Golf Planète, c’est le golf à 360°, espace et temps. Alors, nous aimons aussi nous plonger dans l’histoire de notre passion. Et quoi de mieux pour réussir cette incursion historique que de se faire accompagner par des collectionneurs et des historiens de renom.
Nous avons ainsi demandé à Jean-Bernard Kazmierczak – dit JBK – et à Stéphan Filanovitch de nous faire partager leur science et leurs trésors accumulés au fil de ces dernières années. Nos amis sont aussi à l’origine de l’association française et européenne qui regroupe les passionnés de collections et d’histoire du golf. JBK nous la présente plus bas. N’hésitez pas à les contacter pour en savoir plus : www.golfika.com ou par email : golfika@yahoo.fr
Notre premier dossier que nous publierons lundi prochain dans L’Hebdo de Golf Planète sera consacré à Pau, le premier club de golf de l’Europe continentale.
En quelques questions, nous vous présentons nos deux responsables ce cette nouvelle rubrique de Golf Planète qui intéressera beaucoup de golfeurs français.
Jean-Bernard Kazmierczak
Votre passion pour le golf vous a poussé à en étudier l’Histoire et à collectionner toutes sortes de choses ayant trait à ce sport qui est aussi une culture. Comment a débuté chez vous cette marotte ?
Membres du golf du Vaudreuil et habitant dans les Yvelines, nous rentrions à la maison par le chemin des écoliers, quand ma femme a voulu s’arrêter dans une petite brocante. Peu enclin, à cette époque, à chiner, je me contentais de découvrir des cartes postales anciennes qui décoraient une vitrine. Sans trop savoir pourquoi, je demandais au marchand : « Auriez-vous des cartes postales de golf ? » Aussitôt la question posée, aussitôt je la regrettais, étant persuadé que celui-ci me rirait au nez. Mais non ! Il trouva presque immédiatement trois cartes du golf de Vichy où l’on pouvait voir de belles femmes en robes longues s’adonnant au golf. Ce fut un choc ! Je crois que c’est ainsi qu’a débuté pour moi la passion pour la collection de cartes postales de golf. C’était il y a 25 ans … Avec le temps le champ de la collection s’est élargi.
Quels sont vos trésors dont vous êtes le plus fier ?
Je crois que c’est un lot de trois médailles en or, attachées entre elles par un anneau. Arnaud Massy, notre immense champion, les portait constamment à sa chaîne de montre. La plus petite est assez modeste, elle lui a été remise après la Première Guerre mondiale par la République Française, comme à un certain nombre d’autre joueurs de golf, les deux autres sont un concentré d’émotion. L’une est gravée d’un côté « Cannes 1907 » et de l’autre, on voit une couronne au-dessus d’un monogramme formé des deux lettres MM pour Michaïl Michaïlovitch, autrement dit le grand-duc Michel, fondateur du golf de Cannes, qui, en février 1907 avait invité douze des plus grands joueurs du monde à venir jouer à Cannes.
Massy était sorti grand vainqueur (en simple et en double) et reçut cette médaille. Enfin, la troisième indique « Arnaud Massy – Champion du Monde / Hoylake 1907 ». Bien sûr, l’inscription en français dénote que ce n’est pas la médaille officielle de l’Open britannique. Mais juste après avoir remporté ce tournoi, qu’on appelait aussi à l’époque, le championnat du Monde, Massy est allé à North Berwick, en Ecosse, pour embrasser sa femme qui venait d’accoucher d’une petite Margot (qui aura pour second prénom Hoylake !). Le lendemain, il prenait le train pour Paris. A la gare du Nord, Pierre Deschamps, président du Golf de Paris accueillait Massy en fanfare et lui remettait cette médaille.
Quels conseils pourriez-vous donner à un golfeur qui voudrait se lancer dans une collection d’objets de golf ?
Question difficile ! Mais la chose qui me semble la plus importante c’est de constamment s’intéresser à l’histoire de notre sport. Une preuve ? Ce lot de trois médailles avait été proposé à une vente aux enchères en Grande-Bretagne. Mais les acheteurs, ne connaissant ni l’histoire de Cannes, ni l’anecdote de Paris, ont boudé ces trois médailles…
Enfin, pourriez-vous nous présenter votre association, l’EAGHC ?
