L’USPGA qui démarre ce jeudi lance enfin la saison des Majeurs. Si les spectateurs devraient être présents en nombre derrière leurs écrans, les abords des fairways seront eux vides. Pour la première fois de son histoire, le Majeur se tiendra à huis-clos tout comme l’US Open le mois prochain. Une situation qui risque d’entacher le grand spectacle que sont habituellement ces tournois mythiques
Si la possibilité de jouer une Ryder Cup sans public a fait grand bruit entrainant des réactions négatives quasiment unanimes et provoquant en partie la décision de reporter logiquement la compétition, la tenue des Majeurs à huis-clos à quant à elle était beaucoup moins commentée. Et pourtant, dans ces tournois aussi le public joue un rôle primordial dont l’absence risque de se ressentir à tous les niveaux.
« C’est dommage pour les Majeurs mais tout de même une bonne chose d’avoir de l’activité », explique Gregory Havret pour qui les tournois avec très peu de public sont monnaie courante sur l’European Tour dès lors qu’ils se disputent dans des contrées où les golfeurs sont rares. Même s’il admet que l’expérience pour les joueurs risque d’être assez spéciale « Mon US Open à Pebble Beach sans public aurait clairement manqué d’un aspect très important ».
Le public véhicule l’info et la pression
Aspect d’autant plus important qu’il est une mise à l’épreuve du mental des joueurs « Les spectateurs font partie intégrante du spectacle, de la pression, confie Jean Van de Velde. Il y a les leaderboards, mais quand tu entends un gros bruit, tu sais d’où il vient, de quelle partie, ça joue dans l’état d’esprit des joueurs et ça pèse ».
Cela reste une belle bagarre de très grands joueurs
Moins dans la demi-mesure, Brooks Koepka habitué des grandes ambiances américaines qualifiait « d’horribles » les tournois à huis-clos. Le double tenant du titre redoute notamment l’arrivée des dernières parties « Imaginez avoir le dernier putt pour la victoire sur le dernier trou et personne ne va applaudir. Vous êtes juste là tout seul ou simplement avec votre caddie et autour le silence ». Le vainqueur devra donc compter uniquement sur les joueurs et officiels présents à son arrivée au 18 pour fêter sa victoire.
Une situation vécue par l’italien Renato Paratore la semaine passée qui a eu droit à une haie d’honneur de la part de ses adversaires du jour. On peut espérer que ce genre de belle initiative se développe à travers les tournois afin de compenser les vivas du public absent.
Une victoire dans le silence mais dont la valeur restera inchangée pour Thomas Levet « Cela reste une belle bagarre de très grands joueurs. Tous les meilleurs joueurs du monde seront là donc au niveau de la performance il faudra y aller comme n’importe quel autre Majeur ». Pour le plus prolifique vainqueur français un succès en majeur sans public ne comportera donc pas de petit astérisque signalant une victoire au rabais.
Rory très touché
Ce manque d’ambiance générale déjà ressenti lors des tournois joués les semaines passées risque d’être décuplé cette semaine. Pas besoin de regarder très loin en arrière pour se rendre compte de l’importance du public dans ce genre de tournois.
Imaginez Tiger remporter son 15ème Majeur l’an passé, après une disette de 11 ans, sans public. Souvenez-vous de l’ambiance folle autour de la remontée incroyable de McIlroy lors de la 2ème journée du British 2019 (video ci-dessous) lorsque le Nord Irlandais tentait de franchir le cut après une entame de tournoi catastrophique. Rory déclarant la semaine suivante avoir été au bord des larmes tant le soutien de la foule l’avait touché.
Tous ces grands moments qui aujourd’hui parlent à tous les passionnés de golf n’auraient certainement pas le même écho si les abords des fairways avaient été vides.