
A 31 ans, Céline Boutier dispute cette semaine à Carlton Woods (Texas) son 41e tournoi du Grand Chelem, son 8e Chevron Championship (ex ANA Inspiration). Désormais n°15 mondiale, la Française est à la recherche d’une nouvelle grande semaine en Majeur, la première depuis son triomphe à Evian en juillet 2023.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Lors de ses six dernières sorties en Majeur depuis sa victoire retentissante à l’Amundi Evian Championship, Céline Boutier n’a plus accroché le moindre top 10 mais n’a aussi manqué dans le même temps qu’un seul cut. C’était justement au Chevron Championship 2024. Un tournoi délocalisé depuis 2023 de la Californie vers le Texas, qu’elle retrouve à partir de jeudi sur un tracé – The Club – dessiné par la légende, Jack Nicklaus !
GOLF PLANETE : Si vous deviez faire un bilan de votre premier trimestre 2025 sur le LPGA Tour, quel serait-il ?
Céline BOUTIER : On va dire que ce bilan est moyen, au niveau du jeu et par conséquent au niveau des résultats. C’est vrai que j’ai un petit peu de mal à scorer en ce moment. Je n’ai pas l’impression d’être super loin du but mais je n’arrive pas à convertir à l’heure actuelle, ni à me mettre en position pour signer des scores bas. C’est ce qui me dérange un peu. C’est donc décevant. J’espère néanmoins arriver à inverser la tendance et avoir un peu plus de réussite sur la deuxième partie de saison.
G.P. : Vous êtes-vous néanmoins quelque peu rassurée au début du mois au T-Mobile Match Play, où vous avez été jusqu’en quart de finale en ne lâchant aucun point, notamment face à la Sud-Africaine Asheigh Buhai que vous avez battue au 10e trou de play-off en 8es de finale ?
C.B. : Oui, c’est vrai, même si le Match Play est une formule différente de ce que l’on rencontre toute l’année en tournoi. Cette mentalité m’a un peu aidée à me focaliser sur autre chose que ce manque de résultats depuis plusieurs semaines. Je le répète, mes résultats depuis le début de la saison sont décevants mais j’ai malgré tout identifié à chaque fois des points positifs… Parfois, je me retrouve à la limite du cut mais je parviens toujours à bien finir. Pareil dans ce tournoi en Match Play où je me suis toujours accrochée. Tout cela m’encourage pour la suite. J’essaie toujours de faire le maximum avec ce que j’ai. Je me bats jusqu’à la fin, et ça c’est positif en effet. A moi d’être patiente. A moi d’attendre que les choses tournent en ma faveur afin de pouvoir saisir toutes ces opportunités. Et donc en profiter !
Passer de Palm Springs à Houston, cela n’a plus rien à voir. C’est un changement d’identité !
Céline Boutier
G.P. : Vous disputez cette semaine votre 8e Chevron Championship, premier Majeur de la saison qui s’est aussi appelé ANA Inspiration avant son changement de sponsor titre en 2022. Cela fait d’ailleurs dix ans que vous avez découvert ce tournoi. Vous étiez encore amateure en 2015…
C.B. : Oui, j’ai quelques petits souvenirs ici ou là. J’étais encore en université (à Duke), j’avais reçu une invitation en tant qu’amateure. J’avais été surprise par la difficulté du parcours (à Rancho Mirage, en Californie). J’avais raté le cut d’ailleurs. Patricia (Meunier-Lebouc) était auprès de moi. Elle avait gagné en 2003 (alors Kraft Nabisco). C’était la première fois que je jouais ce tournoi et c’était pour moi assez impressionnant.
G.P. : L’esprit de ce tournoi, celui de sa co-fondatrice, l’actrice Dinah Shore, est-il toujours présent depuis le déménagement en 2023 de Palm Springs à Carlton Woods, au Texas ?
C.B. : Je dirais que c’est différent aujourd’hui. Même si on a essayé de préserver certaines choses comme le trophée, par exemple. Il y a encore le dîner des championnes… Mais passer de Palm Springs à Houston, cela n’a plus rien à voir. C’est un changement d’identité !
G.P. : Quelles sont les très grosses différences entre ces deux parcours ?