En 2005, quelques amis souhaitaient créer une association de collectionneurs de golf. Parmi ces passionnés de la première heure, il nous faut citer Georges Jeanneau, l’historien français bien connu, et Christoph Meister, un spécialiste allemand. Or il se trouve que j’étais – et suis toujours – membre de la Société britannique (BGCS) et américaine (GCS à l’époque, GHS aujourd’hui). Ayant accès à leur annuaire, et étant statisticien de métier, je faisais un rapide calcul, comparant le nombre de membres au nombre de licenciés. Oh surprise ! On avait presque le même pourcentage en Grande-Bretagne et aux États-Unis… Alors pourquoi en France ce ratio aurait-il été bien différent ? Partant de cette hypothèse, on pouvait en déduire qu’une association française aurait dû avoir entre 40 et 60 membres…
Avec nos amis, nous en connaissions déjà une trentaine… Alors une association française était-elle viable ? Nous avons pensé que non. Mais plutôt que de nous lamenter, nous avons pensé que si c’était difficile en France, cela devait être encore plus difficile en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas… Et partout ailleurs sur le continent. D’où l’idée de créer une association sans but lucratif, de droit français, mais qu’on appellerait l’ « European Association of Golf Historians & Collectors » – EAGHC. Elle a aujourd’hui plus de 120 membres et se réunit chaque année dans un pays différent pour y tenir son Assemblée Générale et jouer au golf, avec des clubs en hickory. Nous avons ainsi été accueillis par Chantilly, Hambourg, Bad-Ischl, Malone, Kennemer, Saint-Cloud et plus récemment Valescure, St Andrews et Pau.
Stéphan Filanovitch
Et chez vous Stéphan, comment a débuté cette marotte ?
Joueur de golf, philatéliste, j’ai donc débuté une collection thématique sur ce sport. Un article de presse m’a fait connaître Georges Jeanneau en 1994, écrivain golfique, historien, collectionneur. Georges m’a présenté Jean-Bernard Kazmierczak (JBK) et celui-ci nous a proposé de créer une association de collectionneurs, au niveau européen, la France n’ayant à elle seule pas assez de personnes intéressées. La Continental Golf Collector Society est née et devient très rapidement l’EAGHC. Le meeting fondateur a lieu en 2006 à Chantilly, l’aventure commençait et surtout continue !
Pour ma part, la philatélie golfique étant trop restreinte, je me suis ensuite orienté vers les cartes postales et surtout les livres et revues de France.
Quels sont vos trésors dont vous êtes le plus fier ?
Avoir réuni tous les numéros des grandes revues de golf françaises, depuis Tennis & Golf en passant par Golf Européen et autres revues disparues comme France Golf, Greens, fut un beau challenge.
Il en est de même pour les livres, avec le fameux Mariassy, premier ouvrage publié en français ou les ouvrages des Guides Plumon. C’est un plaisir immense de pouvoir les parcourir et bien sûr d’y découvrir ou redécouvrir de nombreuses informations sur l’histoire du golf en France.
Ce n’est pas l’objet le plus ancien de ma collection, mais la réplique de la coupe offerte à Dave Thomas lors de sa victoire à l’Open de France en 1959 est une belle fierté. De plus, il s’agit du plus ancien Open d’Europe continentale !
Et un dernier trésor : avoir rencontré d’autres personnes aussi passionnées que moi, c’est magique.
Quels conseils pourriez-vous donner à un golfeur qui voudrait se lancer dans une collection d’objets de golf ?
Quel que soit le sujet d’une collection, le principal est d’aimer les objets. Ensuite, le plus grand danger serait de vouloir tout collectionner. Même en enlevant l’aspect financier, il est préférable de se limiter à un pays, un grand joueur, un club de golf ou une région. Il faut donc débuter « sagement » sa recherche et ensuite agrandir le cercle de celle-ci au fil des trouvailles. Cette chasse est aussi le plaisir de chaque collectionneur.