
Collin Morikawa a été vivement critiqué pour avoir séché la conférence de presse du dimanche soir après sa deuxième place décevante pour lui lors de l’Arnold Palmer Invitational. Mais le n°4 mondial confirme qu’il n’a aucun regret d’avoir évité volontairement les journalistes à Bay Hill.
« Je ne voulais parler à personne. Je ne dois rien à personne. »
En résumé, circulez il n’y a rien à voir. Collin Morikawa n’a eu aucun mal à justifier le fait qu’il a évité soigneusement la conférence de presse de fin de tournoi lors de l’Arnold Palmer Invitational et qu’il a même tourné le dos à toutes les demandes d’interviews de la télévision.
« Désolé les gars, ce n’est pas contre vous, mais je n’avais pas envie de parler à qui que ce soit. J’étais juste dégoûté. Je n’avais pas envie d’entendre quelqu’un me dire que j’avais quand même bien joué… » Par ces mots, le double vainqueur en Majeur confirme qu’il a très mal vécu sa défaite in extremis face à Russell Henley à Bay Hill. Lui qui était encore en tête à trois trous de la fin avant de se faire doubler dans le sprint final par son compatriote, auteur d’un eagle sur le trou n°16.
Collin Morikawa est en manque de victoire depuis octobre 2023 et ça commence à faire long. D’autant que depuis, comme la semaine dernière, il a mené plusieurs tournois après 54 trous.
C’est vraiment un tas de c… ries, Arnold Palmer lui-même n’aurait pas apprécié
Rocco Mediate
Mais sa frustration excuse-t-elle cette « grève » de la presse ? Selon plusieurs observateurs et quelques anciens joueurs, c’est un NON, en majuscules. Ainsi le joueur du Champions Tour Rocco Mediate, sextuple vainqueur sur le PGA Tour, n’y est pas allé par quatre chemins. « Pas envie de parler ? C’est la chose la plus stupide et la plus égoïste que l’on puisse dire. C’est vraiment un tas de c… ries. Arnold Palmer lui-même n’aurait pas apprécié que l’un des acteurs principaux de son tournoi ne veuille pas s’exprimer. »
Celui qui a poussé Tiger Woods en play-off lors de l’US Open 2008 à Torrey Pines a poursuivi sa diatribe contre son compatriote. « Votre job, c’est aussi d’expliquer ce qui s’est passé, ce que vous avez ressenti, que vous gagniez ou que vous perdiez. Vous savez quoi ? Le golf est dur, parfois injuste. »
I am such an idiot
Phil Mickelson après avoir perdu l’US Open sur le dernier trou
Sur Golf Channel, Brandel Chamblee et Paul McGinley ont eux aussi eu la dent dure pour Morikawa.
« C’est irrespectueux. Il n’a pas seulement privé la presse de son travail, mais il a privé les fans, les sponsors et l’écosystème entier d’une explication de ce qui fait l’essence même de notre sport, à savoir rendre la défaite plus humaine », a estimé le journaliste qui a ensuite énuméré les fois où des joueurs étaient venus s’exprimer après une cruelle déconvenue.
Pour étayer son propos, il a cité pêle mêle Jean Van de Velde en 1999 dans The Open (Can I go and play the 18th again. I will have to live with that), Greg Norman au Masters en 1996, Phil Mickelson dans l’US Open en 2006 ( I am such an idiot) ou Roberto de Vicenzo au Masters 68 (What a stupid I am) avec sa bourde au moment de signer sa carte.
« Je ne suis pas sûr que l’histoire de notre sport retiendra que cette générations de joueurs a été bénéfique pour le golf », a jugé l’ancien capitaine européen de Ryder Cup, faisant allusion notamment à leur préférence de communication via les réseaux sociaux.
Je ne dois rien à personne, je respecte les fans de golf
Collin Morikawa
Mais alors qu’il s’est replacé dans les premières positions du Players Championship après le deuxième tour, Collin Morikawa n’a exprimé aucun regret.
« Je devrais peut-être tourner ma langue dans ma bouche, mais à tous les Mediate, McGinley et Chamblee du monde, je leur dis ‘je ne regrette rien’. Encore une fois, je ne dois rien à personne. Je respecte les fans de golf. Et je les remercie de leur passion pour notre sport. »
Il faut aussi se souvenir que Rory McIlroy avait lui aussi évité de répondre aux questions des journalistes en quittant Pinehurst juste après sa défaite face à Bryson DeChambeau à l’US Open l’an passé. Mais les réactions avaient été beaucoup moins sévères. Le Nord-Irlandais, il est vrai, donne beaucoup à la presse (beaucoup plus que Morikawa) et les circonstances de sa défaite étaient très, très douloureuses…
Photo : Yoshimasa Nakano / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP