Chronique

« Avant, je n’aimais pas la Presidents Cup. Mais ça, c’était avant ! »

1 octobre 2024
SpiethThomasPresidentsCup2022 Warren Little/Getty Images/AFP

Certes, l’équipe Internationale s’est encore inclinée dans une Presidents Cup qui reste chasse gardée d’une Team US décidément bien difficile à battre lorsqu’elle ne joue pas en Europe. Mais cette année, le début d’élan aperçu à Quail Hollow en 2022 semble s’être transformé en espoir pour les années futures. Un rééquilibrage des forces en présence est-il vraiment en marche ? Il servirait l’intérêt que l’on porte à cette compétition, finalement plus si éloignée de notre vénérable Ryder Cup. C’est une bonne nouvelle lorsque l’on aime le golf, car, a priori, se passionner pour cette édition 2024, qu’on promettait une nouvelle fois perdue d’avance pour les Internationaux, ce n’était pas gagné…

 

Par Simon DUTIN

Jeudi 26 Septembre 2024, Paris, à 5 502 km de Montréal.

« …Alors que démarre ce jeudi sur le parcours du Royal Montréal la 15ème édition de la Presidents Cup… »

Attends pardon qu’est-ce qu’il a dit là ??! La combientième de Presidents Cup ??? 15 ??? Ils ont dû mal compter… À moins que ce ne soit moi… Bah oui, ça doit être moi.

30 ans que ça existe ?? Mais qu’est-ce que je faisais durant toutes ces années? Je me promenais avec mon chien en bord d’autoroute ? Je rangeais mes chaussettes ? Je cuvais mes soirées étudiantes ? Je regardais des matchs de foot entre le 13ème et le 17ème de Ligue 1 ? J’allais au supermarché ? Les occupations ne manquent en effet pas durant les week-ends d’Automne, il suffit d’avoir des idées. Celle de me planter devant la Presidents Cup ne m’avait pourtant jamais effleuré.

Ce match exhibition géant, servant de défouloir à l’Oncle Sam n’était qu’un ersatz de Ryder Cup à la gloire du Star & Stripes.

Une façon de se prouver outre-Atlantique que le collectif, régulièrement désintégré (au moins sur le Vieux Continent) par la Team Europe n’était pas qu’un vœu pieu, mais bien plus qu’une promesse publicitaire…

Une ou deux victoires de plus des Internationaux au milieu de ce carnage aurait certainement contribué à booster un peu la hype autour de cette compétition !

Oui parce qu’en refaisant les comptes, mea culpa, c’est bien la 15ème Presidents Cup. Ce qui me le prouve ? Les 12 victoires de la Team US depuis la création de l’épreuve en 1994. 12 victoires et donc 2 défaites face à la valeureuse équipe du « reste du monde ». Alors déjà, sachez qu’on ne dit pas « reste du monde » mais team Internationale, et que non, ce n’est pas 2 mais 1 SEULE défaite des Américains, puisqu’en 2003, en Afrique du Sud, le partage avec les joueurs du capitaine Player avait permis à Jack Nicklaus et ses boys de conserver leur trophée.

12 – 1 – 1 en 14 éditions donc, et on se demande pourquoi cette Presidents Cup m’excitait autant qu’une session de repassage ou une conférence sur la production d’enzymes industrielles. C’est vrai quoi, une ou deux victoires de plus des Internationaux au milieu de ce carnage aurait certainement contribué à booster un peu la hype autour de cette compétition ! Apparemment, ce n’est pas l’avis de Jim Furyk, le capitaine de la Team US, dont les fils se sont touchés en conférence de presse lorsqu’un confrère, américain de surcroît, a osé lui faire la même suggestion.

Il est sympa Jim… furieux mais c’est la preuve que je ne suis pas le seul à le penser. Cœur sur toi Adam Schupack (Golfweek), journaliste, c’est un métier. Au nom de quel masochisme me serais-je en effet offert le supplice de voir Justin Thomas ou Keegan Bradley fist pumper et hurler leur rage victorieuse tous yeux exorbités ? Pourquoi aurais-je choisi de subir la condescendance triomphante de Phil et Tiger sur un champ, certes en progrès mais surtout déjà très content d’être invité à jouter face aux big dogs de la planète golf ?

Une nette amélioration au niveau de la cohésion et de l’esprit de corps, de l’hôtel jusqu’au practice.

Ce n’est, en effet, pas faire offense aux Ernie Els, Vijay Singh ou autre Adam Scott que de constater que les « Internationaux » ont plus souvent ressemblé à un troupeau expiatoire qu’à une armée en mission. Vous me direz que le team spirit est plus long à construire d’Adélaïde à Johannesburg (surtout s’il faut passer par Tokyo, Séoul ou Lautoka) que de la Floride à la Californie. De fait, l’esprit d’équipe de la Team Inter a longtemps plus rappelé celui des parisiens sur le quai du métro bondé ou des clients à l’ouverture des grilles du black friday qu’à une équipe armée de la même fierté et volonté de gagner.

