
Quel est le secret pour gagner sur le TPC Sawgrass ? On a tenté de dresser le portrait robot du futur vainqueur du Players Championship. Sans surprise, c’est un joueur dont le profil se rapproche grandement du double tenant du titre, un certain Scottie Scheffler…
Dessiné par Pete Dye, célèbre pour ses parcours piégeux difficiles à appréhender quand on les joue pour la première fois, le TPC Sawgrass est l’hôte du Players Championship, le tournoi considéré par beaucoup comme « le 5e Majeur ». Un parcours ô combien spécifique, hôte de l’épreuve depuis 1982.
Il y a eu des vainqueurs surprises au Players, bien sûr, mais il y a eu surtout des grands champions qui se sont imposés. Jack Nicklaus (3 fois, mais sur un autre parcours à l’époque), Tiger Woods (2 fois) et Scottie Scheffler (double tenant du titre) figurent parmi les multiples vainqueurs du tournoi. Des multiples vainqueurs en Majeur, Phil Mickelson, Greg Norman et Rory McIlroy ont eux aussi inscrit leur nom au palmarès du « Players ».
La liste de ceux qui ont réussi à dompter le parcours au fameux trou 17, ce trou en presqu’île qui est peut-être le par 3 le plus célèbre au monde, comporte d’ailleurs de nombreux lauréats en Grand Chelem, tels Cameron Smith, Justin Thomas, Webb Simpson, Jason Day, Martin Kaymer ou Sergio Garcia.
Un palmarès qui parle de lui-même
L’un des secrets pour gagner à Sawgrass, et c’est presque une lapalissade, est d’être un très grand joueur. Et en particulier un très bon frappeur. Le long jeu, ici, semble essentiel. Jugez plutôt : quatre des cinq derniers vainqueurs ont terminé en tête du stroke gained du tee au green : McIlroy (2019), Thomas (2021), et Scheffler ces deux dernières années. Smith avait stoppé la série en 2022, année où l’Australien était touché par la grâce sur les greens.
Quand on dit bon frappeur, il ne s’agit pas d’être ultra puissant, mais plutôt précis : les surprenants Fred Funk (2005), Tim Clark (2010) et KJ Choi (2011) n’étaient pas réputés pour leur longueur au drive, mais par leur pourcentage de fairways touchés, leur science du jeu et leur côté robuste.
Et puis, quand on se penche sur le palmarès, on s’aperçoit aussi qu’il faut de l’expérience : on ne gagne par le Players à sa première participation, sauf exception, comme Adam Scott en 2004. Quinze des 16 derniers vainqueurs avaient fini parmi les 23 premiers l’année qui a précédé leur triomphe. Et enfin, on n’y gagne pas, toujours sauf exception (on pense ici à l’incroyable Craig Perks sacré en 2002 avec un finish époustouflant sur les trois derniers trous), lorsqu’on arrive sur ce tournoi en petite forme. Les 8 derniers joueurs à s’y être imposé ont fini a minima au 33e rang du tournoi qui a précédé leur succès.
« Ce parcours pose un vrai problème stratégique aux joueurs, c’est un tracé où il faut faire marcher sa cervelle, estime le journaliste de Golf Channel, Brandel Chamblee. Si Tiger a gagné sur plusieurs parcours à de multiples reprises 7 ou 8 fois, il a eu plus de mal à le faire ici, où il ne compte que 2 victoires (en 19 participations). »
Pour aller dans le sens de Chamblee, on notera que tous ces anciens n°1 mondiaux ont des pourcentages de top 10 en carrière très supérieurs à leur pourcentage de top 10 au « Players » : Woods, Norman, McIlroy, Dustin Johnson et Brooks Koepka. Pour ce dernier, c’est 29 % de top 10 en carrière sur le PGA Tour, et 0 % à Sawgrass…
C’est un parcours où il faut faire marcher sa cervelle et toucher les fairways
Brandel Chamblee
Pour l’analyste, le profil idéal, c’est celui du double tenant du titre, Scottie Scheffler. « Scottie Scheffler a réussi l’an passé ici une performance que seul Tiger Woods avait accomplie par le passé : gagner le tournoi en terminant à la première place dans deux statistiques, celle de la longueur moyenne au drive et celle de la précision au drive. C’est un atout clé à Sawgrass : d’abord toucher un maximum de fairways, comme l’ont fait les « petits frappeurs » comme Fred Funk, et en plus être capable de taper long pour pouvoir être agressif, nomment sur les par 5. »
Scottie Scheffler favori, ça sonne comme une évidence, même si le n°1 mondial n’a pas encore gagné en 2025, après un début de saison retardé en raison d’une blessure suite à un accident domestique durant les fêtes de Noël. Troisième au Genesis Invitational et 11e à Bay Hill, il n’a pas encore trouvé le même rythme qu’en 2024, quand il a écrasé la concurrence et accumulé les victoires (huit). Mais il coche toutes les cases évoquées plus haut. Et puis il est double tenant du titre. Il est le seul à avoir gagné ce tournoi deux fois de suite. Pourquoi pas trois ?
Cette saison, le double vainqueur du Masters n’est devancé que par Collin Morikawa dans le stroke gained du tee au green, alors qu’il n’est pas encore au sommet de sa forme.
Des scores à la hausse le week-end ?
Depuis qu’il a été déplacé en mars, le Players Championship est peut-être devenu moins exigeant puisque le TPC Sawgrass se joue dans des conditions plus humides et donc plus réceptives. Mais scorer ici en venant du rough est quasiment impossible, comme ce fut le cas à Bay Hill la semaine passée.
Quelques changements ont été apportés au tracé pour cette édition 2025 : il est plus long de 70 mètres, avec notamment l’allongement des pars 5 du 2, du 11 et du 16. La météo devrait être clémente pour les deux premiers tours avec un parcours réceptif, jugé encore trop humide lundi pour pouvoir être joué en reconnaissance après des pluies orageuses. Mais le vent et le soleil devraient assécher tout ça pour le week-end. La bataille sera farouche. On serait étonné de voir cette année un vainqueur à -20, comme en 2024. En revanche, le nom du lauréat pourrait bien être le même…
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