Immense lueur d’espoir dans le ciel du golf au milieu de cette crise sanitaire : un golf va ouvrir prochainement en France. Un projet ambitieux, maîtrisé, environnemental, sportif et économique qui devrait faire de Roissy un des premiers golfs publics d’Europe.
Golf Planète a le plaisir de vous présenter ce projet initié par le maire de Roissy, André Toulouse, et qui s’étend sur 90 hectares. Ouverture prévue en septembre si la crise ne se prolonge pas trop.
PGA France et Ugolf, filiale du Groupe Duval, assureront la gestion du golf. Jean Van de Velde y ouvrira son Académie et portera de grands projets sportifs dont un tournoi international. Nous reviendrons avec Jean sur son projet plus tard quand il aura quitté son confinement mexicain.
Mais d’abord, donnons la parole à l’architecte du parcours, Michel Niedbala, qui, en 2008, a remporté l’appel d’offres devant 13 concurrents après avoir regroupé autour de lui une équipe pluridisciplinaire de grande qualité. Pour mémoire, sachez que Michel Niedbala, 68 ans, ingénieur TP, s’est lancé dans l’architecture de golf par passion, après avoir été dirigeant dans deux entreprises de construction de parcours de golf, plus particulièrement sur l’Europe pour la dernière, au contact de prestigieux architectes de golf pour la plupart américains : Robert Trent Jones Senior et Junior, Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Gary Player, et pour Bob Von Hagge qui était devenu un de ses grands amis à Seignosse, au Kempferhoff et au Golf National.
Il nous explique ce qu’il a cherché à faire à Roissy et nous dévoile le masterplan… Le parcours sera un par 72 de 6 560 mètres.
Swann Gueydan et Éric Douennelle aborderont la future gestion du golf et leurs objectifs.
Michel Niedbala : ma conception du parcours s’inscrit d’abord dans une époque et une nature
Vous signez à Roissy l’architecture d’un golf qui devrait ouvrir en septembre. Quelle en est la philosophie ?
La conception d’un parcours de golf, telle que je la prône, s’inscrit en priorité dans son époque et donc est directement influencée par l’évolution que ce sport subit. Aujourd’hui, le golf ne peut résumer à simplement « driver » à 300 yards (275 mètres), ensuite sélectionner un pitching wedge et porter la balle au drapeau. Sur ce modèle, le golf devient un jeu de non-choix. À ce rythme, et j’exagère peu, plus personne ne va plus connaître la valeur et les qualités de chacun de ses clubs contenus dans son sac.
Ainsi, ce développement pernicieux m’amène à imaginer une nouvelle approche pour l’architecture du parcours de golf, et donc de chaque trou, pour tenter de neutraliser le pouvoir conféré aux joueurs ayant un très long coup au drive ; sans pour autant vouloir directement et volontairement le pénaliser.
Dans ce contexte, Tom Simpson a écrit : « Saint-Andrews est l’idéal à suivre dans toute construction de parcours de golf. Le parcours est difficile, non parce que les bunkers sont placés de manière à récolter les mauvais coups, mais parce que le résultat de ce mauvais coup engendre un coup suivant beaucoup plus difficile qu’il n’aurait pu l’être autrement ».
Mon dessin s’évertue à replacer en priorité le challenge au niveau du choix opéré par le golfeur lui-même face au dit challenge du tracé du trou, et non à placer le golfeur dans un seul unique objectif : gagner un avantage…
L’architecture de golf est l’art d’aimer la nature. Il faut collaborer.
Quelle est la part d’artifices et de naturel dans votre projet ? où se situe la connexion ?
Mon crédo ? « L’architecture de golf est l’art d’aimer la nature ». L’idée créatrice d’un parcours de golf est ce qui fait interpénétrer la nature, sa vitalité, ainsi que le monde complexe humain et social.
La vie et l’évolution de nos paysages se caractérisent par :
– une action « sur » nos paysages
ou
– une action « avec » nos paysages.
L’enjeu est d’importance et induit pour cela une approche différente de la notion de projet. Mon engagement de « faire avec » est, à mon sens, plus pertinent pour échapper à une vision stérile et inerte de la nature. J’engage un véritable dialogue avec le site : c’est-à-dire ce qui compose le paysage, ses lignes de force, ses formes existantes, sa vie propre, ses propriétés comme les pentes, ses dimensions de son ou de ses espaces, ses volumes, l’énergie qui s’y dégage, la qualité de la lumière, des ombres, des activités humaines du travail et du loisir, ainsi que tout ce qui l’affecte en bien ou en mal. Autrement dit : « collaborer ».
