Le vainqueur du 151e The Open n’est pas une star du golf, ni même une figure reconnue du circuit américain. Le très discret Brian Harman, du haut de son 1 mètre 70, a pourtant donné la leçon à tous les ténors du golf mondial au Royal Liverpool. On a cherché à gratter sous le vernis du Géorgien. Si vous voulez en savoir plus sur ce grand amoureux de la chasse, c’est par ici…
Ne comptez pas sur lui pour déclencher les vivas de la foule. Avec Brian Harman, on est à des années lumières d’un Tiger Woods au départ du Masters ou d’un Thibaut Pinot dans le col du Petit Ballon. Il y a bien eu un court moment d’espoir pour le public britannique quand le gaucher de Savannah a vu son avance réduite à trois coups d’avance après cinq trous.
Derrière l’Américain, des joueurs comme Jon Rahm, Tommy Fleetwood ou Rory McIlroy avaient davantage les faveurs du cœur. Mais le 26e joueur mondial est un dur à cuire, notamment putter en main. Ses birdies au 6 et au 7 ont tué le suspense dans l’œuf. Tandis que ses poursuivants s’essoufflaient, il n’a plus jamais donné signe de fléchissement.
Deux victoires seulement sur le PGA Tour
Brian Harman est un « journeyman » comme disent les Américains. Un compagnon de route pour les stars du PGA Tour, un « ouvrier » du golf, sans connotation péjorative. L’homme travaille dur, il est discret, il gagne peu de titres (deux seulement, l’un en juillet 2014 (John Deere Classic), l’autre en mai 2017 (Wells Fargo Championship), mais beaucoup d’argent.
Talent précoce (il a joué la Walker Cup en 2005 et 2009, à chaque fois vainqueur ), il n’a jamais défrayé la chronique de son sport. Mais ses nombreuses places d’honneur dans les grands tournois lui valent, à 36 ans, un total de gains supérieur à 30 millions de dollars. Auxquels il va falloir ajouter 3 nouveaux millions avec la Claret Jug en prime.
Deux trous en un dans la même partie
Harman compense son déficit de puissance par un petit jeu acéré, un putting en acier trempé (105 putts en 72 trous, le plus bas total en 20 ans dans un Open britannique, et 58/59 réussis à moins de 3 mètres) et une foi en lui inébranlable. A l’image de ce qu’il a produit à Liverpool, il sait aussi profiter d’un sort parfois favorable, comme lorsqu’il avait réussi deux trous en un dans la même partie lors du Barclays en 1995.
On aurait aimé vous dire aussi que le champion de « The Open » gagne à être connu. Mais sa page Instagram n’incite pas à tomber sous son charme. Euphémisme. Grand amateur de chasse, uniquement à l’arc, il s’expose en vidéos ou en photos devant ses trophées, des cervidés. Pas notre tasse de thé…
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Le boucher de Hoylake
Père de trois enfants, Harman, droitier dans la vie, est un Américain pur jus, presque une caricature. Le « champion golfer of the year », comme aiment à l’appeler les Britanniques, a des plaisirs simples. « Ce soir ? Je crois que je vais boire quelques pintes dans la Claret Jug. A la maison ? Je vais poser le téléphone et monter sur mon tracteur… »
A la maison, je vais poser le téléphone et grimper dans mon tracteur…
Peu sollicité par les fans, peu bavard avec la presse, il avoue que sa famille est la clé de sa réussite. Il est bien sûr accroc au football américain. Fan de baseball aussi. De pêche en mer… Certains l’ont surnommé « le boucher de Hoylake » car il a une vraie appétence pour découper la viande de ses proies. Et ce surnom lui a plu…
Bref, on ne va pas vous faire l’article. Brian Harman fait plutôt partie de la liste des vainqueurs les moins séduisants du plus grand tournoi au monde, aux côtés de ses compatriotes Ben Curtis (vainqueur en 2003) et Todd Hamilton (lauréat en 2004). Mais il a gagné avec la manière. A la loyale. Peut-être son compte Instagram aura-t-il bientôt une photo un peu plus reluisante…
(Guillaume Baraise)
Photo : Stuart Franklin/R&A/R&A via Getty Images