Alors que se profile une semaine décisive pour un éventuel retour à la pratique sur fond d’assouplissement des restrictions, le Directeur Général de la ffgolf, Christophe Muniesa nous explique à quoi s’attendre.
Bonjour Christophe, commençons par ce courrier adressé cette semaine au Président de la République et au Premier ministre : marque-t-il un changement de cap, de stratégie, une volonté de se montrer plus déterminé ?
Depuis le début de l’annonce brutale de nouvelles mesures de restrictions, on a souhaité faire valoir des arguments démontrant qu’on pouvait pratiquer une activité de plein air malgré le contexte de confinement. Cela a été dit d’emblée.
Ces mesures sont très impactantes sur la vie des français et on l’a vu avec la culture, les libraires, les petits commerçants etc… Tout le monde est monté au créneau. Si nous avions voulu faire valoir nos arguments dans ce brouhaha, nous n’aurions eu aucune chance d’être entendus. Il fallait attendre le bon moment ; c’est à dire les premières annonces d’un assouplissement pour mettre nos arguments sur la table.
On a voulu se faire entendre de manière plus forte
A la périphérie du conseil de défense de mercredi dernier, lorsqu’on a entendu le Premier ministre, le Ministre de la Santé dire qu’on irait vers des mesures d’assouplissement progressif, nous nous sommes dit qu’il fallait s’engouffrer dans cette brèche. Avec d’autres activités de plein air : car on ne peut pas concevoir une seconde que le gouvernement autorise le golf mais pas d’autres activités.
Au final c’est vrai que sur la forme notre action est différente mais la stratégie reste la même.
Pourquoi avoir rendu public ce courrier ?
La France est le pays où les mesures pour les activités de plein air sont les plus restrictives d’Europe. C’est une nouveauté avec ce 2e confinement. Et c’est aussi la raison pour laquelle on a voulu se faire entendre de manière plus forte.
Pour la réouverture au 1er décembre nos arguments, sont solides, étayés, justifiés
Comment cela pourrait se traduire ? À quoi doit-on s’attendre ?
Voilà les hypothèses qui sont envisagées, même si je suis d’incapable d’en privilégier une plutôt qu’une autre.
1er Scénario : Celui pour lequel nous militons. Réouverture des parcours de golf au 1er décembre. Nous avons fait valoir nos arguments ; ils sont solides, étayés, justifiés et surtout ils ne mettent pas en péril la sortie de crise sanitaire. On ne pense qu’à cet objectif qui est pour nous le plus favorable.
2e Scénario : Pas idéal selon nous mais qui permettrait la réouverture à l’horizon des vacances de Noël donc pour le 18 décembre. On voit bien que ça va se faire par étape et cette date est une autre échéance clé.
3e Scénario : Une approche totalement dramatique qui serait pour reprendre les termes de la Ministre des Sports ce dimanche matin sur France Info, une réouverture à l’horizon de janvier ou février. Là on ne parlerait plus d’incompréhension mais on considérerait que c’est une erreur de jugement.
Dans le courrier on peut également lire que les fédérations craignent de la part de leurs adhérents une incompréhension, sous entendu un risque de les voir enfreindre la loi ?
D’un point de vue juridique, une fédération sportive n’est pas investie de pouvoirs de police. Les clubs en France sont pour la totalité affiliés à la ffgolf et jusqu’ici l’unité a été une réalité et une nécessité. Nous l’avons rappelé aux pouvoirs publics : tout le monde a joué le jeu. Les clubs et les joueurs.
Si les décisions apparaissent incompréhensibles, ou injustifiées aux golfeurs, aux cavaliers ou aux « voileux » cela peut poser un véritable problème d’acceptation de la décision. Et nous voulions alerter les autorités sur ce point.
Encadrer la pratique du sport à plus d’un kilomètre et pendant plus d’une heure.
Quels sont les obstacles au retour à la pratique que vous espérez voir levés les prochains jours ?
Sur le volet encadrement réglementaire des mesures d’assouplissement, la question principale concerne la nécessité ou non d’une attestation pour aller faire une activité physique de plein air. Aujourd’hui et contrairement au premier déconfinement, on s’oriente vers la poursuite de l’utilisation de l’attestation. Donc ce sur quoi nous travaillons avec la cellule interministérielle de crise, c’est la rédaction d’un paragraphe pour encadrer la pratique du sport à plus d’un kilomètre et pendant plus d’une heure.
Le paradoxe ce serait qu’on puisse aller dans un commerce non-essentiel à plus d’un kilomètre de chez soi et pas sur un parcours de golf. Et si on pousse le raisonnement jusqu’à l’absurde, on comprendrait mal qu’un pro-shop dans un club soit autorisé à rouvrir alors que le parcours lui continuerait d’être fermé.
Que préconisez-vous ?
On peut toujours imposer une limite de déplacement mais il faut donner du lest. 50 ou 100 kilomètres comme lors de la 1ère phase de déconfinement. Pour faire entendre raison à ceux qui vont prendre les décisions, il ne faut pas se placer dans une logique égoïste golfico-golfique mais faire la preuve que les gens peuvent être responsables tout en accédant à la nature et en retrouvant leurs activités sportives.
Cette semaine est donc décisive ?
Nous ne savons pas comment vont se répartir les prises de parole annonçant ces mesures d’assouplissements. Ce que l’on sait c’est que mercredi il y a un conseil de défense et de sécurité suivi d’un conseil des ministres, et le Premier Ministre Jean Castex doit s’exprimer jeudi soir . A l’heure où nous parlons il est clair que les arbitrages n’ont pas été faits.
Photo principale : KMSP / DPPI