Mais voilà, la petite balle blanche ne cesse de rouler aux quatre coins du monde, et l’un des paradoxes de ce golf qui s’universalise est que les meilleurs joueurs issus des pays le plus éloignés, géographiquement ou culturellement, se côtoient désormais quotidiennement depuis plus de deux décennies sur le meilleur circuit mondial. (Article certifié sans 100 % sans LIV).

Devenu l’un des leaders expérimentés de cette équipe Internationale, l’australien Jason Day (décidément on ne les voit pas grandir), déclarait en début de semaine aux médias, qu’après avoir raté les deux dernières éditions, il avait noté, en effectuant son retour, une nette amélioration au niveau de la cohésion et de l’esprit de corps, de l’hôtel jusqu’au practice.

Le fantas(ti)que joueur coréen avait enfin allumé une petite loupiote au-dessus du porche de cette auberge-espagnole-sans-espagnol cinq étoiles.

Forcément, si on nous prend par les sentiments… Peut-être faut-il admettre une petite part de dédain européano-centré, même si ce n’est pas notre genre, et s’avouer enfin qu’un joueur coréen faisant équipe avec un joueur australien n’est pas plus contre-nature qu’un Français avec un Anglais (au hasard).

« L’esprit d’équipe » est l’un des poncifs les plus… poncés de notre belle profession. Un poncif qui se traduit… par d’autres poncifs : la fierté de représenter les couleurs, la rage de vaincre, la haine de la défaite, j’en passe, autant de choses qu’on n’a pas toujours ressenti dans le langage corporel des joueurs de l’équipe internationale. Rien n’est jamais acquis, au golf encore plus qu’ailleurs, mais je l’avoue, Quail Hollow en 2022 avait déjà produit en moi une petite étincelle. En Caroline du Nord, Tom Kim, jeune effronté surdoué avait prouvé qu’on peut s’improviser chef de meute à 20 ans seulement.

Son coup de fer 2 pour planter le mat du 18 et remporter son match face à Cantlay avait déjà bien secoué le cocotier de la team inter. (Dommage du coup qu’il parte pour deux ans de service militaire dans son pays). Mais mon moment préféré, cela avait été le doigt sur la bouche de Si Woo Kim. En faisant ravaler son fist pump à Justin Thomas sur le green du trou n°15, le fantas(ti)que joueur coréen avait enfin allumé une petite loupiote au-dessus du porche de cette auberge-espagnole-sans-espagnol cinq étoiles.

« Après tout, ces types détestent autant que nous perdre face aux Américains » avais-je tenté de me convaincre. Marre de servir de divertissement pour biennale du cirque à la gloire des empereurs yankees. Fini, la plaisanterie avait alors voulu dire Si « Who » Kim à un JT qui avait confessé n’avoir pas du tout apprécié le « shushing » de son adversaire. Un genre de provocation tout à fait étrangère, comme tout le monde le sait, au logiciel du joueur de Louisville.

 

Régionaux de l’étape

Certes Thomas a perdu le match mais gagné la coupe (pour la 3ème fois). Mais l’espoir ne faisait alors que naître. Pour cette édition 2024, même sans les joueurs du LIV (du quoi?), dont l’absence pénalise encore plus la team Internationale (Smith, Niemann, Leishman…) que la team US (Bryson, BrooksDustin ? Non je déconne) on sent qu’une victoire ne serait plus un exploit mais une possibilité. Adam Scott en vieux sage imperturbable, Jason Day et Hideki Matsuyama en leaders, Si Woo Kim et Tom Kim en pyromanes, Min Woo Lee capable de tout, et puis, les (alerte poncif) « régionaux de l’étape », les trois joueurs canadiens, dans l’équipe du capitaine canadien, pour cette édition… au Canada.

Cette fois c’est sûr, le home advantage peut fonctionner à plein. Quand on voit le bazar que les fans sont capables de mettre chaque année lors du Canadian Open, on a envie de voir comment le slogan « Weir here for Weir » (Nous sommes là pour Weir, le capitaine) va se transformer en ambiance autour des fairways du Royal Montréal. On ne sait jamais, si ça démarre bien, on peut, à défaut de remporter la Coupe (mais pourquoi je dis « on » au fait ??), au moins s’offrir une belle bataille et un superbe week-end de golf. Pour ça, surtout, espérons que la Team INT ne démarre pas en prenant une raclée le premier jour en 4 balles… Parce que si jamais ça se passe comme ça, je remballe mes espoirs, j’éteins la TV, et je retourne ranger mes chaussettes.

 

Photo : Warren Little/Getty Images/AFP

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