Inquiet par les derniers résultats du jeune espoir Martin Couvra sur le Challenge Tour, Pascal Grizot, le président de la Fédération française de golf (FFG), est rassuré. Sa victoire en Espagne prouve que le golfeur de Cannes-Mougins (06) est sur la bonne voie. Avant de passer professionnel après les Mondiaux amateurs à Abu Dhabi à la mi-octobre.
Propos recueillis par François SCIMECA
Martin Couvra, encore amateur, victorieux à son 11e départ seulement sur un tournoi professionnel. On imagine que vous êtes un président heureux…
Je suis évidemment très content. Et je suis persuadé que l’on a fait le bon choix avec Martin. C’est-à-dire qu’il reste encore amateur et qu’il continue à jouer des compétitions sur d’excellents parcours de golf. C’est ce qu’il a fait en début de saison aux Etats-Unis. Ce qu’il a fait aussi en Afrique du Sud, et ensuite en Europe. La contrepartie était que la Fédération lui trouve des invitations pour qu’il évolue sur le Challenge Tour. On a respecté notre part du contrat, pour éventuellement obtenir en fin d’année une carte sur le Challenge Tour, voire directement sur le DP World Tour… C’est ce que font les meilleurs amateurs, d’ailleurs. Ils passent directement sur le DP World Tour. Cela valide ici le plan que l’on s’était fixé.
Vous confirmez qu’il passera professionnel à l’issue des Mondiaux à Abu Dhabi ?
Oui. Le plan de marche est qu’il reste amateur jusqu’aux Championnats du monde (Ndlr, 18-21 octobre pour les garçons, 25-28 octobre pour les filles). On considérait pour lui que c’était une bonne chose de conserver ce statut jusque-là.
On n’abandonne pas un joueur qui met toutes les chances de son côté pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.
Malgré son passage chez les pros, pourra-t-il encore bénéficier d’une aide de la part de la ffgolf ?
J’ai toujours dit qu’on aidait nos joueurs « cibles » dans le cadre de leur transition amateur. Cette transition est de trois ans mais je souhaite néanmoins l’accélérer. On donne moins d’argent et moins longtemps car on en donne plus quand ils sont amateurs. Pour ce qui est de Martin, on n’abandonne pas un joueur qui met toutes les chances de son côté pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Dans une carrière, il peut y avoir des hauts et des bas. Le meilleur exemple est ce que l’on a pu faire avec Céline (Boutier) ou avec nos meilleurs joueurs amateurs. Ceux qui ont réussi leur transition amateure étaient ceux qui avaient été les mieux classés au ranking amateur. Je ne vous cache pas que j’étais un peu inquiet concernant Martin car je ne le voyais pas progresser dans ce même classement. Ni d’ailleurs au classement du Challenge Tour puisqu’il n’était pas dans la zone des joueurs qui pouvaient conserver leur droit de jeu. Donc, cette réaction qu’il a eue ce week-end en Espagne est une réaction de champion. Je suis très fier pour lui et très heureux aussi…
Cette inquiétude, vous l’avez évidemment partagée avec son coach, Mathieu Santerre…
Tout à fait. La semaine passée, durant les Championnats d’Europe par équipes séniors (en République tchèque), j’ai demandé à Maïtena Alsuguren (DTN adjoint) et à Jean-Luc Cayla (Directeur Performance FFG) d’organiser une réunion avec Mathieu Santerre parce que je n’étais pas content des résultats depuis l’Afrique du Sud. Je voulais comprendre cette baisse de forme (Ndlr, aucun top 15 sur le Challenge Tour en sept départs en 2023). Mathieu Santerre m’avait convaincu que tout avait été mis en place dans l’optique de la fin de saison sur le Challenge Tour, mais aussi pour les Cartes sur le DP World Tour et le Championnat du monde amateur à Abu Dhabi. Et là, dans la foulée, il gagne. Cela m’a quelque part conforté dans les propos que j’avais eus le mercredi en début de matinée…
Je ne peux pas me permettre d’entendre dire que les joueurs ont un coup de moins bien parce qu’ils s’entraînent moins. Ce n’est pas possible !
Quelles ont été selon vous les causes de ce passage à vide ?
Quand Martin a des entraîneurs comme Mathieu qui le pousse, il fait le job car c’est un gros bosseur. Et quand il a moins la pression de l’entraîneur, c’est plus compliqué. Il s’est rendu compte par lui-même car il n’était pas lui aussi satisfait des résultats qu’il engrangeait depuis le début de l’année. Depuis quinze jours, il y avait eu une préparation plus lourde. Une préparation importante mais qui est finalement normale pour un joueur professionnel. Je ne veux pas que des joueurs talentueux retombent dans des travers, qu’ils se permettent, parce qu’ils ont du talent, de ne pas assez travailler. Si on veut atteindre les objectifs que l’on s’est fixés, il faut non seulement avoir des joueurs qui ont du talent mais aussi des joueurs qui ont une forte capacité de travail. La Fédération met beaucoup de moyens. Son caddie (Olivier Elissondo) est payé par la Fédération. Je ne peux pas me permettre d’entendre dire que les joueurs ont un coup de moins bien parce qu’ils s’entraînent moins. Ce n’est pas possible !
Verra-t-on Martin Couvra à l’Open de France dans moins de quinze jours ?
On voudrait qu’il joue le Swiss Challenge la semaine de l’Open de France (21-24 septembre). Je pense que c’est mieux qu’il dispute de nouveau un tournoi du Challenge Tour car compte tenu de sa forme, il est capable de conforter sa carte sur le Challenge Tour, ce qui est certain, mais aussi de marquer des points précieux afin de disputer la finale à Majorque (2-5 novembre). On joue donc la carte des tournois du Challenge Tour et aussi le Championnat du monde à Abu Dhabi où il sera le leader de l’équipe. Donc, à priori, il ne jouera pas l’Open de France. Certes, c’est une décision que l’on prendra ensemble mais pour en avoir discuté avec eux (Martin Couvra et Mathieu Santerre), leur souhait est de ne pas jouer au Golf National. Il en jouera d’autres des Open de France…
Photo : Andrew Redington / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP