En 2008, Jean-François Lucquin a remporté son unique titre sur le circuit européen lors de l’Omega European Masters. Devenu entraîneur, il accompagne cette semaine son poulain Tom Vaillant pour sa première participation à l’épreuve.
Propos recueillis par Nathan Cardet, à Crans-Montana
Golf Planète : Quel souvenir gardez-vous de votre victoire ici à Crans-Montana ?
Jean-François Lucquin : C’est mon meilleur souvenir golfique ! Une victoire en play-off face à Rory McIlroy, c’est gravé à vie. J’ai toujours ces petits papillons dans le ventre quand je remonte à la station. Maintenant, je suis entraîneur, de l’autre côté des cordes. Mais voilà, ça a vraiment été un gros tournant dans ma vie.
G.P. Vous parlez du play-off, le scénario a été un peu fou…
J.L. Oui, je mets quatre birdies, aucun bogey lors du dernier tour. Rory McIlory fait bogey au 18 (il rate 1m50) et on part en play-off. Il manque une première chance à trois mètres sur le premier trou, derrière il loupe un tout petit putt. Moi, je mets le birdie, l’histoire était belle. À l’époque, je vivais à Genève, j’avais tous mes potes et ma famille avec moi, c’était vraiment top !
G.P. Quand on connaît la carrière de Rory McIlory, ça donne encore plus de poids à cette performance…
J.L. Il avait 19 ans, il n’avait pas encore gagné mais ça commençait à être la star montante. Je suis content quand il joue bien car tout le monde me parle de ça derrière (rires).
G.P. Revenir à Crans vous procure-t-il toujours autant d’émotion ?
J.L. Ça restera à vie un endroit particulier pour moi. Quand je suis sur le parcours, je me souviens de mes coups. D’être en photo dans le clubhouse, la plaque dans la rue avec mon nom et ma signature, et quand on voit les autres noms sur le trophée, je suis très content de faire partie de cette histoire. Et je suis très content d’amener mon petit Tom (Vaillant) ici.
G.P. Justement, il nous a confié qu’une des premières choses que vous lui aviez dites après sa montée, c’est que vous alliez venir à Crans-Montana ensemble…
J.L. Oui, c’était à la finale du Challenge Tour à Majorque l’an dernier. Il fallait qu’il termine sur le podium, il a finalement pris la deuxième place. Je le vois, il pleure, moi aussi évidemment. Et la première chose que je lui dis c’est : « mec, on va aller à Crans-Montana tous les deux ». Je suis content de le voir ici, qu’il ait passé le cut après une belle bataille. Il s’est battu comme un chien, c’est super.
Entraîner un mec comme lui, c’est canon
G.P. Que pouvez-vous nous dire sur le joueur et sur votre relation ?
J.L. Je l’entraîne depuis 5 ans maintenant, on a une relation bien plus profonde que prof/élève. On est même amis, après il y a une frontière à ne pas franchir mais il y a énormément de respect entre nous deux. Entraîner un mec comme lui, c’est canon. J’espère et je pense qu’il va faire une belle carrière puisqu’il a tout pour lui. Il faut juste qu’il arrive à débloquer 2-3 trucs dans sa tronche pour qu’il se rende compte qu’il est vraiment bon. Pour l’instant, c’est une saison correcte, il faut bien finir et continuer à bosser. On est vraiment une équipe, un bon duo.
G.P. Quels conseils lui avez-vous donnés pour affronter le Crans-sur-Sierre Golf Club ?
J.L. Je lui ai dit qu’il fallait être bon au wedging parce que c’est tellement dur avec l’altitude et le vent. Lui a un peu de mal à jouer dans le vent donc il faut qu’on bosse ça. Il ne sait pas comment jouer le coup dans ces conditions. Mais les conseils, c’était de prendre un maximum de greens et d’avoir un très bon long jeu.
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