De la veste verte au fameux sandwich au piment fromage en passant par l’Amen Corner, on vous a listés les douze traditions ou symboles du Masters que l’on se doit de respecter ou d’apprécier. Des « commandements » qui rendent ce tournoi unique…
1) La veste verte, le champion revêtira
C’est évidemment la tradition la plus célèbre du tournoi et peut-être celle que l’on aime le plus. Depuis 1949, le vainqueur se voit remettre la fameuse verte verte, symbole aussi du membership du club depuis 1937, des mains du tenant du titre. Deux fois, puisque dès que la victoire est acquise, un premier cérémonial en petit comité est organisé dans le club-house de l’Augusta National, au coin de la cheminée, puis la veste est de nouveau enfilée par le vainqueur lors de la remise des trophées, à l’extérieur du club-house.
A fifth Green Jacket ceremony for Tiger.#MastersRewind pic.twitter.com/QnibfzSw1J
— The Masters (@TheMasters) April 12, 2020
Il y a de nombreuses règles autour de cette veste verte qui est peut-être le vêtement le plus iconique du sport avec le maillot jaune du Tour de France. Tout d’abord, les multiples vainqueurs n’en reçoivent qu’un seul modèle, sauf s’ils changent de taille entre leurs différents succès (celle qu’ils enfilent après leur victoire est temporaire, la veste définitive est taillée sur mesure plus tard). Ensuite, seul le vainqueur sortant a le droit de la porter en dehors du club, et encore, sous des conditions extrêmement encadrées.
On n’entrera pas dans tous les détails, mais si vous êtes fans de cette veste et que vous voulez vous en offrir une qui lui ressemble, sachez que sa couleur est Pantone 342.
Sachez aussi que le vainqueur reçoit en plus de la veste verte, une médaille d’or et une réplique du trophée du Masters (qui représente le club-house).
2) L’Amen Corner, le vainqueur apprivoisera
Après le vêtement le plus connu du sport, le Masters peut se vanter d’avoir la séquence de trous de golf la plus célèbre au monde. L’enchaînement des trous n°11 (par 4), n°12 (par 3) et n°13 (par 5) a été surnommé « Amen Corner » en 1958 par le journaliste de Sports Illustrated Herbert Warren Wind qui a voulu décrire ainsi le moment où le tournoi se décide souvent et où les champions peuvent passer par toutes les émotions (on pourrait oser traduire « Amen Corner » par « Le coin des prières »).
Ainsi, en 1958, Arnold Palmer a concédé un double-bogey au trou n°12 mais il a réussi un eagle au 13 avant de s’imposer d’un coup.
Plus près de nous, on se souvient qu’en 2019, lors de son 5e sacre, Tiger Woods avait fait basculer le tournoi en sa faveur quand ses rivaux Francesco Molinari, Tony Finau et Brooks Koepka avaient tous vu leurs espoirs se noyer dans l’obstacle d’eau du 12 et que le Tigre avait fait le par…
Le nom Amen Corner vient d’un morceau de jazz intitulé « Shoutin’ in the Amen Corner ». Herbert Warren Wind était un grand fan de jazz… Aujourd’hui, cette appellation est connue des golfeurs du monde entier.
Amen Corner awaits. #themasters pic.twitter.com/qQpn2P5jXX
— The Masters (@TheMasters) April 2, 2024
3) Magnolia Lane, tu admireras
Lorsque Bobby Jones, co-fondateur du Masters avec Clifford Roberts, est passé pour la première fois en 1931 sous les arbres de magnolias en fleurs sur le chemin de terre qui permettait d’accéder au club, il a été immédiatement séduit par l’expérience.
Cette allée de 300 mètres a ensuite été pavée en 1937 et est devenue l’endroit le plus symbolique de l’Augusta National.
