Cela fait 116 ans que la France attend qu’un des siens rejoigne dans la légende le Basque, victorieux ici en juin 1907 au Royal Liverpool. L’Azuréen, certainement l’homme le plus en forme du moment au sein du clan tricolore, est prêt à relever le défi.
Lionel VELLA à Hoylake
C’est l’homme en forme du moment côté français. Romain Langasque n’a plus manqué le moindre cut sur le DP World Tour depuis la mi-mars, en Afrique du Sud, au SDC Championship. Depuis, en dix départs, il s’est offert quatre tops 10 dont une deuxième place début mai à l’Italian Open, sur le Marco Simone Golf & Country Club, hôte de la prochaine Ryder Cup (29 septembre-1er octobre). Huitième au British Masters il y a trois semaines, sur un autre parcours mythique de Ryder Cup, The Belfry, il a signé le meilleur résultat du clan tricolore au Genesis Scottish Open remporté par Rory McIlroy. Une 25e place qui conforte sa position au sein du top 20 de la Race to Dubaï…
« Je me sens bien. Je suis content d’être là, confirme l’Azuréen, au départ de son 4e The Open après 2015, 2019 et 2021… J’ai encore signé une solide semaine en Ecosse au sein d’un champ de joueurs plus similaire à celui que l’on retrouve en Majeur. »
Au British Boys 2014… à Hoylake
Vainqueur du British Open amateur en 2015, il avait participé au Boys (le British junior) l’année précédente sur ce même tracé du Royal Liverpool Golf Club. Un souvenir pas franchement impérissable pour l’actuel 136e joueur mondial.
« Pour être sincère, je ne m’en souviens pas très bien, avoue-t-il. Je me souviens de quelques trous seulement. Là, cette semaine, si on chope les bunkers, on peut être vraiment mal. Cela va sûrement arriver d’ailleurs. On a quatre tours à jouer. Il va falloir être prudent. Je me sens bien depuis quelques semaines. Je joue bien. Donc, je me dis que je ne suis pas un touriste. Je suis là pour gagner et faire le mieux possible à la fin de la semaine… »
C’est peut-être un poil too much, peut-être le feront-ils évoluer dans le futur mais moi j’aime bien, c’est fun
A l’instar d’Antoine Rozner avant lui, il a lui aussi fait référence au trou dont tout le monde parle cette semaine à Hoylake. Le fameux par 3 du 17 qui risque de martyriser une bonne partie du champ. Si ce n’est plus…
« On se réfère souvent à un trou sur un parcours, commente-t-il. Au Royal Troon, on pense tout de suite au timbre-poste (un par 3 de 112 mètres). A St Andrews, on pense au 17, un trou diabolique. Ils ont voulu instaurer cela ici aussi. Entre hier et aujourd’hui, c’était deux trous totalement différents. Lundi, on avait plein vent contre. C’était entre un petit fer 7 et un petit fer 6. Aujourd’hui, c’était de la gauche avec un coup plus court. Je vais encore le jouer demain (mercredi) pour identifier le meilleur endroit pour s’appuyer. Ou le meilleur endroit à rater… Un coup moyen, on peut très vite se retrouver loin du green… C’est la première fois qu’on le joue dans cette configuration. Ce sera le trou le plus chaud de la semaine. Un très bon coup, ça fera birdie. Et un coup moyen, ça fera un double… Un mec qui a deux ou trois points d’avance, un birdie d’un côté et un double de l’autre, ça peut faire square… C’est peut-être un poil too much, peut-être le feront-ils évoluer dans le futur mais moi j’aime bien, c’est fun. Il y a cette partie aléatoire qui est cool. »
Je pense que je suis mieux armé qu’il y a quatre ans. Je pense que je peux le faire…
Quand on évoque le Royal Liverpool à un golfeur français, on est obligé de rappeler que c’est ici, en 1907, qu’Arnaud Massy avait battu les meilleurs golfeurs britanniques de l’époque. 116 ans plus tard, la France est toujours à la recherche de son successeur en Majeur… Une anomalie ?
« Oui, c’était ici, sourit-il, les yeux envieux. J’ai l’idée d’être le prochain français à gagner un Majeur. On a tous notre chance. Je suis dans une bonne période. Après, c’est tellement dur de gagner un tournoi de golf, que ce soit sur le Challenge Tour, le DP World Tour et encore plus sur un Majeur. Je pense que je suis mieux armé qu’il y a quatre ans. Je pense que je peux le faire… »
« On en discute beaucoup au sujet du fait que la France n’a gagné qu’une seule fois en Majeur, ajoute-t-il. Je voyais Luke Donald ce matin (mardi) et lui aussi n’a jamais gagné de Majeur. On peut évoquer Lee Westwood, Ian Poulter qui n’ont pas gagné également… Et ils sont Anglais… Si on pense à Jean (Van de Velde), à Thomas (Levet), tous deux battus en play-off d’un British… C’était si proche… J’en parlais avec Thomas (Levet) après l’US Open (à Los Angeles). Il me disait : « tu as une telle qualité de jeu qui te permet de gagner n’importe quel tournoi. » Il m’a donné deux-trois conseils, notamment sur mes routines, le fait de prendre plus mon temps… C’est vrai que je suis très rapide. De temps en temps, sur certaines situations, sur des parcours plus durs, ça peut être préjudiciable mais en termes de qualité de jeu pur, je pense que Victor (Perez), Antoine (Rozner) et moi, on a largement les capacités de gagner. »
Prochaine étape, les Etats-Unis
Une victoire lui assurerait évidemment une nouvelle vie, lui ouvrirait de nouveaux horizons. Aux Etats-Unis, sur le PGA Tour plus précisément. Un objectif qu’il s’est fixé en début de saison. Etre parmi les dix non exemptés qui obtiendront leur droit de jeu en 2024 sur le circuit le plus relevé au monde. Il occupe pour l’instant la 18e place de la Race…
« Ce sera un changement de vie mais je ne suis pas prêt à habiter aux Etats-Unis, conclut-il. Jouer sur le PGA Tour en continuant à habiter en Andorre, oui. Victor Perez, lui, s’installerait en Floride, pas moi ! Alors c’est vrai que lorsqu’il y aura des tournois sur la côte ouest, peut-être que je louerai une maison pour deux semaines… Mais pour le reste… Moi, de Barcelone, je peux aller n’importe où en vol direct. J’ai besoin de mon cadre familial. C’est important. »
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