Ils le côtoient sur le PGA Tour ou l’ont suivi de très près lors de la récente Team Cup, où Matthieu Pavon a fait une très forte impression. Parmi eux, le capitaine de la Team Europe pour la prochaine Ryder Cup à Bethpage, Luke Donald… L’Anglais a en effet pu constater à Abou Dhabi, malgré la cuisante défaite des Continentaux, que le Français avait l’étoffe pour s’installer dans l’équipe qui ira défier les Etats-Unis dans la banlieue de New-York du 26 au 28 septembre.
L.V. avec Bernie McGUIRE et Fatiha BETSCHER, nos correspondants à Dubaï
Quelques heures seulement après la victoire sans appel des Iles Britanniques et de l’Irlande sur l’Europe Continentale (17-8), Paul McGinley, le Monsieur stratégie auprès de Luke Donald, capitaine européen vainqueur à Rome et de nouveau capitaine pour le voyage périlleux à Bethpage en septembre prochain, a été dithyrambique au sujet de Matthieu Pavon.
« Il s’est distingué, et même s’il a fait partie d’une équipe qui a perdu, il a eu beaucoup de cran, avait souligné l’Irlandais. Ce n’est un secret pour personne que nous envisageons deux ou trois (nouvelles) recrues. Nous envisageons cette Ryder Cup d’une manière très différente de celle dont nous avons envisagé les précédentes éditions à l’extérieur. »
« Ce que nous recherchons particulièrement, c’est de la personnalité, de la ruse et du courage, quelqu’un qui peut jouer dans un environnement hostile, quelqu’un qui a un avantage par rapport à cela et, je pense que Pavon apporte toutes ces « garanties », poursuit l’ancien capitaine victorieux en 2014 en Ryder Cup à Gleneagles (Ecosse). Il vient de connaître une très grande année sur le PGA Tour, il sera encore une fois présent dans les Majeurs cette saison mais également dans tous les Signature Events. Ce sera intéressant de voir comment il joue. Mais sur ce que j’ai vu, il a l’air très, très fort. »
Il a joué un golf très solide. Il était impressionnant. Il a aussi affiché le bon état d’esprit pour jouer en match-play.
Luke Donald
Luke Donald, justement, a lui aussi été « bluffé » par le sang-froid du Bordelais, vainqueur de trois de ses quatre matches en Team Cup (associé à chaque fois en double avec Romain Langasque). Et pourtant, le Français venait d’effectuer un très long périple vers les Emirats arabes unis depuis… Hawaï où il participait au Sentry, premier Signature Event de la saison 2025 du PGA Tour.
« C’était génial de voir son niveau d’implication, résume l’Anglais. Il est venu depuis Hawaï jusqu’ici et je pense qu’il a bien mis à profit ce long voyage. Il a joué un golf très solide. Il était impressionnant. Il a aussi affiché le bon état d’esprit pour jouer en match-play. C’était bien de le voir composer avec ces circonstances pas évidentes et cet important décalage horaire. »
« Le fait d’avoir gagné comme ça si vite aux Etats-Unis, cela lui a ôté de la pression, ajoute l’ancien n°1 mondial. Il a récupéré deux ans d’exemption et tout ce qu’une victoire peut ouvrir comme portes. Cela lui a permis de prendre beaucoup de confiance en lui.
On est toujours à la recherche de joueurs qui progressent et s’améliorent. C’est clairement ce qu’il a fait. Il a fait un grand bond en avant au cours des 18 derniers mois. »
Ce serait sa première Ryder Cup en Amérique, ce qui ajoute une couche supplémentaire de difficulté. Mais il semble qu’il n’a aucun problème à se mettre en avant, ce qui est probablement une des priorités principales.
Nicolas Colsaerts
Observateur privilégié auprès de Luke Donald dans cette Team Cup, Nicolas Colsaerts, qui devrait être confirmé dans quelques jours à son poste de vice-capitaine de Ryder Cup (comme à Rome), a lui aussi été convaincu par le potentiel du joueur tricolore qui remet son titre en jeu cette semaine à Torrey Pines (Californie) pour le Farmers Insurance Open.
