Deux ans après la déroute de Whistling Straits, les Européens vont tenter entre vendredi et dimanche au Marco Simone Golf & Country Club de Rome de récupérer le précieux trophée. Ils ne se sont plus inclinés à domicile depuis 30 ans. Rassurant ?
L.V., à Rome
L’Europe va-t-elle laver l’affront de Whistling Straits ? Cette cinglante défaite, l’une des pires du Vieux continent depuis 40 ans… Un terrible 19-9 qui n’est toujours pas digéré par ceux qui ont vécu ce calvaire dans le Wisconsin du 24 au 26 septembre 2021. A commencer par Rory McIlroy, l’homme le plus expérimenté du groupe Europe emmené cette semaine par le capitaine Luke Donald. En pleurs à la sortie du parcours il y a deux ans, le Nord-Irlandais peaufine sa revanche.
D’autant que le Vieux continent ne s’est plus offert sur ses terres aux « Ricains » depuis 30 ans maintenant. Depuis le Belfry (Angleterre) en 1993. Les hommes de Tom Watson avaient notamment réussi l’exploit d’engranger 7,5 points lors des 12 simples du dimanche pour coiffer les protégés de Bernard Gallacher, 15-13. Depuis, plus rien ! Un enchaînement de roustes, comme au K Club en 2006 (18,5 à 9,5) ou au Golf National en 2018 (17,5 à 10,5) ou des scores plus étriqués mais toujours en faveur des Bleus et Jaunes comme à Valderrama en 1997 (14,5 à 13,5) ou au Celtic Manor en 2010, sur le même écart qu’en Espagne.
Je sais ce que dit l’histoire. J’en suis très conscient. Mais en même temps, je peux parler avec confiance et en discutant avec mon équipe j’ai constaté qu’ils étaient prêts à ce défi.
Zach Johnson
Depuis 1927 et la création de cette épreuve biennale, les Etats-Unis affichent 27 victoires (561 points) pour 14 défaites (et 2 nuls). Mais depuis l’arrivée des golfeurs continentaux en 1979, le fossé s’est sensiblement resserré. La tendance s’est même inversée à l’aube du XXIe siècle avec sept succès en dix duels. Les trois défaites (2008, 2016 et 2021) l’ont toujours été en terre hostile, de l’autre côté de l’Atlantique. A l’heure d’en découdre dans cette 44e édition de l’histoire, les Européens en sont à 14 victoires pour 451 points…
« Je connais ces chiffres, avait soufflé Zach Johnson, le capitaine américain, en début de semaine. Je sais ce que dit l’histoire. J’en suis très conscient. Mais en même temps, je peux parler avec confiance et en discutant avec mon équipe j’ai constaté qu’ils étaient prêts à ce défi. Ils connaissent les difficultés et veulent simplement s’en servir comme une excellente opportunité. Le passé, c’est le passé ! »
Nicolai Højgaard et MacIntyre vainqueurs à Rome
Le site du Marco Simone Golf & Country Club parviendra-t-il à maintenir cette tradition ? Créé en 1989, situé à moins de vingt kilomètres du centre-ville de Rome, le parcours choisi après l’attribution de cette Ryder Cup en 2018 à l’Italie fut totalement rénové pendant deux ans avant de recevoir depuis 2021 l’Open d’Italie (DP World Tour). Deux des trois vainqueurs font d’ailleurs partie de l’équipe Europe, à savoir le Danois Nicolai Højgaard (2021) et l’Ecossais Robert MacIntyre (2022).
Tout sauf plat, ce par 71 long de 6 565 mètres mise clairement sur le spectacle et les scores bas. Au mois de mai dernier, Romain Langasque avait ainsi égalé le record du parcours (62, -9) lors du 3e tour avant de s’incliner d’un coup le lendemain derrière le Polonais Adrian Meronk, le grand « oublié » des picks de Luke Donald.
Les Américains, sûrs de leur force et de leur talent
Les trous du retour, même si le par 4 du 8 (480 mètres) demeure le trou signature, vont assurer le show, à n’en pas douter. Comme sur les « petits » pars 4 du 11 (301 mètres) et du 16 (277 mètres) atteignables en 1. Va y avoir de l’eagle dans l’air. Mais attention à rester sur la piste, car le rough, abyssal à certains endroits, condamnera tout joueur un peu trop présomptueux.
Contrairement au Golf National où les Américains avaient quelque peu « snobé » le parcours de l’Albatros, mal leur en a pris d’ailleurs, ils sont cette fois venus reconnaître le tracé romain en amont de la Ryder Cup. Les tenants du titre sont surtout hyper confiants en leur force de réaction. Ne sont-ils pas invaincus depuis la déroute du Natio, ayant remporté deux Presidents Cup (2019 et 2022) et une Ryder Cup (2021) en broyant le plus souvent leurs adversaires ? La clé pour l’Europe sera donc en priorité de faire douter ces hommes, jeunes pour la plupart et talentueux (six d’entre eux font partie du top 10 mondial cette semaine). Pourquoi pas dès ce vendredi lors des quatre premiers foursomes ? On en salive d’avance !
Photo : Paul ELLIS / AFP