Dans son édito, Philippe P. Hermann revient sur la partie qui se joue entre les deux boss des deux principaux circuits pros : Jay Monahan, le commissioner du PGA Tour et Keith Pelley le CEO de l’European Tour
Pas de 19e trou jusqu’à samedi dernier pour refaire la partie et, à la troisième bière, se pencher sur la performance d’Alex Levy 6ème du Dunhill Championship en Afrique du sud ou porter un toast en l’honneur de Pascal Grizot, prochain « President elected » de le FFG grâce auquel vous étiez enfin au départ du No 1 ce week-end. Au bar, il vous aurait peut-être fait part, à mezzo voce, d’une information encore confidentielle.
Dans le petit monde des « sources bien informées » qui se retrouvent au Masters d’avril (celui de novembre n’ayant pas fait recette), la conception d’une sorte de tour mondial fait l’objet de contacts et d’échanges discrets, extrapolant une idée lancée par Greg Norman dans les années 70, aussitôt jetée aux orties, chacun défendant sa paroisse et ses deniers du culte. Depuis peu, « Premier Golf League », groupe aux poches sans fond, étudie la création d’un circuit mondialisé, chapardant l’élite des tours pour offrir des affiches dorées, hyper-dotés, aux ordres de sponsors réjouis, attentifs aux cordons de leurs bourses.
Contre-feu immédiat, entre majeurs et autres World Golf Championships où les millions se déchainent, les PGA et European Tours montaient ou consolidaient, d’autres incroyables planches à billets, telles la FedEx Cup (PGA Tour), la Road to Dubai (European Tour) ou les Rolex Series. Barrer l’arrivée d’un prédateur élitiste dans leur pré-carré pour éviter qu’il ne s’accapare les Johnson, McIlroy et autres Woods… Pour faire face à ces déploiements, faut être costaud. Mais Il se dit que la gestion du tour européen n’est pas optimale. Et ça ne date pas d’hier.
Déjà, après la Ryder Cup française, le sujet était chaud-bouillant pour Pascal Grizot, plus tard encore sous le coup du traitement réservé à l’Open de France par Keith Pelley, patron du European Tour. Donc sur un cashflow peu exemplaire, voilà que débarque Corona Virus, que les parcours sont interdits d’accès. Faute d’un revenu soutenu, un tour européen en mauvais état de marche peut vite couler. Principalement, le bilan repose sur une ponction des dotations, les droits TV et les cotisations des membres. Ca ne profite qu’à plein régime et si la direction n’éparpille pas ses fonds. Aujourd’hui, « That is the question ».
Pendant que le circuit européen reste en souffrance, bouchant les trous avec quelques tournois de remplacement à peine dotés (encore heureux pour les pros), le PGA Tour mené par Jay Monahan continue à dérouler son programme de tournois dans le silence des fairways aux spectateurs évanouis. Des annulations, certes, mais un « prize money » inaltéré de quatre millions au plus bas pour les tournois ancrés.
Pot de fer contre pot de terre… Un vieux rêve américain prend maintenant forme. Jay Monahan est entré au Conseil du European PGA et son association prend une part de European Tour Productions, maître de tout l’audio-visuel. « Non, non, ce n’est pas une fusion », dit un Pelley péremptoire. « C’est un partenariat », ce qu’une lecture de l’accord peut laisser dire. Mais business is business, et après la prise de contrôle du Ladies European Tour par les américaines de la LPGA, tout est prêt chez Keith Pelley pour que son « fish and chips » ne devienne « cheeseburger » et ses jours à la tête d’un « US-Euro Tour » sans doute déjà comptés.