
La 89e édition du Masters débute ce jeudi 10 avril sur le mythique Augusta National. Ce premier Majeur de la saison est aussi le plus singulier des quatre tournois du Grand Chelem. On vous explique pourquoi.
L.V.
Parce que c’est le plus « hermétique » des quatre tournois du Grand Chelem
Né en 1934, le Masters est le plus « jeune » des quatre Majeurs, mais il est très certainement le plus mythique. Contrairement aux trois autres, le PGA Championship, l’U.S. Open et The Open, il se dispute chaque année au même endroit. A l’Augusta National Golf Club, très certainement l’un des lieux les plus fermés des Etats-Unis, les membres sont triés sur le volet et ne candidatent surtout pas. Parmi eux, un avocat français, Pierre Bechmann.
C’est aussi un tournoi pas comme les autres parce que son champ est le plus réduit de la saison. 96 joueurs sont inscrits cette année. Ils étaient 89 en 2024. Le top 50 mondial y est admis (une première fois arrêté au 31 décembre puis une seconde fois la semaine précédant l’événement), mais aussi les anciens vainqueurs (19 en 2025 mais sans Tiger Woods, blessé au tendon d’Achille), les récents vainqueurs sur le PGA Tour non-exemptés, cinq amateurs et deux invités choisis plus ou moins arbitrairement. Cette année, c’est au tour du Danois Nicolai Højgaard et du Chilien Joaquin Niemann. Ce dernier fait d’ailleurs partie des douze joueurs du LIV Golf présents, tous ou presque vainqueurs du Masters ou victorieux dans un Majeur lors de ces cinq dernières années.
Parce que c’est le parcours le plus mythique
Le tracé né de l’imagination fertile de Bobby Jones et d’Alistair McKenzie, sorti de terre en 1932 et opérationnel en 1934 pour le premier Masters de l’histoire, mesure 7 555 yards (6 908 mètres). Il a été allongé de 9,144 mètres en 2024. Le par 5 du trou n°2 a ainsi vu sa distance rallongée, désormais mesurée à 535 mètres. L’ouragan Helene a mis à mal le parcours en septembre dernier, arrachant une centaine d’arbres, endommageant certains greens, dont celui du par 3 du 16, totalement refait à l’identique.
Ce par 72 propose aussi l’enchainement le plus célèbre de la planète golf composés des trous 11, 12 et 13 : l’Amen Corner. Bien des espoirs de victoire se sont évaporés dans cette zone comprenant un par 4, un par 3 et un par 5. Il a été ainsi baptisé en 1958 par un journaliste de Sports Illustrated, Herbert Warren Wind, s’inspirant du titre d’une chanson intitulé : « Shoutin’ in that Amen Corner. » C’est sur le par 3 du 12 (ci-dessous) que Jordan Spieth a par exemple dit adieu à la victoire en 2016 (et au doublé) en concédant un terrible septuple bogey (deux balles dans l’eau), offrant sur un plateau la victoire à l’Anglais Danny Willett. C’est aussi ici que Tom Weiskopf détient toujours le « record » avec un affreux 13 en 1980. Quant au par 4 du 11, il est à ce jour le trou le plus difficile à aborder depuis… 1942. Il se joue en moyenne en 4,304 !
Parce que la dotation n’est jamais dévoilée la semaine du tournoi
Encore une spécificité propre au Masters. La dotation est tenue « secrète » la semaine où il se joue. Elle était de 20 millions en 2024. En 2023, Jon Rahm avait empoché un chèque de 3 240 000 dollars. L’an passé, Scottie Scheffler est reparti avec 3 600 000 dollars. Alors combien cette année ? A titre de comparaison, Tiger Woods, pour son 5e succès en 2019, avait encaissé un chèque de 2 millions de dollars (11,6 millions de dotation globale).
Parce qu’il est interdit de porter la veste verte en dehors de l’enceinte
Depuis 1949, le vainqueur du Masters est revêtu de la fameuse veste verte, que seuls les membres de l’Augusta National Golf Club étaient autorisés à porter jusque-là, tout cela pour se distinguer des spectateurs. Il est interdit de la porter en dehors de l’enceinte, sauf pour le vainqueur sortant, notamment quand il est invité quelques jours après sa victoire sur les différents studios de télévision aux Etats-Unis. Cette veste d’un vert plutôt criant coûte 250 $. Il est à noter que les vainqueurs de plusieurs Masters ne reçoivent qu’une seule veste. Ils doivent la porter à chaque fois qu’ils jouent l’Augusta National ou qu’ils sont en visite. Pour la petite anecdote, la veste verte du premier vainqueur en 1934, Horton Smith, décernée rétroactivement, a été vendue en 2013 pour… 682 229 $ !
Parce qu’il est quasiment impossible de se procurer un billet
Ne perdez pas votre temps à vous présenter aux guichets du Masters pour acheter un billet entre jeudi et dimanche. Plus aucun n’est en vente depuis… 1972. Les détenteurs du précieux sésame – les patrons – le conservent année après année. Un tirage au sort a bien été mis en place il y a quelques années mais il y a beaucoup plus de candidats que d’élus. On peut toutefois assister aux parties d’entraînement du lundi au mercredi. Mais le prix de la place demeure élevé. Entre 150 et 200 dollars.
Parce que tout y est très rigoureusement réglementé
Le moindre débordement dans l’enceinte de l’Augusta National Golf Club est réprimé. Les téléphones portables y sont strictement interdits durant toute la semaine. Les appareils photos sont acceptés entre le lundi et le mercredi. Mais dès le jeudi matin, si vous êtes pris en train de photographier ne serait-ce que l’un des leaderboards disséminés sur le parcours, on vous raccompagnera à la sortie. Des membres de la sécurité jalonnent le site et sont à l’affut du moindre « dérapage ». On doit par exemple toujours porter sa casquette à l’endroit et ne jamais courir le long des fairways. Quant à invectiver un joueur, comme c’est couramment le cas au PGA Championship ou à l’U.S. Open, c’est le carton rouge assuré.
Photos : Masters Tournament & Getty Images