement différentes. Dès le lundi, il y a 10 000 personnes pour suivre les parties d’entraînement… C’est donc unique dans notre sport. Et puis je profite beaucoup avec mes entraîneurs et mes proches, qui sont là avec moi.
Que pouvez-vous nous dire sur ce parcours du Royal Liverpool Golf Club ?
Il faut être beaucoup plus précis que sur les autres links que j’ai pu jouer… Il y a des mises en jeu où il faut être vraiment très précis. Les roughs sont assez pénalisants malgré tout. Je dirais que c’est assez irrégulier. Il y a des endroits où il est plus léger qu’ailleurs. Il faudra un peu plus de réussite à ce niveau. Evidemment, il faudra éviter les bunkers car c’est un point de pénalité quasi assuré. Les greens sont bons. Ils sont assez plats. Donc, je pense que si on arrive à se mettre en position, pas en se mettant forcément trop proche, il y a moyen de rentrer des putts.
J’ai envie de bien performer dans des gros tournois. J’en joue très peu dans l’année, malheureusement.
Peut-on évoquer avec vous ce fameux par 3 du 17 qui fait clairement polémique ?
Je l’ai joué hier (lundi). C’est particulier en effet. Il y a une zone toute petite pour poser la balle. La pénalité quand on loupe cette zone est énorme. On prend un dévers de plus de vingt mètres vers la droite. Si on est court, c’est pareil, on revient dans un bunker vingt mètres en bas. A gauche, ça va à peu près mais le chip n’est pas évident. Et si t’es long, c’est pareil. Il y a donc cette petite zone de dix mètres carrés, avec un coup de 130 mètres à réaliser avec du vent droite-gauche toute la semaine. Il faudra jouer un petit fer 8… Non, ça va être du sport !
Est-ce la semaine la plus importante de votre saison ?
Non, je vois plus ça comme une semaine bonus. Je fais une bonne saison, tout se passe plutôt bien dans mon année. J’ai envie de bien performer dans des gros tournois. J’en joue très peu dans l’année, malheureusement. On a quatre Rolex Series dans l’année (et un cinquième pour la finale). Des très gros tournois de ce calibre, je n’en ai pas beaucoup. Je ne me mets pas plus de pression que ça, en prenant cette semaine comme une autre. Même si c’est particulier. Il y a forcément cette envie de bien jouer mais sans pression supplémentaire.
Le meilleur à la fin de la semaine sera celui qui aura su garder la tête froide le plus longtemps possible.
On se fixe malgré tout un objectif ?
Non, je ne me suis pas fixé d’objectif particulier. Je n’y ai pas vraiment pensé. J’ai beaucoup d’envie, ça c’est sûr, j’ai envie de faire un résultat. Cela peut être n’importe quoi. Cela peut être la victoire, cela peut être un top 10. Si je suis dans une moins bonne semaine, ça peut être de faire le cut.
Affronter des links, cela vous plait ?
Oui, j’aime bien. Il faut être rigoureux, hyper stratégique avec ses cibles. Ne pas rater du mauvais côté. Souvent, on se rend compte qu’on est mieux à trente mètres de la cible qu’à cinq mètres mais en bas d’une pente. Il faut maitriser les trajectoires, les hauteurs de balle… Il faut savoir tout faire. Il faut s’attendre à ce que cela soit dur. Il faut s’attendre à avoir un mauvais rebond et voir sa balle finir dans un bunker. Il faut s’attendre à avoir un mauvais lie dans un rough. Il faut être prêt à tout. Il faudra tout accepter. Le meilleur à la fin de la semaine sera celui qui aura su garder la tête froide le plus longtemps possible.
C’est du lourd ce qu’il fait. Pour moi, il y a Tiger Woods, Phil Mickelson et Rory. Il est du même niveau que ces deux-là.
Savez-vous que c’est un peu un petit coin de France ici ?
Ah bon ? Pourquoi ?
Arnaud Massy a gagné ici l’Open britannique en 1907…
Je savais qu’il avait gagné le British mais je ne savais pas que c’était ici. Arnaud, envoie-nous tes bonnes ondes (rires).
Est-ce motivant de savoir qu’il n’y a qu’un seul français à avoir remporté un Majeur de golf ?
Je pense que c’était un sport totalement différent de celui que nous pratiquons aujourd’hui. Il n’y a pas trop d’analogie à faire. Cela fait plaisir de savoir qu’un Français a bien joué ici. Mais c’était un sport et un métier différent à cette époque.
Comment analysez-vous la trajectoire d’un Rory McIlroy qui n’a plus gagné le moindre tournoi Majeur depuis presque dix ans ?
Franchement, même s’il n’arrive pas à gagner en Majeur, il est hors-norme ce joueur ! Il ne gagne pas mais il ne fait que des tops 5. Cela veut dire qu’il a un jeu exceptionnel. C’est d’une régularité monstrueuse. Gagner, pas gagner, cela ne dépend pas toujours que de lui. Quand on voit Robert MacIntyre la semaine passée qui avait une main et quatre doigts sur le trophée… Malheureusement pour lui, Rory est arrivé. Je pense qu’il n’a pas grand-chose à changer. Il est monstrueux. C’est tellement stratosphérique ce qu’il produit qu’il n’y a pas de raison que ça ne paye pas cette semaine… On est obligé d’être fan de Rory. Il a une image, un charisme énorme. Il frappe la balle comme très peu de joueurs sur le circuit. C’est du lourd ce qu’il fait. Pour moi, il y a Tiger Woods, Phil Mickelson et Rory. Il est du même niveau que ces deux-là.
Photo : Octavio Passos / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP