Particulièrement touchée par le « JO Blues » après Jeux olympiques de Paris 2024, Perrine Delacour va disputer une saison complète sur le Ladies European Tour cette année. Sacrée en Suède l’an passé, la golfeuse de 30 ans espère retourner aux États-Unis, tout en songeant à arrêter le golf professionnel avant les JO 2028.
Propos recueillis par David Charpenet à Rabat,
GOLF PLANÈTE : Vous êtes professionnelle depuis 2013, mais vous êtes presque une débutante sur le Ladies European Tour !
PERRINE DELACOUR : L’année dernière j’étais effectivement rookie sur le Ladies European Tour. C’est marrant parce que j’ai quand même joué plusieurs saisons partielles sur le LET, mais c’était ma première vraie saison de rookie. L’an passé, j’ai joué quelques tournois et j’en ai gagné un. Mais cette année, je vais vraiment me concentrer sur le LET.
G.P. : Avez-vous déjà joué au Maroc en tournoi officiel ?
P.D. : Je suis déjà venue au Maroc, notamment pour jouer les cartes européennes. Mais c’est la 1ère fois que je viens à Rabat et la première fois que je joue la Coupe Lalla Meryem.
G.P. : Comment avez-vous préparé cette première au Royal Golf Dar Es Salam ?
P.D. : Je suis arrivée vendredi après-midi. Mon coach Robin Cocq était là et on a pu bien travailler ensemble tout le week-end. C’est plus simple pour lui de me voir que quand je suis aux États-Unis. Il a commencé par s’occuper de mon petit jeu après les Jeux olympiques de Paris 2024. Et maintenant c’est mon coach sur tous les aspects golfiques.
G.P. : Que pensez-vous du parcours bleu du Royal Golf Dar Es Salam ?
P.D. : J’ai joué neuf trous lundi et neuf trous mardi. Le parcours est très beau. Les infrastructures sont magnifiques. C’est un beau challenge. Il est très technique. Avec Robin Cocq on a pas mal étudié la stratégie et les trajectoires. C’était vraiment bien de l’avoir avec moi en début de semaine.
G.P. : Comment allez-vous vous organiser entre l’Europe et les États-Unis cette saison ?
P.D. : Je suis toujours basée en Floride. Notamment parce que je ne ferme pas complètement la porte à un retour aux États-Unis. Je vais y retourner régulièrement pendant la saison. Je vais également jouer sur les tournois du LPGA Tour sur lesquels je rentre directement. Mais je ne ferai pas de monday qualifying. Je vais me concentrer sur le LET au moins jusqu’en Écosse. Je sais déjà que je peux jouer le Scottish (24-27 juillet) et le British (31 juillet – 3 août). Après, il y aura un re-ranking et on verra bien.
G.P. : Vous aviez l’air épuisée après votre saison 2024. Comment analysez-vous cette année olympique ?
P.D. : J’avais vraiment besoin de couper après la saison dernière. Fin 2023, j’avais fini tard et repris tôt. Ça m’a pris beaucoup d’énergie. Cette année, j’ai eu du mal à digérer les JO. Je me suis beaucoup investie. Pendant trois ans, j’ai respiré JO.
J’ai fait un JO Blues !
Participer à deux JO (ndlr : à Tokyo en 2021 et à Paris en 2024) et donner le coup de départ de l’épreuve de golf des JO de Paris 2024 avec mon tee-shot, ça n’a pas de prix. On ne peut pas mettre de mots sur ce genre d’émotions qui resteront gravées à jamais dans ma mémoire. Ensuite j’ai enchaîné sans me reposer. Et quand je me suis enfin posée… Ça a été difficile à gérer. Heureusement que ma famille était présente en décembre pour me soutenir. Comme beaucoup d’athlètes avec qui j’ai pu échanger, j’ai fait un JO Blues !
G.P. : Les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 sont-ils néanmoins déjà dans un coin de votre esprit ?
P.D. : Franchement, je ne pense pas que je serai encore golfeuse professionnelle pour les JO de 2028 à Los Angeles. Ça fait longtemps que je suis professionnelle. Depuis que j’ai 18 ans ! Je trouve que c’est déjà une longue carrière. En tant que golfeuse professionnelle, on a la chance de pouvoir avoir une deuxième vie. Je suis en train de réfléchir à ma fin de carrière. J’ai d’autres projets dans le golf et en dehors.
G.P. : Vous avez été souvent blessée dans votre carrière, vous sentez que physiquement ça devient difficile ?
P.D. : Physiquement tout va bien. C’est sûr qu’on récupère moins vite avec l’âge. Mais ce sont surtout les voyages et l’éloignement des gens qu’on a envie de voir qui commencent à être pesant. J’ai eu la chance de pouvoir me remettre à chaque fois de mes blessures, notamment les trois premières années qui ont été compliquées physiquement. Mais maintenant tout va bien. C’est plus une usure mentale que physique.
Photo : Golf Planète