Arrivé en 2022 sur DP World Tour, Julien Brun dispute ce jeudi sa première finale de la Race. Conscient du travail accompli depuis trois ans, l’Antibois installé à Prague rêve aussi au PGA Tour, qu’il pourrait rejoindre en 2024 s’il réalise une semaine de feu à Dubaï. Interview.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant de prendre part à votre première finale de la Race ?
Dans l’ensemble, ça va. C’est la récompense d’une belle saison. Qui a été concluante avec quelques bonnes places. Cela fait plaisir d’être ici (à Dubaï) avec un beau champ de joueurs et un nouveau tournoi à découvrir. Certainement le plus beau tournoi de l’année !
Connaissiez-vous le Earth Course, le parcours emblématique de ce DP World Tour Championship, avant votre arrivée cette semaine ?
Oui, je l’avais joué au moins deux fois lors d’un stage avec le Team St Laurent. C’était il y a deux ans, avant de débuter ma saison sur le Challenge Tour (2021). C’est un parcours assez franc, il faut taper plutôt fort le drive. Il n’y a pas vraiment de surprises. Celles que l’on peut rencontrer se situent autour des greens, à quelques endroits. Ce n’est pas le meilleur parcours que l’on joue durant l’année. Ce n’est pas le plus fun non plus. Je pense que le parcours qui reçoit le Dubaï Desert Classic (le Majlis à l’Emirates Golf Club) est bien plus sympa à jouer. Je vais en avoir une meilleure idée cette semaine mais je ne m’attends pas non plus à quelque chose d’exceptionnel.
Cette finale traduit cette amélioration dans mon jeu. C’est aussi une suite logique par rapport à mes deux dernières saisons…
Était-ce le tournoi que vous aviez coché dans vos objectifs de début de saison ?
Oui, bien sûr. C’est la finale. Il n’y a que 50 joueurs qui se qualifient. C’est un bel objectif à atteindre, chose que je n’avais pas réussi à faire l’an passé. On va dire qu’il traduit cette amélioration dans mon jeu. C’est aussi une suite logique par rapport à mes deux dernières saisons…
Cocher la case victoire était-elle également l’une de vos priorités ?
Non, pas plus que ça. Cela viendra quand ça viendra. Ce genre de chose peut venir d’un coup et ça peut s’enchainer ensuite. J’ai pour l’instant gagné sur tous les circuits sur lesquels j’ai évolué, j’ai gagné plein de trucs chez les amateurs aussi… Cela donne envie, c’est sûr, mais ce n’est pas non plus une idée fixe. Pour moi, les objectifs principaux étaient d’être ici cette semaine. Et puis il y a peut-être encore quelques objectifs à concrétiser comme accrocher une carte pour le PGA Tour en réalisant une très belle semaine. Il y a également un autre spot à aller chercher, celui de finir dans le top 30 de la Race pour jouer The Open en 2024.
Je dois mieux capitaliser sur les bonnes semaines, me mettre en position de gagner au final. Chose qui n’est pas vraiment arrivée cette année…
Si vous deviez vous donner une note pour cette saison 2023 qui s’achève dimanche, ce serait laquelle ?
(Long moment de réflexion) On va dire un bon 7 sur 10. C’est honnête. J’ai engrangé pas mal de points rapidement (Ndlr, 3e place à Maurice, 5e au Dubaï Desert Classic, 7e au Kenya). Cela a été agréable pour la suite de la saison. Et puis j’ai bien joué aussi durant l’été, en Irlande par exemple. J’ai été solide à Wentworth avant de faire un bon Open de France (6e). Ces deux parties de la saison ont été vraiment intéressantes. J’ai aussi manqué le coche en début d’année. Sur certains tournois, j’ai été en bonne position mais au final je finis au-delà de la 20e place, notamment les deux tournois en Afrique du Sud (SDC Championship et Jonsson Workwear Open). C’est un peu dommage. Il y en a eu deux-trois autres comme ça. La saison est très longue quand on y réfléchit. Mon premier tournoi, je l’ai joué il y a onze mois (à Maurice). C’est donc aussi normal qu’il y ait des hauts et des bas. A moi d’apprendre à amener un peu plus de constance dans mon jeu, c’est une certitude. Et puis je dois mieux capitaliser sur les bonnes semaines, me mettre en position de gagner au final. Chose qui n’est pas vraiment arrivée cette année… C’est là-dessus que je dois encore m’améliorer.
