Le golf-trotter aimerait bien jouer les parcours connus des stars. Certains sont ouverts aux visites. D’autres, exceptionnels, sont fermés à double-tour. Il faut montrer patte-blanche pour les voir. Cette chronique leur est dédiée.
En Corée, rien n’est trop beau, ni trop grand. Il s’appelle Lee Jay-hyun, petit de taille, mais grande personnalité du monde des affaires à Seoul, passant même par la case prison comme nombre de confrères ou la présidente du pays qui l’y avait envoyé. Son CJ Group possède des intérêts exclusifs dans de nombreux secteurs, de la distribution alimentaire aux médias. Vous avez sans doute noté son logo sur les visières de joueuses coréennes à l’Evian Championship, l’homme étant aussi un amoureux transi du golf sous toutes les coutures.
Sa passion pour le noble jeu l’a ainsi amené à créer une petite merveille de parcours (dessiné par Fream & Dale) à Jeju Island au sud de la Corée. Nine Bridges n’a pas mis longtemps pour intégrer le Top 10 asiatique et le Top 100 mondial des parcours, le sérieux classement biennal mené par Golf Magazine.
Cet étonnant parcours a accueilli à plusieurs reprises le World Club Championship réunissant les meilleurs joueurs d’une vingtaine de clubs tirés du Top 100, de Pine Valley à Morfontaine, Valderrama, Winged Foot, Oitavos Dunes ou Royal Melbourne.
Depuis 2017, ce beau tournoi amateur a laissé la place à la riche CJ Cup du PGA Tour dotée de dix millions, déplacée en octobre dernier à Las Vegas pour cause de pandémie.
Le même Jay Lee (pour les amis) voulait faire encore mieux dans la région de Seoul.
Une allure de cathédrale
A 45 minutes du centre de cette ville tentaculaire, il a ainsi ouvert Haesley Nine Bridges, club tout aussi privé que son aîné de Jeju. Les architectes sont les mêmes, mais il y a plus de Dale que de Fream sur cet honnête parcours de 6640 mètres pour un par 72.
Des tees du fond, on trouve des par 3 de 210 et 230 mètres, des par 5 de plus de 510 mètres, le tout élégamment disposé sur un terrain dénivelé où les bunkers sont légion et bien placés, les dog-legs présents, les greens larges et très rapides aux pentes traîtres.
Comme la maintenance est irréprochable, le plaisir de jouer est total d’autant que le décor est soigné. Comme au No 16, un long par 5 bordé à gauche par de gros parallélépipèdes de pierre adroitement empilés en quinconce jusqu’au green en forme d’amphithéâtre que décore une belle cascade agrémentant aussi le No 10. Spectaculaire !
Le club-house l’est plus encore, l’ami Lee ne reculant devant aucune gageure. Pour mettre en musique l’architecture créative du japonais Shigeru Ban et du coréen Kyung-sik Yoon, des artisans charpentiers suisses ont assemblé un complexe écheveau de pièces de bois au millimètre près.
Le résultat est saisissant et fait l’objet de multiples distinctions comme l’ensemble de ce clubhouse en forme de cathédrale, très novateur dans tous ses détails. La visite n’étant pas un projet facilement réalisable, à voir au moins en image ou en video.
Philippe P. Hermann