C.B. : On a changé d’herbe. Et ça, c’est hyper important déjà. On est passé du bermuda grass au bent grass. Au niveau du tracé, il n’y avait pas énormément de rough. Contrairement à Rancho Mirage, ici à Carlton Woods, il y a un peu plus de place. Mais il y a aussi un peu plus d’obstacles d’eaux. Il y a beaucoup plus d’arbres également. Palm Springs, c’était quand même moins ouvert…
Entre un top 10 et un top 20, il y a bien sûr une différence de résultat mais pour être vraiment franche, je ne me souviens pas du nombre de top 10 que j’ai réalisé en Majeur.
Céline Boutier
G.P. : Vous allez jouer votre 41e tournoi du Grand Chelem, c’est énorme non ?
C.B. : Quand c’est dit comme ça, oui, en effet, ça fait beaucoup (rires). Je n’avais pas l’impression que c’était autant ! J’espère qu’il y en aura encore d’autres (rires). J’essaie chaque saison de me focaliser sur les Majeurs. Pour nous, ils prennent de plus en plus d’ampleur. C’est excitant de pouvoir y prendre part. Les parcours sont préparés de façon remarquable. Ce sont toujours des semaines hyper importantes. De par l’envergure des dotations mais aussi le champ des joueuses. Toutes les meilleures sont là !
G.P. : Depuis votre triomphe à Evian en 2023, vous n’avez plus accroché le moindre top 10 en Majeur. Est-ce que cela vous perturbe ?
C.B. : Je n’irai pas jusque-là mais c’est vrai que j’aimerais être plus performante. C’est chaque année mon objectif de pouvoir briller en Majeur. Ces deux dernières années, ça a été un peu plus difficile, c’est vrai. J’essaie de faire ce que je peux. Quand c’est comme ça, il faut juste rester patiente. Et se dire qu’on aura une nouvelle opportunité. Au-delà de ça, j’essaie de ne pas y attacher trop d’importance. On a des semaines un peu meilleures que d’autres. En ce qui me concerne, j’ai eu un peu plus de mal.
G.P. : Etes-vous d’accord pour dire que 2019 avait été l’année la plus aboutie pour vous en Majeur avec une 5e place à l’US Open puis une 6e place au British ?
C.B. : Ce que je retiens en priorité, c’est cette victoire en 2023 à Evian. Entre un top 10 et un top 20, il y a bien sûr une différence de résultat mais pour être vraiment franche, je ne me souviens pas du nombre de top 10 que j’ai réalisé en Majeur (Ndlr, depuis le British Open 2013, Céline Boutier a signé 6 top 10). Je me souviens d’avoir fini 5e à l’US Open mais au-delà de ça, ça ne me marque pas plus que ça.
Je ne dirais pas qu’il existe un parallèle entre ma victoire à Evian et la sienne au Masters. C’était mon premier Majeur, un peu inattendu. Lui, c’est son 5e Majeur.
Céline Boutier à propos de Rory McIlroy
G.P. : Après le Chevron Championship, quel va être votre programme ?
C.B. : Je jouerai le Black Desert Championship (1er-4 mai) puis à New York (Mizuho Americas Open du 8 au 11 mai). Avant de me préparer pour l’US Women’s Open (à Erin Hills du 29 mai au 1er juin). On verra ensuite…
G.P. : Le Lacoste Ladies Open de France est programmé du 25 au 27 septembre à Deauville. Il n’y a pas de tournoi du LPGA Tour en face. Est-ce à dire qu’il y a de fortes chances pour que vous effectuiez le déplacement jusqu’en Normandie ?
C.B. : C’est forcément toujours une semaine importante pour moi mais pour être honnête, je n’ai pas encore réfléchi jusqu’à cette date…
G.P. : Au fait, avez-vous regardé la victoire de Rory McIlroy au Masters ?
C.B. : C’était assez sympa de voir son émotion et surtout son soulagement juste après sa victoire. C’est un immense joueur. Il mérite amplement sa victoire, après tant d’années et tant de tentatives dans ce tournoi qu’il cherchait à gagner. C’était super cool à voir.
G.P. : Vous êtes-vous reconnue en lui quand vous avez remporté l’Evian Championship ? Avez-vous ressenti les mêmes émotions ?
C.B. : Je ne dirais pas qu’il existe un parallèle entre ma victoire à Evian et la sienne au Masters. C’était mon premier Majeur, un peu inattendu. Lui, c’est son 5e Majeur. Et puis, ça faisait au moins dix ans qu’il essayait de renouer avec le succès en Grand Chelem. C’est donc une situation bien différente de la mienne. Donc s’identifier à lui, c’est peut-être un peu trop fort !
Photo : Valerio Pennicino / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP