Malgré un début de saison compliqué, Romain Langasque conserve plus que jamais le moral. La saison est encore longue et son objectif de rejoindre Matthieu Pavon aux Etats-Unis demeure toujours la priorité.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Un seul top 15 (14e au Dubaï Invitational) dans un tournoi à champ limité et sans cut, présent à trois reprises dans un week-end pour quatre échecs, le bilan de ce début d’exercice 2024 sur le DP World Tour pour Romain Langasque n’est guère fameux. Mais l’Azuréen demeure optimiste, malgré des résultats contraires. Avant de s’élancer ce jeudi à Johannesburg pour le Jonsson Workwear Open, l’actuel 141e mondial fait le point sur son état de forme, physique mais aussi mental.
GOLF PLANETE : Comment allez-vous malgré ces derniers résultats difficiles sur le DP World Tour ?
Romain LANGASQUE : C’est une période effectivement un peu compliquée, mais ça va nickel… Je viens de rater trois cuts d’affilée, et ça ne se goupille pas. Mais à la façon dont je joue, ça me laisse espérer qu’à tout moment, je peux gagner. Je joue vraiment bien au golf, il y a beaucoup de points positifs. Lors des dernières semaines, je ne mettais pas un putt et avec la frustration, le reste se dégradait un peu aussi… C’est assez bizarre de dire ça mais je ne me suis jamais senti aussi complet dans mon jeu. Et paradoxalement, je n’ai jamais aussi peu performé en me sentant aussi bien. C’est une période assez spéciale en termes de résultats mais j’essaie de mettre de ça de côté et continuer à faire ce que je fais car je sens que je continue d’avancer, de progresser. C’est juste une petite période de m… qui va bientôt se terminer. Je pense repartir de l’avant incessamment sous peu.
G.P. : Cette série négative n’est-elle pas aussi le contrecoup de votre brillante saison 2022-23 ?
R.L. : Pas forcément. J’ai été blessé au poignet en début d’année et mine de rien, j’ai réussi à faire des résultats corrects. Là, depuis que ça va mieux, depuis trois semaines on va dire, je n’y suis pas trop. Je ne dis pas que c’est à cause de ça mais ça a dû jouer malgré tout. J’aurais espéré surfer sur la vague de 2023 et attaquer fort 2024 mais la saison est encore longue. Il y a de gros tournois qui arrivent. On sait qu’il y a énormément de points en jeu dans la deuxième partie de saison, à partir de septembre. Je fais le dos rond, je me concentre sur moi-même et je n’ai aucun doute sur le fait que ça va tourner très bientôt.
J’ai beaucoup d’indices qui me disent que je peux gagner en 2024. Je ne veux pas m’arrêter sur un mois de difficulté. Je suis déjà passé par là auparavant.
Romain Langasque
G.P. : Avez-vous digéré le fait de ne pas avoir finalement accroché l’un des dix spots en jeu pour le PGA Tour alors que vous avez été longtemps dans le coup ?
R.L. : Juste après la finale de la Race, ça a été dur, oui… C’est vrai que j’avais fait une saison très régulière tout au long de l’année. J’ai été en bonne position toute l’année avant de freiner dans les dernières semaines. Mais oui, ça a été dur, je ne vais pas le cacher. Le PGA Tour est pour l’instant devenu la première division, même si j’en doute pour le futur. J’essaie de rester dans le moment présent, de voir que 2022 a été une bonne année, que 2023 a été encore meilleure… Je n’ai pas gagné en 2022, ni en 2023… J’ai beaucoup d’indices qui me disent que je peux gagner en 2024. Je ne veux pas m’arrêter sur un mois de difficulté. Je suis déjà passé par là auparavant. Si on regarde mon début de saison 2023, c’était quasiment la même chose, sauf que je passais les cuts et je finissais 60e. Jusqu’à l’Italie (Ndlr, il avait pris la 2e place juste derrière le Polonais Adrian Meronk), ce n’était pas brillant. Donc voilà, j’essaie de me détacher des résultats et de rester sur mon process. Et c’est ce qui fait que moralement, je suis bien.
G.P. : Ces dix spots qui demeurent évidement votre objectif principal cette année…
R.L. : Oui, clairement ! Le DP World Tour, c’est bien mais le PGA Tour, c’est mieux. Cela reste l’objectif. Le PGA Tour, je n’ai aucun doute dans le fait que je vais y arriver. Maintenant, il faut avancer semaine après semaine, tournoi après tournoi, accepter ce qui arrive… C’est ce qui est le plus dur dans notre sport. Tous les joueurs sont passés par des moments comme ça.
G.P. : Et puis quand on voit Matthieu Pavon là-bas, ce qu’il est en train de réaliser, cela donne envie de le rejoindre, non ?
R.L. : Exactement. Je parle quasiment tous les jours avec Matt… C’est le rêve américain. Il kiffe tout ce qu’il fait. Et encore une fois, quand on regarde en septembre dernier, il était 80e de la Race to Dubaï et il est maintenant leader de la FedExCup. Le fait que je sois 79e de la Race actuellement, ça n’a aucun… (il s’arrête) Alors oui, je préférerais être 20e, 10e ou même 1er de la Race mais une saison, c’est sur douze mois… Pour moi, il n’y a pas de rush, aucun souci. Pas mal de gens s’inquiètent pour moi, on se demande ce qui ne va pas… Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, cela fait partie d’une carrière d’un sportif de haut niveau. Il faut passer par là pour rebondir. Si on reparle de Matt, et si on regarde son après été, il a dû rater quatre cuts en cinq tournois (Ndlr, quatre cuts manqués en six tournois entre le 16 juillet et le 24 septembre) avant de changer deux-trois trucs, de changer de caddie et c’est reparti de l’avant. C’est la magie du golf et du sport de haut niveau.
Pour être franc, c’est une très bonne chose que Keith Pelley s’en aille.
Romain Langasque
G.P. : Quel va être votre programme après le Jonsson Workwear Open ?
R.L. : Je fais une semaine off, j’enchaîne avec Singapour et l’Inde avant de prendre trois semaines de break. Il y a très peu de chance que j’aille disputer le Championnat de France Professionnel (Ndlr, au Médoc du 5 au 7 avril).
G.P.: Keith Pelley quitte le 2 avril prochain ses fonctions. Que retiendrez-vous de ses huit années et demi en tant que Directeur général du DP World Tour ?
R.L. : Pas grand-chose… Il a eu des épisodes très compliqués à gérer. Je pense au Covid mais aussi à l’arrivée du LIV Golf. Je pense qu’il n’a pas forcément pris tout le temps les bonnes décisions. Je pense qu’il n’a pas forcément pensé aux joueurs en premier… Pour être franc, c’est une très bonne chose que Keith Pelley s’en aille.
G.P. : Un mot sur son successeur, Guy Kinnings ?
R.L. : Ce que j’en sais, c’est que ça fait 30 ans qu’il est dans le milieu du golf. Il a été manager de joueurs. Il connait chaque recoin du DP World Tour et du golf mondial. De ce que j’en ai vu en début d’année, il avait l’air d’être beaucoup à l’écoute des joueurs, à leur contact. On va voir ce que ça va donner…
Photo : STUART FRANKLIN / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP