Ce mercredi 2 octobre, Jean Garaialde fêtera son anniversaire avec ses amis fidèles dans sa ville de Ciboure au Pays basque où il est né en 1934.
Golf Planète, avec respect et amitié, souhaite lui présenter ses vœux les plus chaleureux, à lui, le plus grand golfeur français de tous les temps.
Notre fondateur, Roland Machenaud, au nom de notre équipe, lui dédie ces quelques lignes ; vous pouvez envoyer vos vœux et vos témoignages à roland.machenaud@golfplanete.com. Nous lui ferons passer avec grand plaisir.
« J’ai fait deux fois le tour du monde à pied avec des chaussures à clous. Alors… ! »
Jean Garaialde a arrêté la pratique du golf mais sa passion reste intacte. Cette semaine, chez lui à Ciboure au Pays basque, il fêtera ses 90 ans avec ses amis. Simplement mais chaleureusement, à sa manière. Émile, Michel, Battite, Dominique, Xan et les autres seront là !
Les années passent et si les jambes ne répondent pas comme avant, il ne se plaint pas : « Pas étonnant qu’après avoir passé ma vie à fouler tant de parcours de golf, la machine se déglingue un peu. Notre ami André-Jean Lafaurie m’avait confié un jour que, selon ses calculs, j’avais parcouru plus de deux fois le tour du monde, comme ça, sur du gazon avec des chaussures à clous ! Alors aujourd’hui, en me promenant le long de la Nivelle, je mesure la chance qui m’a accompagné et je profite de ce Pays basque qui m’a vu naitre il y a donc 90 ans ! ».
Cet été, alors que je récupérais d’une opération du dos, j’ai souvent marché avec mon ami et voisin cibourien.
Cannes à la main et souvenirs au cœur.
Ce qui frappe chez Jean, ou Jeannot pour les intimes, c’est cette extraordinaire lucidité sur le sport et la vie. Avec un équilibre entre élégance, liberté et justice qu’il déploie avec discrétion, à la basque. À l’opposé des fanfarons à la mode qui oublient de s’incliner devant son palmarès sportif : 17 fois champion de France, 87 victoires dont la plus célèbre à l’Open de Suède en 1970 face à Jack Nicklaus, recordman mondial des sélections dans la Coupe du Monde avec 25 participations, etc.
Et pour atteindre ces sommets, il a toujours été seul. Les temps ont changé ! Les jeunes d’aujourd’hui à qui il a montré la voie ne peuvent pas comprendre.
Demandez à Bernard Pascassio, son « frère » fidèle : il a tellement d’histoires à vous raconter!
Si le classement mondial avait existé, jamais un Français n’aurait été aussi bien placé : et à coup sûr, sur le podium !
Quels souvenirs ? : « Mes souvenirs que je garde au plus profond de moi sont liés à mon enfance. Mon frère Michel et moi avons eu la chance d’avoir un père qui fut un grand professeur de golf à Chantaco : il nous a transmis le virus dès notre tendre jeunesse. Mon premier souvenir fort est simplement ma volonté de réussir comme champion de golf alors que j’étais adolescent. Exactement à 14 ans où je m’étais fixé déjà deux objectifs : gagner le championnat de France et gagner l’Open de France. Objectifs atteints et dépassés quelques années plus tard.
Mais mon souvenir le plus vif, celui qui restera toujours ancré dans ma tête et dans mon cœur, est sans conteste ma victoire à l’Open suédois Volvo en 1970 après avoir battu l’immense Jack Nicklaus ! Enfin, je retiendrais ma victoire l’année précédente, en 1969, quand je gagnais l’Open de France à Saint-Nom-La-Bretèche en battant en play-off le champion argentin Roberto di Vicenzo qui faisait alors partie des cinq meilleurs joueurs de golf du monde. »
Et les regrets ? « Je n’ai pas un regret mais deux regrets.
Le premier vient du fait qu’à mon époque, on accordait moins d’importance à la préparation physique. Ainsi, je n’ai pas pu développer mes potentialités physiques comme je l’aurais voulu. Mes points forts étaient ma régularité et ma volonté de réussir… De mon temps, seul un grand champion comme Gary Player avait compris l’enjeu d’une bonne préparation physique.
L’autre regret est plus personnel et plus local : j’aurais aimé accompagner un jeune Basque sur les plus hautes marches du golf mondial, à l’instar de Txema Olazabal. Ni l’occasion ni les circonstances ne l’ont voulu. Est-ce que notre pays nous offre des conditions de vie trop favorables pour exiger efforts et sacrifices ? »
Jean nous confie alors qu’il aurait aussi bien aimé jouer sa partie de rêve avec « mon ami Gary Player, le seigneur Ben Hogan et le génial Tiger Woods. On aurait pu faire une exception et jouer à 6 avec mon autre ami Seve Ballesteros et Miguel Angel Jimenez, « El Fenomeno » ! »
Mais assez parlé ! Jean repart chez lui, au sixième et dernier étage d’un immeuble moderne bâti sur les anciens terrains des conserveries du port de Ciboure. Un tournoi européen ou un match de rugby l’attend à la télévision. Demain, on continuera à refaire le monde.
Avec lucidité, expertise et espoir.
Bon anniversaire, Jean Garaialde !
Zorionak, milesker eta laster arte !
Roland Machenaud
Photo de couverture : Jean Garaialde dégustant une omelette aux cèpes à Chantaco à Saint-Jean-de-Luz qui a vu grandir l’autre grande championne locale : Catherine Lacoste, aujourd’hui résidant principalement en Andalousie
Photos : Golf Planète