Qu’elle soit de ville ou de sport, une chaussure impose au pied des contraintes qui ont des répercussions sur l’ensemble de la statique du corps. Donc, oui, le drop de vos chaussures de golf a une influence sur la manière dont les différentes phases de votre swing peuvent s’enchaîner. C’est aussi vrai au putting.
Le drop n’est qu’un des paramètres de la structure d’une chaussure
Quand vous mettez votre pied dans une chaussure, le plus souvent vous ressentez instantanément que votre talon se place un peu plus haut que la plante de votre pied. Cette différence de hauteur s’appelle le « drop ». On devrait même parler de drop « positif » car, dans les années 80-90, une mode a tenté de promouvoir ce que l’on appelait alors les « talons négatifs » qui plaçaient l’arrière-pied plus bas que la pointe.
Talons-Aiguilles et espadrilles
La mesure du drop positif, exprimée en centimètres ou en millimètres, évalue la différence de hauteur entre l’arrière-pied (milieu du talon) et la partie la plus basse de la semelle de votre chaussure, située au niveau de l’avant-pied. Les chaussures à talons aiguilles ont un « drop » important et inversement pour les tongs. Et si on golfe rarement en « talons aiguilles » ou en espadrilles, c’est peut-être que le drop doit avoir une influence sur la qualité du swing…
Pour la petite histoire…
La taille d’une chaussure est exprimée par sa « pointure ». Pour la petite histoire, cette valeur vient des Maîtres cordonniers du 18ème siècle qui ont souhaité harmoniser les tailles de chaussures et ainsi rationaliser leurs fabrications. Comme le système métrique n’apparaîtra que quelques années plus tard au moment de la Révolution française, ils ont choisi comme base de calcul le « point de Paris ». Ce « point » qui donnera « pointure ». C’est une unité de mesure issue du Moyen-âge, dont la valeur équivaut à un peu plus de 0,6 centimètre. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, une chaussure en taille 40 a une longueur d’un peu plus de 26 centimètres.
Le « drop » oui, mais pas seulement
En fonction de votre pointure et donc de la longueur de semelle, un même drop (exprimé en centimètres) ne donnera pas le même angle d’inclinaison du pied par rapport au sol pour un 37 ou un 44. La mesure du drop est donc une valeur relative et son importance est aussi à relativiser pour tenir compte d’autres paramètres de la chaussure comme sa largeur, la hauteur de sa tige, la forme de sa semelle ou encore la flexibilité de l’ensemble. Tous ces éléments participent ensemble au confort de votre pied mais influencent aussi votre statique au cours de votre swing.
Un influence biomécanique indéniable
Quelques degrés ou quelques millimètres en plus ou en moins en hauteur ou en largueur dans la structure de la chaussure imposent au pied une position qui modifie automatiquement les angles et la mobilité de toutes les articulations, engendre plus ou moins de tensions dans les muscles, augmente ou réduit les courbures vertébrales, etc.
Cette influence est effective à tous les niveaux du corps et ce jusqu’au sommet du crâne quels que soient notre âge et notre condition physique. Le « bon » drop est donc celui qui met votre corps le plus possible en équilibre.
Ainsi, après avoir changé de chaussures et essayé un drop plus haut, une joueuse de haut niveau me disait récemment avoir ressenti une sensation désagréable au niveau des cervicales et constaté une désorganisation dans toutes les phases de son swing. CQFD.
Déplacement du centre de gravité
L’augmentation du drop va mécaniquement entraîner le centre de gravité du corps vers l’avant avec, le plus souvent, une augmentation asymétrique de la pression sur les avant-pieds. Cette inclinaison se répercute sur la position des chevilles, des genoux, etc., modifiant les degrés de liberté de toutes les articulations. La tension des muscles doit s’adapter, tout comme le système nerveux qui gère votre équilibre. Une simple paire de chaussures peut donc modifier votre perception de la position de votre corps dans l’espace et de là votre plan de swing comme la qualité de votre jeu.
On pourrait ainsi décortiquer toutes les causes et conséquences biomécaniques de cette position et leurs influences sur le swing. Nous verrons d’ailleurs, dans un prochain article, l’influence de la largeur et de la souplesse de la chaussure de golf sur les muscles du pied qui eux aussi ont leur mot à dire dans la qualité de votre swing.
Le choix de vos chaussures
Si le choix de nouvelles chaussures de golf doit vous apporter confort et une touche de style sur les parcours, il faut toujours penser qu’il s’agit de chaussures de sport.
Votre choix doit prendre en compte le drop comme un « paramètre » important tout en gardant à l’esprit que sa valeur est relative. Il est donc difficilement imaginable de choisir une paire de chaussures sur catalogue en « pointure 42 et 2 cm de drop », en étant certain que cela convienne à votre style de jeu.
Dernier point, si votre jeu se dérègle un peu, si votre mouvement est moins stable ou moins ample, si vous avez une douleur qui apparaît sans raison apparente, demandez-vous si vos chaussures sont encore adaptées et performantes. Avec le temps, le tassement au niveau du talon pourrait en être la cause.
Vous l’aurez compris, la meilleure façon de choisir vos chaussures de golf sera certainement « club en main ». De là à vous conseiller de les essayer dans votre Proshop favori, il n’y a qu’un pas.
Philippe Chéoux
Kinésithérapeute & Ostéopathe DO | www.chestam.com
photo Patrick Smith/Getty Images/AFP