La scénographie du paysage qu’est le golf ne se limite pas visuellement à ce qui vous entoure directement, par rapport à l’emprise et à l’envergure d’un parcours de golf : ce serait une erreur… Pour ce faire, j’inclus dans mon projet le grand paysage ou l’arrière-plan qui sont d’une grande importance. Cette importance n’est pas perçue immédiatement ; il est nécessaire de déplacer volontairement le regard vers ces arrière-plans qui ne sont pas de nos attentions du point de vue habituel dans les conceptions et les pratiques du paysage.
En mon for intérieur, c’est une véritable alchimie qui s’abreuve à toutes les sources de mon intime profond et personnel. Et se cristallise consciemment et/ou inconsciemment au moment où se produit l’acte de création du parcours de golf, ce qui en crée la singularité.
L’environnement est la pierre angulaire du projet
Vous avez enlevé l’appel d’offres de la ville notamment à cause de votre approche environnementale du projet : pouvez-vous nous la détailler ?
En 2008, un concours avait été lancé par la commune de Roissy-en-France, qui souhaitait implanter un golf sur les derniers 90 hectares d’espaces verts encore disponibles. La pression foncière sur ce secteur est de très grande importance par la présence de l’aéroport Charles de Gaulle. Le maire, André Toulouse, comprenant les enjeux futurs de sa commune et voulant assurer le bien-être de ses concitoyens, a pris une décision visionnaire pour préserver un site surprenant pour les visiteurs qui ne connaissent pas Roissy-en-France : La Vallée Verte.
Pour ce concours, j’ai constitué une équipe complète et performante pour m’assurer d’une réponse efficiente et complète au dit concours, et ensuite, remplir la mission de maîtrise d’œuvre du projet. L’équipe est constituée de : Michel Niedbala – architecte du golf et mandataire du groupement, M. Hervé Cochard (ingénieur-agronome), Frédéric Depalle (ingénieur arrosage), le bureau d’études VRD-paysage Endroits en Vert, ainsi que l’architecte bâtiments Gilles Leverrier, assisté par le bureau d’études CET-Ingénierie et Agence 2A (architecte intérieur). La symbiose a été immédiate entre les partenaires qui ont œuvré pour aboutir à un projet qui se devait de proposer une approche et un résultat en avance sur son temps.
L’environnement est la pierre angulaire du projet. Les directions prises se sont portées vers :
- les ressources et les besoins en eau
- l’utilisation de graminées peu gourmandes en eau et plus résistantes à la sécheresse et aux maladies
- la plantation de plus de 1600 arbres et de 3500 arbustes
- la préservation des zones boisées classées
- la préservation des zones archéologiques sensibles sur 20 hectares
- la réimplantations d’espèces menacées, le papillon l’Azurée des Palus, les chauve-souris, le lézard des murailles,…
- la re-naturalisation du ru de Vaudherland
- la récupération des eaux de ruissellement des bâtiments et des parkings ainsi que leur traitement
- la création de 8 km de cheminements publics au sein de la Vallée Verte et du golf, en préservant la sécurité et la tranquillité des uns et des autres
- la préservation de tous risques d’infiltrations de tous produits des deux nappes phréatiques par l’étanchement des greens
Écoles et promeneurs sont les bienvenus
Je vais m’attarder sur les ressources en eau pour l’arrosage. J’ai créé dans le cadre du projet des réserves d’eau sous forme de bassins, d’une capacité de 90.000 m3. Ces bassins permettent de récupérer les eaux polluées en provenance du ru de Vaudherland qui draine en amont la ville de Roissy et une partie de la plateforme aéroportuaire. Ces eaux sont stockées dans les dits bassins, et ensuite sont traitées dans un complexe de bassins spécifiques par phyto-épuration (plantes aquatiques). Ces eaux ensuite se déversent dans le bassin réservoir de pompage pour l’arrosage, mais au préalable, elles sont oxygénées par une re-circulation des dites eaux à travers un torrent de 600 mètres de longueur agrémenté de cascades. La différence visuelle des eaux est édifiante. Un accès est prévu pour y amener des scolaires et leur faire découvrir ce système et les plantes qui y participent.
Au cœur du golf, entre les trous # 12 – 13 – 14 – 15, j’ai aménagé et paysagé un étang nommé : l’Étang de la Plante au Duc, qui va accueillir promeneurs et pique-niqueurs à distance respectable du golf, cependant sans perdre de vue le jeu qui va s’y dérouler.
Des émotions et le plaisir comme expérience
Quand vous avez dessiné ce parcours, quelle combinaison avez-vous trouvée pour satisfaire le maitre d’ouvrage, les golfeurs dans leur diversité, les intendants, les visiteurs, le gestionnaire etc ?
Il y a dix ans, satisfaire le Maître d’ouvrage était aisé puisque j’avais un programme à remplir… Plus prosaïquement au-delà des 18 trous demandés, ce programme était totalement ouvert et sans contraintes sur le tracé, le niveau et la qualité du parcours de golf. Je me rends depuis plus de trente ans aux USA pour visiter des parcours de golf, des expositions (Pga et Industry shows), et surtout participer à des conférences et séminaires qui portent sur le golf. La rencontre avec les acteurs de cette industrie m’apporte également de nombreux éclairages sur le présent mais surtout sur l’évolution du golf et son futur.
Le projet imaginé il y a dix ans porte les fruits de mes connaissances acquises ; son formatage s’est cristallisé autour de mes nombreux partages et expériences.
Satisfaire le golfeur…? Je n’aurais pas la prétention de le faire par un dessin… Le golfeur, dont je suis, va effectuer un voyage sur ce parcours de golf et l’essentiel de ce que je souhaite, c’est qu’il y découvre des émotions qui vont lui faire vivre une expérience où le plaisir dominera…
Sorti de mon moi profond
Vous avez connu ou travaillé avec les plus grands architectes de golf : quelle est leur part dans ce projet ?
Il existe une part de ces rencontres et du travail que j’ai effectué à leurs côtés, sans pour autant que j’y attache consciemment un référentiel quelconque. Je ferai le parallèle avec les tableaux que je peins : bien entendu, j’ai des peintres de renom dont les œuvres m’attirent et m’émeuvent mais quand je conçois une toile, je ne cherche pas à m’inspirer directement de leur style. Je reste à l’écoute de mon moi profond qui m’inspire, c’est là où se situe mes sensibilités…
Comme une France qui arbore ses valeurs
Le golf touche l’aéroport international. Il est impossible d’échapper à la question : cette proximité a-t-elle eu une influence dans votre projet ?
Roissy-en-France… « France » c’est une des principales porte d’entrée dans notre beau pays. Les premières impressions et expériences que vont vivre les visiteurs doivent correspondre à l’image d’une France qui arbore ses valeurs.
Le projet a été baptisé : GOLF INTERNATIONAL DE ROISSY La volonté est affichée et se retrouve également sur le contenu du complexe de golf, où le niveau de qualité sera celui d’un des meilleurs parcours de golf public d’Europe. La surprise sera évidente pour beaucoup, comme elle l’a été pour tous ceux professionnels ou aficionados qui ont déjà visité ce golf.
Du golfeur qui viendra jouer votre parcours pour la première fois, qu’aimeriez-vous entendre dans sa bouche ?
« Passe-moi mon agenda pour réserver mon prochain parcours à Roissy… »
Swann Gueydan (Ugolf) : « Le golf de Roissy s’inscrit dans notre politique : mettre tous les Français au golf »
Swann Gueydan est le directeur du Golf international de Roissy. Après avoir été à la tête de plusieurs golfs depuis 2004 (Orléans, Quetigny, Artiguelouve, Bordeaux lac), Swan a été directeur régional de 21 golfs avant de rejoindre Ugolf pour participer au projet Roissy. Il a répondu à nos questions.
Quelle seront les grands axes de la politique de gestion que Ugolf compte mettre en place à Roissy ?
Ugolf et PGA France ont été désignés par la Collectivité d’Agglomération Roissy Pays de France comme délégataire pour l’exploitation du golf. Le contrat de Délégation de service publique qui nous lie à l’autorité déléguante oriente une grande partie de notre politique et stratégie de gestion et de développement.
Un outil au service d’un territoire
Notre principal engagement est de faire du golf un outil au service du territoire est notamment :
- en menant une politique de découverte orienté vers le jeune public avec plus particulièrement un vaste programme de golf scolaire qui vise tous les jeunes des écoles primaires de la collectivité
- en participant au rayonnement de l’agglomération en proposant un équipement à haut niveau de services de prestations et de qualité, favorable au développement touristique golfique de la région et ce en partenariat avec l’ensemble des acteurs touristique set hôteliers locaux
- en développant un service de restauration et d’accueil de séminaires pour les entreprises et l’organisation de journées d’études.
