Dans sa bulle, Victor Perez semble en mission, prêt à écarter sans ménagement l’impudent qui tenterait de se mettre en travers de son score à l’Omega European Masters. Même si cet adversaire est écossais par exemple…
Philippe P Hermann
Victor Perez est proche de rejoindre directement le Team Europe en Ryder Cup. Il serait le 3e type à connaître cet honneur au 21e siècle, après Thomas Levet en 2004 et Victor Dubuisson en 2014, alors qu’au siècle précédent, Jean Van de Velde avait été le premier en 1999. Si Victor ne devait pas se qualifier directement mais finir sur une belle carte, le capitaine européen Luke Donald se laissera peut-être aller à inviter le Tarbais parmi ses six choix personnels.
Un terrain à apprivoiser
A son avantage, Perez a joué le parcours Ballesteros de Crans-sur-Sierre plusieurs fois. Mais il n’y a jamais été à son aise. Dans le cadre du concours d’entrée en Ryder Cup, va-t-il être sensible au côté « loterie » qui a quelquefois marqué le résultat du tournoi valaisan ? Sortant du Pro-am, il nous disait: « Sans doute ce sera différent cette fois en raison des retouches opérées depuis 2022. Des greens repris, des bunkers déplacés… C’est évident sur les trous 1, 4 et 5 notamment. Et puis les températures sont plus basses que d’habitude. Le parcours sera plus difficile et devrait couronner un joueur d’expérience. La balle devrait voler moins loin et rouler sur un terrain plus « soft ». L’ensemble devrait être plus jouable que par le passé. »
Il n’en reste pas moins vrai que quelques beaux talents sont disséminés dans la liste de départ, certains étant en course pour la « qualif » face à notre 3e type préféré. Quel(s) score(s) Victor va-t-il suivre ? « Le mien d’abord. Puis dimanche, je regarderai le leaderboard. Je voudrai savoir où j’en suis avec neuf trous à jouer, bien que la presse se charge volontiers de nous rappeler les chiffres tous les soirs... »
Une agressivité à laisser au vestiaire
Victor aussi pense que la situation mathématique de chaque concurrent à la qualification peut être un danger pour la bonne stratégie à adopter.
« Attention ce parcours est tentateur… Avec la Ryder dans l’air, on peut essayer d’être agressif et sortir le drive comme au trou n°5, un par 4 en dogleg droite qui peut être coupé en volant au-dessus d’un massif arboré. Mais, avec son nouveau green, et un nouveau bunker qui barre son accès, le chip n’est pas plus facile. Donc attaquer sur ce trou présente un intérêt bien moindre. Sur le greens haut perchés, une stratégie très agressive fonctionne rarement, d’autant que le terrain reste « tricky » avec ses petits greens. »
Je ne vais pas souhaiter de malheur aux autres joueurs. Que le meilleur gagne !
Le micro, mais pas trop
Les médias vont suivre de près ce suspense haletant. De très près. Le public audiovisuel est parfois surpris par l’intrusion du micro baladeur d’un commentateur rejoignant un joueur entre deux coups alors qu’il paraissait fermé juste avant. Victor sera-t-il disposé à livrer son sentiment au cœur de la bataille ?
« Comme je donne mon accord avant, ça va. Mais si mon parcours est pénible, « the door is closed ». Et rien en week-end. A chaque joueur sa sensibilité. Certains sont même demandeurs pour se décontracter un petit moment. »
Dans cette poursuite du Graal, le Français va forcément avoir un œil sur le score d’un jeune gaucher écossais… Robert MacIntyre est l’homme à dépasser. « D’abord, je ne vais pas souhaiter le malheur à l’un ou l’autre des prétendants à mon profit. Que le meilleur gagne ! Quand on est battu dans un bon tournoi, rideau et point final. Sur la durée d’une carrière, il ne serait pas très mature de souhaiter que tout le monde joue mal afin de gagner. C’est le bon « mindset » sur une carrière longue de 15 à 20 ans. »
A-t-il préparé ce dernier rendez-vous d’une façon particulière ? Que nenni. « En ce qui me concerne, je ne force pas ma nature. Ça ne sert pas à grand-chose de réviser à la veille de l’examen. Ici, j’en fais plutôt moins que plus, après avoir arrêté de jouer à cause de Covid. Je ne suis peut-être pas le plus affûté, mais je suis au taquet. Même si gagnant ou perdant, je n’en ferai pas une fixette. »
© Valerio Pennicino/Getty Images