Trente membres du Ladies European Tour, ont entamé l’Amundi Evian Championship, pleines d’espoir à divers titres. Le gagner, bien sûr, accumuler les points pour être invitées à disputer la Solheim Cup en Espagne, septembre venu ou, au pire, garder leur droit de jeu pour 2024.
La chronique de Philippe Hermann
À l’orée du 17e match Europe-USA en septembre, on se souvient de la rencontre inaugurale perdue en 1990 contre le haut du panier de la LPGA à Lake Nona, en Floride, par 11.5 à 4.5. Malgré une nette défaite, les Johnson, Alfredsson, de Lorenzi, Reid, Davies, Wright, Nicholas, Neumann étaient revenues pleines d’espoir, persuadées que leur sport pouvait vivre de beaux jours dans l’avenir. Ce sont les mêmes auxquelles allait faire appel Antoine Riboud pour allumer la mèche d’un tournoi alors confidentiel à Evian. Voyez ce qu’il est devenu après le chou-blanc masculin du départ.
Apprendre face aux stars
Rappelons-nous qu’avant de tutoyer les américains en Ryder Cup, les pros britanniques, puis européens, ont longtemps pataugé dans la semoule, perdant tout leur latin et leurs qualités en face des Sarazen, Snead, Palmer ou Nicklaus d’une autre époque. Avant un premier Evian Masters en 1993, c’est carrément face à un tel gotha que nos représentantes se heurtaient. Betsy King, Pat Bradley, Patty Sheehan ou Nancy Lopez remplissent à elles seules l’essentiel de l’histoire du golf féminin américain. Mais une défaite devant ces « All Blacks » du golf, était riche d’enseignements et de futurs progrès pour les européennes.
No women, no dogs
A Lake Nona, outre la domination américaine, on se rendait aussi compte de tout ce qui séparait le golf des dames de celui des messieurs. Aujourd’hui, ce delta s’est sacrément réduit et je dis à tous les misogynes des greens qu’ils n’ont rien compris à ce jeu de dames qu’est devenu le golf au féminin. On ne parle pas ici de ceux qui, en référence aux vieux us et coutumes anglo-saxons dépassés, pures vieilleries d’un autre âge, limitaient l’accès de leurs parcours à la gent féminine, quoiqu’aux Etats-Unis, dans la lutte contre les ostracismes visant les minorités, les femmes connaissaient un second souffle plus tôt.
Chérie, fais un effort !
Cela me rappelle les jugements de comptoir sur le golf de nos douces moitiés, toujours peu flatteuses, comme si elles pouvaient driver loin façon Faldo, Ballesteros, Norman. Comme si leur physique se devait d’être toujours à la hauteur d’un swing de cover-girl, en oubliant qu’ils comptaient dans leurs rangs les « beautés » Stadler, Patton, Montgomerie et autres poupons Daly.
Souvent réussi et photogénique
Aujourd’hui, il y a lieu de gommer tout ce chapitre parce que, Messieurs, le jeu des Dames est devenu incomparable au vôtre tant il est différent, performant, totalement sympa et souriant. Si vous acceptez que le golf féminin soit un sport tout autre que celui des McIlroy et Harman de service, alors tout s’éclairera d’un jour différent. Et, dans cette image-là, il n’y a pas grand chose de plus beau que les gestes de Brooke Anderson, Céline Boutier, Suzann Pettersen hier ou Florence Descampe plus tôt encore.
Le golf féminin pour comprendre
Quand ceux qui s’intéressent au golf l’auront finalement admis, la nouvelle qualité du matériel et de la forme physique n’étant pas unisexe, ils ne s’étonneront sans doute plus de l’avancée féminine sur la ligne des 250 mètres, un pré-carré masculin pas si vieux, et de la qualité de leur petit jeu, une véritable école. Peut-être laissera-t-on alors fleurir les dotations du Ladies European Tour en visant vraiment cette fameuse parité avec la complicité d’autres sponsors comme ceux conquis par Franck Riboud et Jacques Bungert, mais encore trop inhibés aujourd’hui par la pauvre image que les hommes ont depuis trop longtemps collée au dos de ce golf féminin alors qu’il file déjà des complexes à nombre d’entre eux.
©Mark Runnacles / LET