La crise sanitaire a eu raison de l’édition 2020 de la Ryder Cup qui a été reportée d’un an, toujours à Whistling Straits aux USA. Quelle équipe pour les USA ? Quelle équipe pour l’Europe ? Il est à attendre des changements. Selon notre ami irlandais Ivan Morris, 2021 ne devrait pas ressembler à 2020. Il nous explique pourquoi dans sa rubrique de cette semaine.
La sortie de grands champions
En septembre 2020, aurait dû être disputée à Whistling Straits la Ryder Cup qui faisait suite à l’édition de 2018 gagnée par les Européens au Golf National près de Paris.
Les capitaines des deux équipes rivales, Padraig Harrington et Steve Stricker, n’auraient jamais imaginé que le match refixé un an plus tard pourrait être joué sans Woods, Fowler et Spieth pour les USA et Molinari, et sans Stenson et Noren pour l’Europe. C’est pourtant une réalité.
En 2020, Rickie Fowler, 31 ans, a disputé 18 tournois consécutifs sans se classer parmi les 10 premiers. En conséquence, il vient de sortir du top 50 du classement mondial du golf : il est 51e cette semaine ! C’est un grand changement pour quelqu’un qui a terminé dans le top 5 des quatre majeurs en 2014 et qui a remporté sept fois un tournoi PGA.
La chute de Spieth , 27 ans, en disgrâce, est encore plus dramatique. L’ancien n ° 1 mondial a chuté à la 78e position et n’a montré aucune lueur d’espoir pour renverser la vapeur. Il s’agit pourtant du même homme qui a remporté deux tournois majeurs en 2015 et un majeur en 2017 et qui n’a «que» besoin de remporter le championnat de la PGA pour rejoindre le club ultra fermé des champions ayant gagné les quatre majeurs.
Il est trop tôt pour dire que leur avenir est derrière eux : mais Fowler et Spieth doivent commencer à paniquer devant le trou noir qui les guette. L’avenir de Tiger est encore moins prometteur. Son corps de 45 ans est plus âgé que son âge. Bien que toujours capable de jouer formidablement un 18 trous en compétition, le faire pendant quatre jours d’affilée est devenu de plus en plus improbable chez lui.
L’esprit du Tigre dont le corps ne suit plus
Comme tout le monde, Tiger doit travailler son jeu et jouer plus de tournois. Quand il en fait trop, son corps se décompose. Frapper trop de balles entraîne des blessures et une raideur de son corps. La contrainte d’essayer de préparer son corps pour le tournoi doit être comme l’escalade de l’Everest. Heureusement pour lui, le prochain Masters n’est pas si loin car tous les mois qui passent le rapprochent de la fin du haut niveau.
La vérité est que le golf est devenu un jeu plus physique qui favorise les jeunes, en forme et costauds. Non seulement, le jeu est dur pour le corps mais aussi mentalement bouleversant ! L’esprit de Tiger est peut-être encore fort mais la chair est faible. Appliquez l’inverse à Rickie et Jordan ! Les deux ont eu des revenus incroyablement lucratifs grâce à des apports publicitaires. Quel que soit le dynamisme que l’on puisse avoir, les aubaines financières sapent inévitablement l’envie de se battre et la volonté de dépasser la barrière de la douleur. Rester suffisamment motivé pour s’éloigner d’une jeune femme et de sa famille pour aller jouer des tournois de golf n’est pas facile.
Tant de choses sont impliquées dans le jeu de haut niveau. Ce n’est pas une chose, c’est un million de choses. Se marier peut être extrêmement perturbateur pour les golfeurs. Espérons qu’après une période d’ajustement, Jordan et Rickie vont «s’installer» et retrouver progressivement leurs capacités à gagner. La grande question est : vont-ils vouloir le faire?
Et chez les Européens ?
Et les Européens Molinari, Stenson et Noren? Tous ces golfeurs d’âge mûr qui exercent leur métier sur ce PGA Tour ultra-compétitif en Amérique ne rencontrent pas beaucoup de succès ces derniers temps : ce qui leur rendra encore plus difficile une qualification pour la Ryder Cup. Ajoutez le nom de Thorbjorn Olesen qui a joué à Paris en 2018 et cela laisse au moins quatre places libres ! Matthew Fitzpatrick, Viktor Hovland, Shane Lowry, Victor Perez et Matt Wallace seront tous dans un bras de fer pour réclamer une place. Mais, attention, deux vétérans, Lee Westwood et Danny Willett, sont en bonne forme ces derniers temps et ne devraient pas être écartés.
À vrai dire, le capitaine américain, Steve Stricker, est plus tranquille que son collègue européen. Il a sûrement déjà pensé à aligner Collin Morikawa, Xander Schauffle, Patrick Cantley et Matthew Wolff pour prendre la place des trois déjà mentionnés, avec peut-être Bubba Watson. Les décisions de Padraig Harrington, elles, ne seront pas aussi claires à définir.
Ivan Morris