Grâce à une belle saison rythmée par huit tops 10, Benjamin Hébert va retrouver en 2025 le DP World Tour après deux saisons sur le Challenge Tour, un circuit qu’il considère difficile.
N.C., à Port d’Alcúdia
C’est avec un peu de légèreté que Benjamin Hébert a pu aborder la Rolex Challenge Tour Grand Final. Treizième du général après les deux tournois en Chine, le sextuple vainqueur sur le Challenge Tour comptait 240 points d’avance sur le 23e et premier non-qualifié pour le DP World Tour à l’aube de la finale.
Bien entendu, il restait de l’enjeu pour le Briviste. « Déjà, prendre du plaisir parce que le Challenge Tour, ce n’est pas forcément une partie de plaisir, notamment quand tu joues la remontée. C’est stressant, difficile aussi car les parcours ne te lâchent jamais. Ce n’est pas évident cette semaine parce que l’objectif sportif, entre guillemets, il est fait avec cette remontée. Mais après, il y a quand même cet objectif d’essayer de finir le mieux possible… »
De la fatigue
La saison a été longue pour celui qui compte 262 départs sur le DP World Tour. Il joue en effet cette semaine son 24e tournoi de la saison sur la 2e division européenne, et la motivation n’a pas été facile à trouver pour cette ultime rendez-vous.
« Je suis un petit peu fatigué, c’est la fin d’année, on a quand même poussé assez fort cet été pour essayer d’arriver justement ici sans trop de pression. J’ai parlé de cette motivation avec mon préparateur mental avant cette finale. Je pense que la carte était plus ou moins faite après le Swiss Challenge (26-29 septembre). Déjà en Chine, j’avais du mal à trouver la concentration. J’avais l’esprit un peu ailleurs. Je voulais tellement arriver sur la fin d’année sans avoir la pression du résultat… Franchement, ça a été dur psychologiquement et physiquement. »
Huit tops 10
Benjamin Hébert a pu arriver à Majorque sans trop de pression grâce à ses très bons résultats tout au long de la saison. Le Français a enregistré huit tops 10, dont une deuxième place après un play-off perdu à la fin du mois de juin au Vaudreuil. Il n’en avait obtenu que deux en 2023 pour son retour sur le Challenge Tour. À noter également qu’il n’a manqué que trois cuts en 2024.
« Je suis beaucoup plus consistant que l’année dernière, confirme-t-il. J’ai surtout fait des très bons week-ends. En première partie de saison, j’étais souvent juste à la limite du cut le vendredi et je remontais le samedi. J’ai essayé d’être en position dès les premiers jours à partir de la deuxième partie de saison et ça a payé. Les autres joueurs ont pour la plupart 25 ans autour de moi, ils jouent vraiment très bien au golf, ce n’est pas évident. Moi, j’ai 37 ans, je me sens un peu vieillot dans tout ça mais j’ai de l’expérience, je me repose sur mon jeu que je connais évidemment bien. J’ai réussi à remettre de l’ordre un peu dans tout ça en début d’année. Il y a eu beaucoup de bonnes choses mais c’est surtout la consistance qui est revenue. »
Un circuit difficile
Celui qui a remporté une épreuve sur l’Alps Tour en 2009 n’est pas malheureux de quitter à nouveau le Challenge Tour. Comme pour son compatriote Grégory Bourdy, il est pour lui plus difficile de monter sur le DP World Tour que d’y conserver sa carte.
« Il n’y a que 20 places pour monter alors qu’il y en a 115 qui conservent leur carte au niveau au-dessus. Sur le Challenge Tour, tu peux jouer quasiment sans taper le drive, alors que sur le DP World Tour, c’est plus des vrais parcours, il faut le sortir plus souvent, je préfère. Les jeunes sur le Challenge Tour, ils sont hyper agressifs. La semaine où ça passe, ils jouent -25 et gagnent avec dix coups d’avance, et les autres, ils ne passent pas le cut. Ce n’est pas bien grave car il vaut mieux gagner une fois que finir quatre fois 20e. »
Il n’y a que les tops 5 qui font la différence au général
« Et moi, j’ai eu beaucoup de mal à me mettre ça dans la tête parce que ce n’est pas trop ma philosophie. Je peux être agressif à certains moments mais je n’aime pas l’être dès le départ, le premier jour. Sur le DP World Tour, il faut parfois serrer le jeu pour une 10e ou une 15e place car ça fait rentrer des points. À l’inverse, en étant 12e à trois trous de la fin sur le Challenge Tour, il faut appuyer sur le champignon, car 12e ou 25e au final, c’est presque pareil. Il n’y a que les tops 5 qui font la différence au général. »
Deux autres tournois en 2024
Benjamin Hébert pourra théoriquement retrouver l’élite européenne dès le milieu du mois de novembre avec les épreuves en Australie. Mais il faudra attendre le mois suivant pour voir le golfeur rattaché au Golf de Moliets (40) retrouver les fairways. Se sent-il prêt ? Le sympathique garçon préfère penser à ses prochaines semaines de repos.
« Je pense surtout à mes vacances, sourit le Briviste. Je ne veux pas trop me projeter même si j’ai pris les devants en m’organisant avec les vacances, les périodes d’entraînement et les deux tournois de fin d’année que je veux jouer (Alfred Dunhill Championship et Maurice). Après on verra, parce qu’on n’a toujours pas de calendrier à partir de janvier. Et puis ça fait partie de mon travail mental de rester dans le moment présent, ne pas trop penser au passé, ni à ce qu’il y a devant. Je dois finir le job là, maintenant, et après, je partirai en vacances. »
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