Elle a été baptisée plus tard Magnolia Lane. De l’avis de tous ceux qui ont eu la chance de la parcourir, elle est d’une beauté saisissante. La traversée de cette magnifique canopée de magnolias, plantés par les propriétaires d’origine, la famille Berckmans, conduit de Washington Road jusqu’au majestueux club-house. Seuls les joueurs du Masters sont autorisés à remonter l’allée mystique en voiture. Mais Gary Player, lui, préférait faire le trajet à pied, pour mieux apprécier encore l’instant.
Taking my traditional walk down Magnolia Lane @themasters still gives me goosebumps #memories #thebigthree pic.twitter.com/DE5qDW8mkJ
— GARY PLAYER (@garyplayer) April 3, 2017
4) Du concours de par 3, tu t’amuseras
Désormais diffusé dans le monde entier, ce mini-tournoi à l’ambiance bon enfant et familiale se tient traditionnellement la veille du tournoi, le mercredi. Les épouses, les petites amies, les enfants, voire même les petits-enfants de certaines vieilles gloires sont conviés à participer à la fête, en jouant les caddies ou même en tapant quelques balles. Le petit parcours 9 trous uniquement composé de pars 3 est un véritable petit bijou architectural, un petit jardin d’Eden.
Le court yardage des trous (au maximum 130 mètres) et les emplacements de drapeau dans les cuvettes participent au spectacle. On y voit souvent des trou-en-un, comme celui réussi il y a six ans par le petit-fils de Jack Nicklaus, Gary.
Le seul souci, c’est la malédiction qui plane autour de ce concours. En effet, aucun vainqueur du « Par 3 Contest » n’est parvenu à s’imposer dans le tournoi des Maîtres la même année. Raison pour laquelle Rory McIlroy ne pendra pas part cette année à la compétition…
5) Le dîner des champions, tu en rêveras
C’est une tradition qui a parfois du bon et… du moins bon. Le mardi soir, deux jours avant le coup d’envoi du tournoi, les anciens vainqueurs se réunissent dans le restaurant du club-house qui leur est réservé pour dîner ensemble.
Le menu est concocté par le tenant du titre. Évidemment, les vainqueurs choisissent le plus souvent des menus qui correspondent à leurs racines. Le menu aux saveurs basques de Jon Rahm pour cette année pourrait remporter un certain succès, comme celui choisi par Hideki Matsuyama en 2022.
Un exercice risqué qui, par le passé, a parfois réussi à mettre le feu aux poudres. On se souvient du commentaire carrément raciste de Fuzzy Zoeller à propos du menu choisi par Tiger Woods après sa victoire en 1997. « Si je le croise, je lui dirai de ne pas nous servir de poulet frit l’an prochain, avait déclaré Zoeller. Ou n’importe quel autre truc qu’ils ont l’habitude de manger.b»
Ce dîner a été mis en place pour la première fois en 1952. Sans doute le dîner de l’an dernier fut celui le plus scruté avec une ambiance particulièrement tendue, alors que les joueurs du LIV Golf étaient pointés du doigt par l’élite mondiale. Le triple lauréat Phil Mickelson n’avait pas décroché un mot à cette occasion.
Le dîner 2024 s’annonce un peu plus apaisé même si le tenant du titre, Jon Rahm, est passé du “côté obscur”…
C’est en tout cas l’occasion de réaliser à chaque fois une photo iconique où les légendes se côtoient et sans doute se racontent mille et une anecdotes savoureuses. Que l’on rêverait d’entendre…
6) Devant les honorary starters, tu t’inclineras
Le jeudi matin, avant le départ du premier joueur, il est de tradition que les premiers drives soient tapés sur le trou n°1 par une, deux ou trois légendes du tournoi. C’est une tradition née en 1963 et chérie par l’Augusta National.
Ainsi, en 1987, le trio des « honorary starters » était composé de Gene Sarazen (1 victoire), Byron Nelson (2 vestes vertes) et Sam Snead (triple champion), excusez du peu.
