À tout juste 19 ans, Nastasia Nadaud dispute sa seconde saison sur le Ladies European Tour où elle occupe la 24e place du général. La licenciée au golf d’Aix-les-Bains ne cesse d’impressionner avec quatre tops 10 cette saison, dont le dernier en date au Volvo Car Scandinavian Mixed il y a deux semaines. La Française vise bien entendu à moyen terme le LPGA. Après deux semaines de pause, la double lauréate sur le LETAS en 2022 alors qu’elle était encore amateure retrouvera les fairways cette semaine en Suisse.
Propos recueillis par Nathan CARDET.
GOLF PLANÈTE : Que retenez-vous de votre 7e place au Volvo Car Scandinavian Mixed ?
Nastasia NADAUD : C’était une super semaine. Je suis très contente. Je me suis bien battue dans des conditions loin d’être clémentes. J’aime bien jouer avec les garçons. Je trouve ça très intéressant parce que c’est un jeu différent, plus agressif, et je m’en inspire.
G.P. : Ce tournoi faisait suite à quatre autres… Sentiez-vous le besoin de couper ?
N.N. : Il y avait besoin d’un peu de repos car ce n’est pas viable d’enchaîner trop de tournois consécutifs. Il y a forcément un moment où l’on va lâcher mentalement et/ou physiquement. Je m’étais dit de ne pas en faire plus de quatre. Je ne l’ai pas respecté (rires). Mais c’était en Europe, donc ça allait. Je ne vais pas en faire plus de trois à la suite jusqu’à la fin de l’année. C’est important d’avoir des phases de récupération et de préparation.
G.P. : Comment expliquez-vous votre belle progression par rapport à l’an dernier ?
N.N. : Ma première année m’a vraiment servi, ça a été une année découverte pour voir les parcours, l’ambiance, où se situait mon niveau de jeu par rapport aux autres… Et j’ai très bien bossé cet hiver, de manière intensive. J’ai également passé quelques semaines à Dubaï pour appuyer où cela péchait un petit peu. Ça montre que ce travail commence à payer. Donc c’est super cool.
Le fait d’avoir beaucoup joué l’an dernier, ça m’a permis d’apprendre sur la gestion d’une semaine à l’autre
G.P. : Quels points péchaient justement ?
N.N. : Mon long jeu a toujours été très bon, donc je l’ai entretenu. J’ai surtout travaillé le wedging, le petit jeu et le putting. C’est là où j’avais un petit décalage et c’est bien plus solide cette année.
G.P. : Sentez-vous avoir grandi également ?
N.N. : Oui. Il y a une question de maturité, pas seulement golfique, mais aussi dans tout le reste, la manière de gérer les voyages notamment. Le fait d’avoir beaucoup joué l’an dernier m’a permis d’apprendre sur la gestion d’une semaine à l’autre. J’ai pu aussi mieux agencer mon calendrier cette saison.
G.P. : Quels étaient vos objectifs en début de saison ?
N.N. : Il y en a plusieurs, mais le principal, c’est de finir dans le top 30 de l’ordre du mérite. On n’est qu’à la moitié de la saison mais ça avance bien dans cette direction !
G.P. : Vous montrez beaucoup de régularité notamment avec 12 cuts passés consécutivement …
N.N. : Ça montre que ça tient la route physiquement et mentalement. Ça montre aussi que j’ai un niveau de jeu moyen qui me permet de bien scorer régulièrement.
G.P. : Comment avez-vous acté votre passage pro à 18 ans ?
N.N. : À la base, je voulais aller dans une université aux USA, comme beaucoup font. C’est le cursus logique. Après ma saison 2021 qui n’était pas top, j’avais décidé d’y aller au terme de ma saison 2022. J’ai justement fait une bonne saison en 2022. À ce moment-là, j’ai réfléchi et je me suis dit que c’était finalement peut-être le bon moment de me lancer dans une carrière pro. En allant 4 ans aux États-Unis, j’allais perdre mon environnement avec mes coaches, ma famille, mes amis, etc.
J’allais être un peu lâchée dans la nature sans être centrée à 100 % sur le golf. En fait, j’avais un peu peur de me perdre là-bas. Donc je me suis dit : « Je me lance tout de suite, on se donne à fond, si ça me plaît tant mieux, si ça ne me plaît pas tant pis et je pourrai toujours me rabattre sur des études après avoir tenté ma chance. »
G.P. : Ça s’est très vite enchaîné dans le bon sens avec les deux victoires sur le LETAS (elle était encore amateure) puis avec votre carte du LET obtenue en décembre 2022…
N.N. : Exactement. Ma première année sur le LET, j’ai réussi à garder ma carte, je m’en suis pas trop mal sortie et surtout j’ai adoré. Ça aurait pu ne pas me plaire tous ces voyages et l’ambiance, mais au contraire, ça me fait vibrer, j’adore ça. Donc, je suis super contente d’avoir fait ce choix.
J’étais un peu trop en observation en voyant Lydia Ko, Nelly Korda ou Charley Hull
G.P. : Avez-vous l’objectif d’aller jouer sur le LPGA ?
N.N. : C’est clairement l’objectif, mais j’ai beaucoup de mal à me donner une date pour savoir dans combien de temps je veux y aller. Ce qui est sûr c’est que je n’irai pas aux cartes du LPGA cette année. Je veux me donner à fond sur le LET et je verrai l’an prochain. Ça me semble un peu prématuré aujourd’hui car le LPGA, c’est vraiment un autre niveau. Je veux d’abord faire mes gammes sur le LET. Mais c’est sûr que jouer sur le LPGA et y performer, c’est l’objectif.
G.P. : Vous avez pu justement vous mesurer à plusieurs joueuses du LPGA lors des Aramco Team Series. Comment vous êtes-vous située par rapport à elles ?
N.N. : L’année dernière justement, je n’ai pas bien joué lors des Aramco Team Series car j’étais un peu trop en observation en voyant Lydia Ko, Nelly Korda ou Charley Hull. Le fait de jouer avec elles, je me suis mise un peu en dessous, dans une espèce de hiérarchie. Cette année, au contraire, je me suis beaucoup plus autorisée à bien jouer, peu importe le champ de joueuses. Je me suis dit que j’avais le droit de bien performer dans ce genre de gros tournois.
© Tristan Jones/LET