Le tenant du titre de l’AfrAsia Bank Mauritius Open s’attend à une semaine difficile sur un parcours tout nouveau mais très compliqué. Antoine Rozner en profite aussi pour effectuer un bilan de sa saison qu’il juge très bon. Avant de se fixer de nouveaux objectifs, le PGA Tour et les Jeux olympiques étant ici des cibles privilégiées.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à l’Ile Maurice
C’est la troisième fois que vous vous retrouvez dans la position de défendre un titre. Est-ce que l’on aborde différemment le tournoi dans ce cas de figure ?
C’est une situation particulière mais pour moi, c’est un bien. Cela apporte de bonnes énergies, de bons souvenirs, de bons états d’esprits dans la manière d’aborder justement un tour. L’an dernier, je me souviens que j’étais dans un état d’esprit hyper agressif, à toujours vouloir aller de l’avant. Ce sont de bonnes choses à avoir. Et peut-être que cela va me donner des idées pour cette année.
Vous avez la particularité d’avoir joué trois AfrAsia Bank Mauritius Open sur trois parcours différents et d’avoir, à chaque fois, plutôt brillé. Comment l’expliquez-vous ?
Je ne sais pas. Est-ce que c’est le fait de bien décompresser le soir qui me fait du bien ? Peut-être. Est-ce que j’aime les parcours (Ndlr, 7e à Anahita en 2018, 2e sur l’Heritage Golf Club en 2019, 1er à Mont Choisy en 2022) ? La réponse est oui. J’aime bien les gens aussi. Et puis je dois avouer qu’à chaque fois, je me suis retrouvé dans une bonne semaine de golf. Tous les éléments sont réunis pour que je joue bien. C’est plutôt cool. Il y a aussi un peu de coïncidence. Mais les conditions me plaisent, et ça, c’est positif.
Vous évoquez les parcours de ce tournoi. Que pouvez-vous me dire sur La Réserve Golf Links maintenant que vous l’avez joué complètement ?
Il n’est vraiment pas simple ! Il est beaucoup plus dur que les autres parcours que nous avons joués à l’AfrAsia. Il est plus étroit, plus exigeant du départ. Ce n’est pas très large et quand on s’égare, on peut très vite avoir balle perdue. Il va falloir bien jouer et surtout bien gérer le vent. C’est un autre critère assez dur. Il y a cinq pars 5, je pense qu’il va falloir bien les gérer. Et le reste, bien mettre en jeu.
On le présente comme un links. Vous êtes d’accord ?
(Catégorique) Non ! Ce n’est pas un vrai links pour moi. Il est peut-être encore un peu jeune mais ce n’est pas un links. Rien à voir avec Liverpool ou l’Ecosse !
Je suis passé à côté sur une série importante avec trois cuts manqués (Irish, Wentworth, Open de France). C’est peut-être le point noir de ma saison.
L’année 2023 sur le DP World Tour se termine dimanche. Quel bilan tirez-vous de votre saison ?
Le bilan est très bon. Il y a eu une victoire. Il y a eu de très bonnes perfs dans des gros tournois. Notamment au British, même si je suis reparti avec un poil de déception parce que finir sur un double au 18, dans n’importe quel tournoi du monde, ce n’est jamais agréable. Cela ne m’a pas fait du bien. Mais honnêtement, ce fut une semaine exceptionnelle. Je n’ai rien à regretter. J’ai produit un jeu fantastique durant toute la semaine. Ce fut un très grand moment de ma saison. J’ai été bon aussi à la finale à Dubaï, ce qui n’avait pas été le cas les années précédentes. J’ai été très bon en début de saison et un peu moins performant sur la deuxième partie. Je suis passé à côté sur une série importante avec trois cuts manqués (Irish, Wentworth, Open de France). C’est peut-être le point noir de ma saison. Avec trois semaines correctes, le bilan aurait pu être différent. Mais le reste a été solide. Cinq cuts loupés sur vingt-huit tournois joués, c’est plutôt pas mal. Cela prouve qu’année après année, je fais du bon boulot. C’est hyper régulier. Je n’ai pas de point faible. Il faut continuer comme ça et gommer les petites erreurs par-ci, par-là. Honnêtement, je suis sur le bon chemin.