« Il a été une révélation majeure lors de la Team Cup, lâche le Belge. Je pense que cela a juste confirmé ce que nous pensions de lui. Il a grandi dans une famille où le sport d’équipe a toujours été une priorité, notamment avec son père (Ndlr, Michel Pavon, footballeur pro à Toulouse et à Bordeaux). Donc, il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il allait comprendre comment se comporter dans un environnement d’équipe. Et puis, en termes de golf, il a été extrêmement bon. Il a extrêmement bien joué. Il a été opposé à Tommy (Fleetwood) qui a joué exceptionnellement bien, ce qui était en fait un très bon test pour voir ce qu’il allait donner. Je pense qu’il a coché quelques cases. »
« Le fait que Matthieu a gagné rapidement l’an passé sur le PGA Tour a surpris beaucoup de monde, continue l’ancien vainqueur de la Ryder Cup en 2012 à Medinah (Illinois). Etre un bon joueur, c’est une chose. Cela en est une autre de s’imposer en quelques semaines aux États-Unis. Il a réalisé une énorme saison là-bas. Est-ce qu’il pourrait faire le voyage à Bethpage ? Oui, bien sûr. Je pense que beaucoup de personnes impliquées seraient tout à fait à l’aise avec le fait qu’il intègre l’équipe. Après, ce serait sa première Ryder Cup en Amérique, ce qui ajoute une couche supplémentaire de difficulté. Mais il semble qu’il n’a aucun problème à se mettre en avant, ce qui est probablement une des priorités principales. Je ne le connais pas vraiment bien, même si on parle la même langue. Mais je pense qu’il a convaincu beaucoup de monde. »
Si Luke pense à lui pour une wild card, c’est une option solide, on sait qu’il joue très bien, qu’il a gagné en Amérique, donc il a beaucoup d’atouts.
Tommy Fleetwood
Une impression confirmée par son adversaire lors des simples dans cette Team Cup 2025. Tommy Fleetwood, victorieux 3&1 en produisant un jeu de golf incroyable (-7 après 9 trous), rend lui aussi hommage à son adversaire d’un jour.
« Il a un jeu incroyablement fort, souffle l’Anglais, n°11 mondial au 19 janvier 2025. Je pense qu’il a pris énormément confiance en lui. J’ai dit la semaine dernière que j’adorerais l’affronter en simple. C’est un compliment absolu pour lui. Je voulais pouvoir tester mon jeu contre quelqu’un qui joue très bien et qui est haut dans le classement mondial. Donc pour moi, je lui ferai le plus grand compliment en disant que j’étais très excité de jouer contre lui. Si Luke pense à lui pour une wild card, c’est une option solide, on sait qu’il joue très bien, qu’il a gagné en Amérique, donc il a beaucoup d’atouts. »
Ce qu’il a réalisé l’an passé, c’est assez incroyable. Il se rapproche d’une sélection pour la Ryder Cup. Nous avons besoin de joueurs solides.
Viktor Hovland
Auteur d’une Ryder Cup de feu en 2023 à Rome (3 victoires, 1 nul, 1 défaite), Viktor Hovland, assurément l’un des piliers de l’équipe européenne à Bethpage dans huit mois, avoue de son côté ne pas très bien connaître Matthieu Pavon. Mais il reconnait avoir été impressionné par sa victoire rapide au Farmers l’an passé, un gage de confiance quand on évolue sur le circuit professionnel le plus relevé au monde.
« Je ne le connais pas très bien, s’excuse-t-il. Nous n’avons jamais joué ensemble. Je sais qu’il a fait l’essentiel de sa carrière sur le Tour européen. Je ne l’ai pas suivi de très près mais je savais que c’était un bon joueur. Il a gagné très rapidement aux Etats-Unis et ça, c’est assez incroyable. Cela démontre à quel point beaucoup de gars sont proches, même s’ils ne se sont pas encore totalement établis. C’est ce qui m’est arrivé aussi. Au début, vous ne réalisez pas à quel point c’est difficile de gagner (sur le PGA Tour). Pour moi, je pense que c’est une bonne chose de gagner tôt. Si je devais lui donner un conseil, c’est de continuer à faire ce qu’il fait, avoir confiance en lui. Ce qu’il a réalisé l’an passé, c’est assez incroyable. Il se rapproche d’une sélection pour la Ryder Cup. Nous avons besoin de joueurs solides. »