Longtemps en course pour la victoire à « The Open », l’Anglais Daniel Brown vient presque de nulle part et surtout revient du presque néant. Il a failli créer l’une des plus grandes surprises de l’histoire.
De notre envoyé spécial à Troon, G.B.
Clope au bec, on l’a vu avec un naturel désarmant faire des selfies avec des spectateurs à la fin de son 3e tour. Jetant ses mégots dans le rough, Daniel Brown a parfois agacé les puristes, mais il a surtout surpris et épaté son monde par la qualité de son golf.
Leader le premier jour grâce à un 65 sans bogey (il est devenu le premier homme à mener un premier Majeur après un premier tour sans-faute), il a repris les commandes du tournoi en plein déluge samedi après-midi, avant de les abandonner in extremis à Billy Horschel.
Mais qui est donc ce barbu de 29 ans, 272e mondial, dont le meilleur résultat sur ces huit derniers tournois avant le « British » était une 61e place au Scottish Open ?
Né le 11 octobre 1994 à Northallerton (dans le nord de l’Angleterre), Daniel Brown a d’abord été un excellent joueur amateur. Puis très vite, après un passage tardif chez les pros en 2017 et quelques déconvenues sur le Challenge Tour notamment (2 cuts franchis sur 13 tournois en 2018), il a semblé être dégoûté par son sport. Un vieux tweet vu son son compte X est réapparu en même temps qu’il crevait l’écran à Troon.
Je pourrais quitter le golf demain que ça ne me dérangerait pas, je préfère passer mon temps au bowling et au sexe intensif à plusieurs…
« Je pourrais quitter le golf demain que ça ne me dérangerait pas, je préfère passer mon temps au bowling et au sexe intensif à plusieurs », disait en substance le joueur en mode humour dépressif. Puis, il a même postulé pour travailler dans des supermarchés.
Mais peu à peu, il s’est reconstruit, a épousé cette carrière sur le circuit professionnel et a même gagné son premier titre sur le DP World Tour l’an passé en Irlande du Nord. Avant qu’une blessure au genou ne perturbe sa saison 2024 et entraîne cette série de très mauvais résultats.
Avant cette embellie.
Deux semaines avant de briller à Troon, il a dû passer par les qualifications. Son attrait pour les links, venu sur le tard, lui a permis de survoler l’épreuve à West Lancashire.
Caddeyé par son frère Ben, très bon joueur amateur et qui a manqué la « qualif » à West Lancashire, Brown ne se faisait pas une montagne de ce dimanche où sa vie de golfeur aurait pu complètement basculer.
« Je vais garder les pieds sur terre et me mettre au travail dimanche », a-t-il résumé samedi sans exprimer beaucoup d’émotions.
Le golf est un travail pour lui, mais il n’est passé très loin de créer l’une des plus grandes surprises de l’histoire de The Open comme Ben Curtis avant lui en 2003, lorsque l’Américain classé 396e joueur mondial s’était imposé au Royal St Georges ou Todd Hamilton ici même l’année suivante.
Good luck tomorrow @danbrown212 & @BenBrown272 in @TheOpen All Yorkshire is with you @YUGCUK Bring it 🏆home 👍 Come on Team Yorkshire 👊 pic.twitter.com/XdATZgLNZF
— Philip Woodcock (@Wooders13) July 20, 2024
A noter qu’un autre joueur a vu le bout du tunnel cette semaine à Troon. Il s’agit de Joe Dean qui disputait son premier Open à 30 ans après avoir dû prendre un boulot de chauffeur livreur il y a quelques années pour boucler ses fins de mois.
©David Cannon/R&A via Getty Images