Vous prenez de plus en plus confiance en vous ?
Je me sens de mieux en mieux. J’ai l’impression de progresser. Je me sens avec de plus en plus d’assurance sur le parcours. J’arrive à m’affirmer de mieux en mieux.
La petite fausse note serait peut-être de ne pas avoir fini dans le top 30 de la Race et de valider dès maintenant un ticket pour The Open à Troon ?
Je pense que ce classement est plus une conséquence de ces trois cuts manqués (voir plus haut). La finale à Dubaï, je n’ai rien à me reprocher. Je fini 11e, je fais une semaine solide. Deux coups de moins m’offraient le British, c’est vrai. Forcément, il y a un regret à ce niveau-là. Et puis ce n’est peut-être pas une fin en soi puisqu’il y a encore beaucoup de moyens de se qualifier pour ce tournoi Majeur.
Jon Rahm ? Je ne m’y attendais pas. Je trouvais que c’était un joueur assez engagé avec la Ryder Cup, avec le PGA Tour. Je ne l’imaginais pas partir sur le LIV.
Quel va être votre objectif en 2024 ?
Déjà, progresser encore. Ce serait déjà bien. Et puis si je peux aller chercher l’un de ces dix spots pour le PGA Tour, ce serait fantastique. C’est l’endroit rêvé pour jouer au très haut niveau. Cela me donne envie. Cela me motive. Et puis j’ai aussi dans un coin de ma tête les Jeux olympiques à Paris. J’aimerais bien y être. Cela s’annonce compliqué parce qu’avec trois Français sur le PGA Tour, malheureusement pour moi, mon destin n’est pas entre mes mains. Si eux arrivent à produire du bon jeu, ça va être très dur de rivaliser au classement mondial. Bref, il va falloir y aller à fond, sortir des grosses perfs et on verra bien…
Quel va être votre calendrier de début d’année ?
Je serai à Dubaï en janvier pour les deux premiers tournois (Dubaï Invitational et Hero Dubaï Desert Classic). Ensuite, je ne vais pas faire Ras Al-Khaimah, Bahrein et le Qatar, même si ce dernier tournoi n’est toujours pas confirmé à l’heure où on se parle.
Vous avez évoqué le PGA Tour. Pensez-vous que l’on va assister très bientôt à un accord entre le circuit US et le LIV Golf par l’intermédiaire du Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite ?
Je n’en ai aucune idée. J’avais cru comprendre ces derniers mois que les discussions étaient compliquées. Je ne connais aucun détail. Mais d’un autre côté, le fait que Jon Rahm soit parti sur le LIV va peut-être forcer le PGA Tour à un rapprochement.
Justement, avez-vous été surpris par ce départ fracassant de Jon Rahm ?
Oui, vraiment ! Je ne m’y attendais pas. Je trouvais que c’était un joueur assez engagé avec la Ryder Cup, avec le PGA Tour. Je ne l’imaginais pas partir sur le LIV. Il en a décidé autrement. Je pense qu’il va être très heureux dans sa nouvelle vie.
La période des vœux va bientôt arriver. Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour 2024 ?
(Il sourit) Des bonnes fêtes de fin d’année, déjà. Revenir à fond en janvier, être d’attaque, prêt à aller chercher les bons résultats. J’ai envie de performer dans des gros tournois, dans des Rolex Series, dans des Majeurs… C’est un vrai objectif pour moi. Cela passe étape par étape en gagnant des petits tournois, puis des moyens avant d’être prêt pour les très gros. Cela prendra le temps qu’il faudra, je ne suis pas quelqu’un de pressé. Mais on a tous des grosses ambitions !
Photo : Tyrone Winfield/Sunshine Tour