L’actualité a partiellement occulté une information qui, en d’autres temps, aurait mérité résonance. Mais elle a subi les méfaits du virus et de l’extraordinaire explosion aux effets vécus encore aujourd’hui à Washington, avec Trump incarnant la honte.
Le Trump en question est bien le locataire de la Maison Blanche au titre de Président des Etats-Unis pour encore quelques heures. Seulement élu il y a quatre ans après qu’une dernière campagne de fausses infos ait coulé la favorite Hillary Clinton pour une histoire peu claire d’e-mails.
C’est aussi le même qui, entre tweets et parties de golf, n’a pas trouvé le temps nécessaire pour juguler au mieux la pandémie affectant plus que jamais son pays, après en avoir dénié la dangerosité.
L’appel du 6 janvier
Ce Donald-là est maintenant désigné aux Etats-Unis, démocrates et conservateurs réunis, comme un dangereux incendiaire qui, ajoutant mensonges aux mensonges, a contesté la victoire présidentielle de Joe Biden, poussant ses ultra-partisans à se comporter comme des “black blocs” à Washington en descendant Pennsylvania Avenue pour saccager le Capitole, siège monumental du Congrès. Vous en avez découvert d’effroyables images à la télé depuis, précédées par les appels de Trump pour faire comprendre à ces démocrates voleurs, violeurs, vendus, qui avait le nez le plus propre.
Comme si de rien était
Le lendemain jeudi 7 janvier, comme s’il s’agissait d’une banale matinée, Annika Sorestam, championne au palmarès en or massif (retour prévu à l’US Ladies Senior Open 2021) et Gary Player (vainqueur légendaire des quatre majeurs) étaient reçus à la Maison Blanche pour être décorés par Trump de la « Presidential Medal of Freedom », l’une des plus hautes distinctions américaines.
Plus encore quand deux étrangers golfeurs de métier, une Suédoise et un Sud-Africain, sont épinglés, après Arnold Palmer, Jack Nicklaus, Tiger Woods, tous ayant partagé des parties de golf avec Trump.
Restons discrets
Cet événement, d’abord prévu en mars, a été reporté une première fois, les Etats-Unis étant déjà sous pression, la campagne présidentielle plutôt nauséeuse et la pandémie inquiétant le monde entier sauf “Super Donald”.
Sorenstam et Player n’auraient-ils pas déjà dû renoncer à cette décoration? Admettons l’hésitation, mais en cette seconde journée de haine de la démocratie du 7 janvier, ils auraient dû renvoyer la limousine présidentielle et refuser cette décoration par tweet, bien entendu. Aujourd’hui, reçue des mains de Trump, elle fait grosse tâche. L’absence d’images de cette réunion exprime sans doute toute la gêne qu’Annika Sorenstam et Gary Player, dont l’un des fils avec lequel il en froid aurait préféré qu’il annule, auront du mal à gommer de leur CV.
DeChambeau efface le logo Trump
Alors pas question d’applaudir à cet adoubement. En attendant que les affaires évoluent avec l’éventuelle mise en examen de Trump, ou sa mise à l’écart, dans les prochains jours, le golf a commencé l’élagage de ses relations avec la nébuleuse Trump. Toute conservatrice qu’elle soit, la PGA américaine lui a retiré son championnat majeur 2022 dans le New Jersey. Le Royal & Ancient ne considérera pas Turnberry, propriété de Trump en Ecosse, avant longtemps pour l’Open Championship,et Bryson deChambeau a arraché le logo Trump ornant son sac à Hawaï dimanche dernier.
Philippe P. Hermann