Comme Victor Perez jeudi dernier chez les hommes, c’est Perrine Delacour qui aura le privilège ce mercredi de lancer à 9h00 le tournoi olympique féminin (en compagnie de l’Irlandaise Stephanie Meadow et de la Belge Manon de Roey). La Picarde qui demeure sur une bonne dynamique depuis plusieurs semaines…
Lionel VELLA
Comme Céline Boutier, Perrine Delacour va disputer à partir de mercredi ses deuxièmes Jeux olympiques, trois ans après Tokyo. Là-bas, au Pays du Soleil Levant, la Picarde avait pris la 29e place, deux coups devant sa compatriote et à treize longueurs derrière l’Américaine Nelly Korda, la médaillée d’or. De cette expérience, la Française, 30 ans depuis 5 avril, conserve un souvenir contrasté. La pandémie liée au Covid-19 avait en effet plombé ces Jeux. En termes d’ambiance, rien à voir avec ce qu’il se passe depuis une semaine sur tous les sites de Paris 2024.
« Le Covid avait tout chamboulé, souligne Perrine Delacour que nous avions rencontré le 6 juillet dernier au Golf National dans le cadre d’une journée media organisée par la Fédération française de golf (ffgolf). Mais il y a quand même des souvenirs qui marquent. Quand ils annoncent ton nom au départ du 1 et que La Marseillaise retentit, ça, ça fait quelque chose. Je sais que le premier départ mercredi au tee n°1 sera hyper émouvant. Ce sera très fort ! On peut être touchée par ces émotions. Ce sont justement des choses que je travaille au niveau du mental. »
Avec le Covid, on n’avait pas le droit d’arriver trop longtemps avant notre épreuve. Et deux ou trois jours après, on devait quitter le Japon.
Perrine Delacour
Présente à la cérémonie d’ouverture du 26 juillet au pied de la Tour Eiffel, elle n’avait pas goûté à ces moments intenses à Tokyo.
« J’étais arrivée après, explique-t-elle. Avec le Covid, on n’avait pas le droit d’arriver trop longtemps avant notre épreuve. Et deux ou trois jours après, on devait quitter le Japon. Mes premiers JO en fait, c’est un souvenir autour du golf. Alors oui, j’ai des choses qui me reviennent du village, le dernier jour avant de partir par exemple. Je me souviens de cet athlète canadien et qui avait gagné une médaille en athlétisme. J’avais fait : « Waouh ». J’avais aussi croisé le basketteur Evan Fournier. J’avais pris une photo avec lui. Mais de façon générale, ces Jeux à Tokyo, c’est une expérience bizarre. »
Les sensations seront forcément différentes cette semaine à Saint-Quentin-en-Yvelines pour l’actuelle 76e joueuse mondiale. La folie qui a entouré le tournoi masculin du 1er au 4 août devrait se poursuivre entre mercredi et samedi au Golf National. A l’instar de Matthieu Pavon et Victor Perez, elle est assurée de bénéficier d’un soutien sans faille du public tricolore. Un atout qu’il faudra utiliser à bon escient, sans trop se mettre de pression non plus.
Le soutien va être important. Il va falloir surfer dessus à fond, en profiter. Cela peut être aussi un frein mais je le prends plutôt positivement.
Perrine Delacour
« Il y aura de l’attente, c’est évident, confirme Perrine Delacour. Au niveau médiatique mais aussi au niveau personnel. On est dans notre pays. On a envie de bien performer. Le soutien va être important. Il va falloir surfer dessus à fond, en profiter. Cela peut être aussi un frein mais je le prends plutôt positivement. Je sais que j’aurais autour de mois les personnes qui me soutiennent à fond dans ce projet. »
Le mental, c’est quelque part la clé du jeu de Perrine Delacour. Le même qui peut lui jouer parfois des mauvais tours, comme lors de ce dimanche terrible en 2022 à Evian où elle était sortie en pleurs du recording après avoir signé une très lourde carte de 79 (+8).
« J’ai la chance d’avoir avec moi ma prépa mentale (Ndlr, Amélie Cazé, qui était déjà à Evian) et ma psy, Elise Anckaert, souffle-t-elle. Le mental, c’est aussi important qu’un swing ou un putt. Pour moi qui ait vécu un burn out il n’y a pas si longtemps, c’est même plus important… Je suis beaucoup dans l’humain et c’est le paramètre essentiel. C’est pour cela aussi que j’ai décidé d’être entourée d’une équipe 100 % française et qui est disponible pendant les Jeux (et en amont). »
Le facteur chance n’est pas de mon côté pour l’instant. Il faut persévérer. J’ai vécu des blessures assez rapidement dans ma carrière et je m’en suis à chaque sortie plus forte.
Perrine Delacour
En termes sportifs, la Picarde du LPGA reste sur de bons résultats. Victorieuse pour la première fois sur le Ladies European Tour (LET) le 2 juin en Suède au Dormy Open Helsingborg, elle a pris la 49e place à Evian le 14 juillet avant de faire 5e au Dutch Ladies Open une semaine plus tard.
« En Suède, j’étais seule sur le sac, rappelle-t-elle. J’ai fait une très bonne saison en 2023 (Ndlr, 20 cuts passés sur 23 tournois joués) mais je ne fais pas celle que je souhaitais cette année. Le doute s’installe, quand les résultats remettent tout en question. Le facteur chance n’est pas de mon côté pour l’instant. Il faut persévérer. J’ai vécu des blessures assez rapidement dans ma carrière et je m’en suis à chaque sortie plus forte. »
Le Championnat de France sur l’Albatros il y a… 14 ans
Du parcours de l’Albatros, hôte entre mercredi et samedi de ce tournoi féminin olympique, Perrine Delacour le résume en trois mots : Exigeant. Links. Respect.
« Je l’ai joué en Championnat de France, il y a 14 ans, se souvient-elle en guise de conclusion. Cela fait dix ans que je suis sur le Tour. Je sais que c’est parcours très exigeant à la base. C’est presque très bien d’avoir eu Evian en amont de cette échéance car c’est aussi un parcours qu’il faut respecter. Il ne faut pas l’agresser. Car sinon… »
Photo : Philippe Millereau / KMSP