En 2012, Jack Nicklaus (6 vestes vertes), Arnold Palmer (4 succès) et Gary Player (3 victoires) ont tenu ce rôle. En 2021, Lee Edler, le premier joueur noir à avoir disputé le Masters, avait rejoint Nicklaus et Player.
En 2022 et en 2023, ce fut au tour de Tom Watson (2 titres) d’assurer le spectacle auprès des deux légendes.
Cette séquence, même si elle peut paraître un peu désuète aujourd’hui, est toujours un moment fort d’un tournoi chargé d’histoire et fier de son héritage sportif.
7) Les règles des « patrons », tu respecteras
C’est une règle de l’Augusta National imposée aux commentateurs, notamment pour la télé américaine : on n’appelle pas les spectateurs du Masters « spectators », ou « crowd », mais « patrons » (clients), car le co-fondateur du tournoi, Clifford Roberts (aux côtés de Bobby Jones), considérait que le public assiste davantage à une expérience comme au théâtre plutôt qu’à un spectacle sportif.
Les « patrons » d’Augusta sont évidemment des privilégiés mais ils sont aussi soumis à une longue liste de comportements qui leur sont interdits : pas de téléphone, pas d’appareil photo, pas de radio, pas de périscope, pas le droit de hurler « smashed potatoes » (ou autres idioties) après le drive d’un joueur, pas de possibilité de demander des autographes à proximité du parcours (sauf pendant le concours de par 3…), pas le droit de courir autour des trous…
Des interdits destinés, aussi et avant tout, à ce que l’ambiance du tournoi soit très respectueuse et silencieuse, mais les « roars » (rugissements) de la foule n’en sont que plus savoureux, notamment le dimanche après-midi !
Surtout les « patrons » font partie intégrante du décorum du Masters. Ainsi, les parapluies doivent éviter de comporter des logos trop visibles à l’exception bien sûr de ceux aux couleurs du Masters (c’est pour cela que les jours de pluie, beaucoup de parapluies vert-et-blanc fleurissent autour des trous).
L’achat d’une chaise pliable à 40 dollars permet à un “patron” de la placer dans certains zones (notamment autour du trou n°18) pour toute la journée et de la retrouver à sa place, inoccupée, même lorsqu’il s’absente plusieurs heures pour suivre les parties ailleurs sur le parcours. On ne prend pas la place d’un autre « patron » au Masters… La classe !
8) L’histoire, tu traverseras
Le pont le plus célèbre du golf, on vous l’accorde, est sans doute le Swilcan Bridge du Old Course de St Andrews (qui a d’ailleurs fait l’objet d’une controverse lors de sa récente rénovation). Ceux de l’Augusta National sont presque aussi iconiques (mais moins accessibles) et eux aussi participent à écrire de grandes pages de l’histoire du golf. Le « Hogan Bridge » qui conduit les joueurs vers le green du 12e trou est l’un des sites les plus photographiés lors du Masters.
Il a été baptisé ainsi en avril 1958 pour commémorer le score record de Ben Hogan sur le tournoi (274, -14 total en 1953).
Le « Sarazen Bridge » et le « Nelson Bridge » ont eux aussi leur histoire et leur prestige. Le Sarazen Bridge permet de se rendre sur le green du 15. Il a été nommé ainsi en 1955 en hommage au coup qui a fait « du bruit dans le monde entier » comme l’affirmait les journalistes de l’époque. Un albatros signé par Gene Sarazen lors de son triomphe en 1935. L’unique albatros de l’histoire du tournoi sur le 15.
Le « Nelson Bridge » enjambe Rae’s Creek en face du Hogan Bridge. Il conduit les joueurs du départ au fairway du 13. Le 2 avril 1958, il a été renommé ainsi pour commémorer la séquence birdie-eagle de Byron Nelson sur les trous 12 et 13 pour remporter le tournoi des maîtres de 1937.
9) Le leaderboard, tu surveilleras
C’est peut-être l’un des symboles visuels les plus marquants du tournoi. L’un que nous aimons le plus aussi. Les immenses panneaux du leaderboard, au nombre de 12 sur l’ensemble du parcours, sont à la fois antiques, simplistes, chics, et bourrés de charme.
