Aux alentours de Shanghai, le club de Sheshan International est l’un de ces aménagements monstrueux que la puissance financière dédie au golf et qu’on ne trouve que dans le sud-est asiatique. Cela frise l’outrance.
C’est géant quel que soit le détail étudié. Les émiratis supportent à peine la comparaison à Dubai. Avec de telles installations et des finances qui donnent le tournis, on peut héberger les plus grands championnats animés par une cohorte de stars, souvent pré-rémunérés par la participation d’une vague de sponsors pour qui le million est juste une unité de comptage, une annexe au poste “Divers” du budget.
L’Open de France puni injustement
C’est là que l’Open de France a mal à la patte quand Keith Pelley (European Tour) lui retire ses lettres de créance, une punition imméritée, confortée par la surpression des riches Rolex Series à huit millions pièce.
Quelles que soient les dotations à sept chiffres ou plus, et les sponsors de diverses origines, ils ont les moyens de l’autosatisfaction, leur point commun.
Derrière les barreaux
Exportés cette année de Jeju Island (Corée) à Las Vegas pour cause de virus Corona, les dix millions de la CJ Cup n’ont pas suscité la moindre remarque, même quand le sponsor-chef a passé un temps certain derrière les barreaux.
Plus important encore, le tournoi anglo-chinois HSBC Champions de Shanghai est une clé de voute des World Golf Championships. Cette association banque-événement, coordonnée par IMG, autre puissance para-sportive, se félicite de l’importance acquise par son tournoi.
…les millions peuvent aussi voler en escadrilles. Personne ne s’affole.
Une référence qui pourrait bien évoluer, pour une prochaine édition, vers le Lanhai Resort dans la banlieue nord-ouest de Shanghai où l’un des deux parcours de Jack Micklaus, le “Dunes” (photo), fait la conquête de tous les Top 100, de préférence en tête de gondole.
Ici encore, la monnaie n’est pas contraignante. Ailleurs en Asie non plus, de Bangkok à Singapour, les millions peuvent aussi voler en escadrilles. Personne ne s’affole.
Quand il le faut, tel grand club, un sponsor hors du commun, fera jouer les McIlroy, Woods, Johnson, comme Lydia Ko ou Céline Boutier pour un détour par Dubai.
Les contrats les amènent autour du monde pour mettre les images de leur marques en avant. Tout ce qui s’y amarre se voit plus vite reconnu.
Les chiffres d’affaire sont prêts à bondir. Les pros sont défrayés. Les agents se récompensent sur le dos des organisateurs qu’ils ont aidé à composer un tournoi assez convaincant.
Vénérable, traditionnel, historique
C’est forcément le plus beau qui soit, au moins sur le papier. Mais revers occulté de la médaille, trop souvent à des années-lumière de la moindre notion de respect, ce dont peut malheureusement témoigner le grand, distingué, classique, vénérable, traditionnel, historique Open de France.
Hier multi-millionnaire, aujourd’hui largué comme une déjection par ses sponsors les plus fidèles pour des raisons qui n’ont qu’une relation annexe avec le golf qu’on aime.
Fallait pas l’inviter…ou plutôt si
Si le diable est dans la maison, on peut tout de même reconnaître à ces grosses bécanes l’ouverture de leurs listes de départ à des “viennent-ensuite” pour compléter le décor et mettre en valeur les cracks. Et cela fait un grand bien quand les voilà dépassés par l’événement et les « no-names » s’y forgeant un nom.
Parmi eux, du pas-prévu comme Christiaan Bezuidenhout (AFS), Viktor Hovland (23 ans) et Jason Kokrak sur le PGA Tour ou le français Antoine Rozner. C’est rafraichissant…
Philippe P. Hermann