Né en 1997, IAGTO (International Association of Golf Tour Operators) compte aujourd’hui 2 729 membres issus de 101 pays. Parmi eux, on trouve des golfs resorts, des golfs, des hôtels, des compagnies aériennes mais aussi plus de 700 tour-opérateurs répartis dans 64 pays.
Chaque année, cette association de poids, pourtant méconnue du grand public, voit son nombre d’adhérents augmenter. Ses missions sont multiples comme celle de mettre en relation les entreprises du secteur afin de favoriser les opportunités professionnelles ou plus globalement de développer le tourisme golfique ainsi que les bonnes pratiques.
C’est lors de la 22e édition de l’International Golf Travel Market (IGTM), qui s’est tenue à Marrakech début octobre, que nous avons pu nous entretenir avec Guillaume Post, le responsable marketing et communication de IAGTO, et Alexandra Barton, responsable France. L’occasion de faire un point sur les nouvelles tendances et de découvrir les eldorados golfiques de demain…
Pourriez-vous dresser un état des lieux du tourisme golfique ?
Guillaume Post : « Chaque année, nous constatons un développement de ce tourisme de l’ordre de 10%. L’année 2019 n’a pas fait exception à la règle. L’unique récession que nous avons connue a été en 2008, au moment du krach boursier. Nous sommes dans une industrie qui continue à capitaliser sur les générations des 40, 50 ou 60 ans ayant des envies de golf et programmant leurs vacances en fonction de là où elles veulent jouer. Ces personnes disposent de davantage de moyens que lorsqu’elles avaient 20 ans. Mais le challenge aujourd’hui, c’est d’amener les jeunes vers le golf alors qu’ils y prêtent moins attention. Or, ce sont eux les joueurs réguliers de demain. Partout, c’est pareil : générationnel. Les milléniaux ont moins de temps à consacrer à un sport qui va prendre quatre heures. »
Alexandra Barton : « C’est en effet un challenge mais en même temps cela dépend de la volonté de chaque pays. Chacun fait face à des problématiques différentes et met en place ou non une stratégie qui encourage la pratique du golf chez les jeunes. En France, par exemple, il y a un problème d’accès aux golfs pour ceux qui ne possèdent pas forcément de voitures et souhaitent se rendre dans les parcours proches de leurs lieux d’habitation. Aussi, l’unique moyen pour eux d’aller jouer, c’est de se faire amener par leurs parents ou d’utiliser les transports en commun. D’où l’initiative de la Fédération française de golf qui a essayé de développer un peu plus de greens urbains faciles d’accès. Mais la question se pose toujours. »
Quelle place joue l’instabilité politique dans certains pays ?
Alexandra Barton : « Oui, le Maroc a vécu un petit passage à vide à cause des tensions géopolitiques, mais il remonte la pente. C’est un produit qui plaît beaucoup. Le Kenya a également connu une baisse de fréquentation des golfeurs : c’est dommage car c’est une très jolie destination. »
Guillaume Post : « Pour la Turquie, cela fait cinq ou six ans que la fréquentation est en dents de scie. Les chiffres repartent à la hausse puis il y a un problème et ça rechute. En Egypte, c’est pareil. »
D’après vous quel pays va se démarquer en 2020 ?
Guillaume Post : « En termes de volume de golfeurs, je dirai la Thaïlande et à moyen terme l’Asie en général. »
Alexandra Barton : « Je partage les mêmes pronostics et j’ajouterais le Maroc. »
Et pour ce qui est des croisières golfiques ?
Alexandra Barton : « Ce produit est une niche, mais une niche qui fonctionne. Un de nos membres, Golf & Adventure Travel Expeditions en organise. Les bateaux partent de la côte nord-nst du Canada, vont en Ecosse et en Irlande puis ils repartent. »
Guillaume Post : « Ce marché reste confidentiel car le coût d’une telle croisière est élevé. On parle ici de all inclusive. Et puis il y a les greens fees, les transferts, l’aérien à rajouter à la note… A mon avis, une semaine de ce type de croisière équivaut à trois semaines en Espagne. »
Quelles sont les meilleures destinations en termes de rapport qualité-prix ?
Alexandra Barton : « La France ! Le prix du green fee n’est pas élevé. Sinon l’Espagne ou le Maroc. »
Guillaume Post : « Moi je dirais plutôt la Thaïlande, car une fois là-bas la vie est peu chère. En Europe, il y a aussi la Slovénie et la Bulgarie. »
Et les compagnies aériennes dans tout ça ?
Alexandra Barton : « Les compagnies aériennes nationales suivent les évolutions du tourisme golfique. Elles sont généralement membres de l’IAGTO. Le problème, c’est que l’on peut leur dire que pour Tanger, il n’y a pas assez de vols et qu’elles peuvent nous répondre qu’elles en ajouteront quand il y aura davantage de golfeurs. Du coup, en attendant, il faut les faire venir par Casablanca… Donc c’est le serpent qui se mord la queue ! Mais en général, on trouve un soutien de leur part. Et puis, il faut reconnaître qu’elles offrent des services en matière de sacs de golf.
La semaine prochaine nous présenterons, dans la seconde partie de notre enquête, les tendances du tourisme golfique en Europe, en Asie et en Amérique.