Créés en 1960, ils s’inspirent du tableau d’affichage de l’époque de Fenway Park, le stade des Red Sox de Boston, l’équipe de baseball. Pourtant très évolué et moderne, le site internet officiel du tournoi garde d’ailleurs ce design « old school » pour son leaderboard interactif.
Privés de téléphone et d’internet, les « patrons » réagissent souvent avec passion quand le score d’un joueur est mis à jour par la petite cinquantaine de préposés bénévoles sur ces mythiques panneaux. Ou comment suivre le score d’un tournoi « à l’ancienne »…
10) Le logo du tournoi, tu porteras
Les Jeux olympiques ? Wimbledon ? Il y a peu de logos aussi emblématiques que celui du Masters.
La première version du dessin représentant une carte des États-Unis sur laquelle est planté un drapeau de golf sur l’état de Géorgie (où se trouve Augusta) est sortie en 1934. Le design d’origine était le même, mais les contours des États-Unis étaient assez peu fidèles à la réalité, tout comme la position du drapeau, trop approximative (trop bas, davantage situé sur la Floride).
Le logo a connu quelques aménagements au fil des ans. Les puristes diront que le contour des États-Unis restent imprécis, mais qu’importe. Le mariage du vert et du jaune, couleur des drapeaux du tournoi, donne une classe folle à l’ensemble.
Les « patrons » font tous forcément un passage obligé à la boutique pour ramener un souvenir logoté et ensuite pour l’arborer fièrement sur le parcours. De retour à la maison, le succès est assuré dans les club-houses du monde entier.
11) Le sandwich fromage-piment, tu goûteras
Les sandwiches proposés aux patrons à Augusta font presque l’objet d’un culte. Le plus fameux d’entre eux est le Pimento-Cheese (piment-fromage), qui coûte seulement 1,50 dollars et que les habitués s’arrachent !
Il ne s’agit pas d’un repas de fins gourmets, mais les tarifs peu élevés et la fascination autour de ces sandwiches rendent l’expérience quasiment incontournable.
⛳️🌺🥪 What are you ordering? #TheMasters pic.twitter.com/z4RcH547H9
— NUCLR GOLF (@NUCLRGOLF) March 30, 2024
Une anecdote pour comprendre l’adoration autour de ce simple sandwich ? Jusqu’à il y a environ 15 ans, le piment-fromage servi au Masters était préparé par un traiteur de Caroline du Sud. Le nouveau prestataire a dû à l’époque essayer 33 types de cheddar différents pour que la recette soit acceptée par le club…
12) En regardant les azalées, tu rougiras
Le parcours du Masters, c’est à la fois des trous iconiques (il n’y a pas que l’Amen Corner), des dénivelés incroyables que l’on ne peut deviner à la télé, des greens aux pentes diaboliques… Mais c’est aussi un décor enchanteur. Les azalées sont la fleur (ou plutôt l’arbuste) symbole du tournoi. Rouges, roses, blanches, elles embellissent les lieux à divers endroits et en particulier au trou n°13 qui porte son nom. Au départ comme autour du green.
Un an après sa victoire en 2017, Sergio Garcia est devenu papa et a prénommé sa fille… Azalea. Il avait sauvé un par miraculeux sur le trou n°13 en route vers la seule victoire en Majeur de l’Espagnol.
Et aussi…
On aime aussi, parmi les traditions du Masters, les ricochets tentés par les joueurs lors des parties de reconnaissance sur le trou n°16, les uniformes des caddies obligatoires pour tous (une grande combinaison blanche apparue à la fin des années 40 à la demande de Clifford Roberts), les différents trophées de cristal remis au meilleur scoreur du jour ou aux auteurs d’eagles ou d’albatros, et bien sûr l’indémodable petite musique du tournoi, le thème « Enjoy the sound ». « So Masters » !