Au-delà de ces engagements, Ugolf reste fidèle à sa politique, tout d’abord en intégrant pleinement le Golf international de Roissy dans le réseau, complétant ainsi notre offre de structures golfiques de grande qualité sur l’Île-de-France, et ce pour le plaisir de tous les Ugolfeurs actuels et en devenir.
Mais le Golf international de Roissy sera également un acteur de poids dans l’ambition voulue par Pierre André Uhlen, notre directeur général, « DE METTRE TOUS LES FRANÇAIS AU GOLF ».
Nous sommes ici au cœur d’une zone à très fort potentiel golfique qui, j’en suis persuadé, sera séduire par la qualité des équipements et des zones d’entrainement, ainsi que par notre savoir-faire associé à celui de l’Académie Jean Van de Velde.
Notre objectif ? créer les golfeurs de demain, non seulement pour le golf international de Roissy mais plus largement pour l’avenir de notre discipline encore trop méconnue.
40 salariés pour une promesse de golf pas comme les autres
Quels sont les moyens et le calendrier de cette politique ? et les résultats attendus ?
Il est évident que UGOLF déploie des moyens à la hauteur de ses objectifs mais aussi de ses engagements en termes de qualité de parcours, de qualité d’accueil et de services.
Conscient que la réussite d’un projet est intimement liée à l’Homme et à la Femme qui le portent, nous sommes particulièrement attachés dans notre processus de recrutement à l’adhésion de la future équipe du golf au projet global que nous portons, à termes plus de 40 salariés porteront la responsabilité de la promesse d’une expérience golf pas comme les autres.
Vous l’avez compris, nous visons l’excellence et pour y tendre, nous nous sommes également entourés de consultants et de spécialistes qui nous accompagneront et plus particulièrement sur la restauration avec Michel Hache et sur le terrain avec Éric Bastien.
Nos résultats ? ils seront en lien avec nos objectifs et ambitions : Qualité, Professionnalisme, Services, Innovation.
Un golf laboratoire
Quelle place particulière jouera Roissy dans le développement de Ugolf ?
Tous les golfs ont leur rôle à jouer, leur ADN, leur histoire et leur futur. Je considère que le golf de Roissy va être un « golf laboratoire » qui va permettre de mesurer la pertinence de nouveaux modèles de structures et d’organisation, avec des équipements de haute technologie, des partenariats dans son exploitation, une académie novatrice, des experts qui nous accompagnent, et des espaces réfléchis bien au-delà de ceux de la « simple » pratique du golf.
Nous saurons, et c’est là le propre d’une chaine, adapter ces réussites aux autres golfs pour que UGOLF renforce encore plus son positionnement de leader de l’exploitation des golfs en France.
Moins de 2 000 euros la cotisation annuelle
Quels seront les tarifs principaux ?
La cotisation annuelle individuelle sera de 1 990 euros et de 3 184 pour le couple.
Quant aux green-fees, ils se situeront entre 89 et 110 euros, practice compris.
Éric Douennelle : La PGA France est complètement investie dans le projet Roissy
Golf Planète a demandé au patron de la PGA France, Éric Douennelle, de nous dire pourquoi la PGA a voulu être un des acteurs majeurs du projet Roissy. Voici sa réponse :
« Lorsque nous aurons passé ces moments difficiles et parfois douloureux, je ne doute pas un seul instant que les golfeurs auront probablement envie de passer à des choses apparemment futiles mais complètement vitales : apprécier la vie à travers ce jeu passionnant.
Ce sera l’occasion de découvrir le magnifique Golf de Roissy pour lequel PGA France est pleinement investie. En effet, nous voulions faciliter la pratique du plus grand nombre et développer un programme scolaire ambitieux avec une vraie passerelle vers l’école de golf.
Nous voulions aussi produire un nouveau tournoi pour nos joueurs pros, comme permettre l’accueil des pros-enseignants avec leurs élèves sur un outil qui disposera de tous les atouts. Je ne pense pas seulement à la technologie qui sera bien présente ; je pense également au parcours 6 trous (départs et greens en synthétique) qui permettra aux débutants de s’initier sans passer des mois confinés au practice, même si c’est toujours mieux que d’être confinés à la maison.
Pour toutes ces raisons, et parce que nos interlocuteurs ont parfaitement compris notre ambition, PGA France est heureuse de participer au développement du Golf international de Roissy ».
Et enfin en cadeau de bienvenue au Golf International de Roissy, voici le dessin du trou n°8, oeuvre d’art et de science de l’architecte Michel Niedbala :