80e en 2022, 43e cette semaine à la Race avant cette finale, votre progression est malgré tout sensible…
Oui, c’est la continuité des trois dernières années. C’est bien que la progression soit constante même s’il y a encore de la marge. Il ne faut pas oublier non plus que j’ai joué plusieurs nouveaux tournois, comme le Dubaï Desert Classic, le Nedbank Golf Challenge, le Scottish Open, l’Irish Open… C’est quand même plus de travail par rapport à des joueurs qui sont là depuis pas mal d’années. Au niveau du jeu, au niveau de mon staff, on commence à être un peu plus réglé, à être meilleur sur le travail à faire, à comprendre où il faut être performant. C’est une question d’organisation afin de mettre le doigt là-dessus et réitérer ce que l’on fait le plus souvent possible.
Je sens que je suis encore au début de ma carrière. Je ne suis pas dans la routine
Vous allez avoir 32 ans le 1er avril prochain. Peut-on dire que vous avez atteint la maturité ?
Oui… Même si c’est encore le début pour moi. Potentiellement, j’ai encore plein de belles années devant moi. Je sens que je suis encore au début de ma carrière. Je suis content d’être là. Je ne suis pas dans la routine. Cela reste encore tout neuf pour moi et il y a plein de belles choses à faire.
Après la finale, pensez-vous faire un break et vous reposer après une saison longue et haletante ?
Oui, je ne vais pas aller en Afrique du Sud sur les premiers tournois de la saison 2023-24. J’irai peut-être à Maurice, comme l’an dernier. Ensuite, je redémarrerai en janvier, dans les Emirats. J’ai besoin de tâches de travail. Qu’elles soient physiques ou techniques, afin d’être performant. Je n’arrive pas à enchaîner et être toujours performant comme certains joueurs… Après l’Open de France, au niveau charge mental, au niveau émotion, c’est de loin mon meilleur moment de la saison mais c’est aussi de loin le tournoi qui m’a puisé le plus d’énergie. C’est indéniable. A ce titre, je n’aurais pas dû jouer la semaine suivante au Dunhill Links. Je n’étais dans les conditions optimales. Si j’avais eu cette semaine de break, je pense que j’aurais mieux fait derrière à l’Open d’Espagne, à Sotogrande… Il y a des petites choses encore à apprendre là-dessus. Mais sur une saison, cela se joue à rien, parfois. Le 50e qui est à la finale cette semaine (l’Anglais Daniel Brown), il devance le 51e de 1,11 point. Cela représente un coup, n’importe où dans la saison. Incroyable !
2024, les objectifs que vous souhaitez viser… Vous y pensez déjà ?
Non. Je n’y suis pas encore. Je suis vraiment concentré sur cette finale. Faire le job le mieux possible. Prendre du plaisir. Et puis avec une très très belle place dimanche soir, on peut rêver d’être sur le PGA Tour. Si on finit 25e ou plus loin, ce ne sera pas le même calendrier, forcément. Donc, à fond sur cette semaine.
Les Etats-Unis demeurent la finalité pour vous ?
La finalité, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que c’est l’objectif principal. Mais on verra quand ça viendra, et quand j’en aurais l’opportunité. Jouer sur le PGA Tour, avec les meilleurs, c’est ce qui me fait réveiller le matin, c’est ce que j’ai envie d’accomplir. C’est évident !
Photo : Nathan Cardet/ Golf Planète