Après 33 ans comme intendant du golf de Saint-Germain, Jean-Marc Legrand a pris sa retraite la semaine dernière.
Aussi talentueux que modeste, respecté de ses pairs et toujours apte à conseiller les plus jeunes, Jean-Marc Legrand aura marqué l’histoire du green-keeping en France. Après un premier passage à Saint-Cloud, ce Parisien de naissance est resté fidèle au golf de Saint-Germain pour le plus grand bonheur de son directeur François Bardet (photo du haut) qui ne tarit pas d’éloges sur lui.
JM Legrand aura aussi formé de nombreux intendants comme Rémy Dorbeau (actuellement directeur de Chantilly), Lucas Pierré (National), Romain Basque (Morfontaine), Stuart Hallett, Norbert Amblard (Esery)… Mais aussi Jean-Éric Simonnot qui était à ses côtés ces 8 dernières années et qui prend donc le relais aujourd’hui (photo plus bas).
Avant qu’il ne s’échappe en Dordogne pour sa retraite, Golf Planète a rencontré Jean-Marc Legrand qui a bien voulu répondre à nos questions.
GP : Au moment où vous partez en retraite, peut-on savoir votre meilleur souvenir ?
Jean-Marc Legrand : Mon meilleur souvenir est aussi un regret. J’ai commencé en 1987 en préparant le parcours pour une Hennessy Cup, tournoi professionnel féminin à Paris, et j’aurais dû terminer en mai avec la Golfer’s, le tournoi amateur féminin. La pandémie m’en a empêché. J’ai toujours autant aimé préparé les parcours pour les membres ou les tournois.
GP : En 33 ans à Saint-Germain, quels sont les objectifs que vous vous étiez fixés ?
JML : L’objectif d’un intendant, c’est de rendre le parcours jouable pour tout le monde tout en ayant une pratique respectant chaque jour davantage l’environnement. Nous avons ainsi réduit les intrants et la consommation d’eau. J’ajouterais que le golf de Saint-Germain a une caractéristique majeure : il est implanté au milieu d’une forêt. Il faut donc aérer le parcours qui vit parfois difficilement avec cette forêt, toujours envahissante, toujours en expansion, alors que le parcours, lui, ne bouge pas. Il faut donc parfois ne pas hésiter à élaguer.
GP : Quels sont vos résultats en matière environnementale ?
JML : Ces 15 dernières années, on a beaucoup réduit la consommation d’eau. On a aussi utilisé des bio-stimulants et des algues. Tout en multipliant les opérations d’aération.
GP. Le fait que le parcours soit signé Harry Colt ajoute-t-il des contraintes ?
JML : Oui, ne serait-ce que par le fait majeur qu’on trouve 146 bunkers sur les 27 trous. Ce bijou de Colt est lié à l’architecte car le terrain en lui-même n’a pas de grand intérêt puisqu’il est complètement plat. Colt y a ajouté des perspectives et des formes. Sans parler de la grande taille des greens et de leur présentation.
GP : Entre l’approche britannique du green-keeping et l’approche américaine, où vous situez-vous ?
JML : L’approche britannique qui est plus artisanale me convient mieux : on est plus près de la Nature, plus du terrain, plus des joueurs aussi. La méthode américaine qui peut aussi fonctionner est plus industrielle, plus tournée vers le spectacle, et exige donc l’utilisation de plus d’intrants. Or, quand il fait froid, il fait froid. Quand c’est sec, c’est sec. Je préfère suivre la réalité de la Nature.
GP : Qu’avez-vous dit à Jean-Éric Simonnot avant de partir ?
JML : Voilà 8 ans qu’il travaille à mes côtés donc les messages ont eu le temps d’être passés ! L’ultime message, le plus important, est de préserver à tout prix l’esprit de Saint-Germain. C’est à dire conserver au quotidien, en même temps, la même qualité vis à vis du parcours que dans les relations humaines. Le meilleur du parcours, c’est celui qui est le fruit de la réussite d’une équipe et non d’un homme, fut-il le meilleur.
GP : Qu’allez-vous faire demain ?
JML : J’ai un rêve, c’est de faire le tour des 9 trous ! En golfeur moyen, c’est une taille qui me convient très bien ! Je continuerai aussi à faire un peu de formation, notamment avec la fédération. J’aime transmettre aux jeunes qui prennent le relais aujourd’hui.