Christian Ledan a bien voulu livrer, en exclusivité pour les lecteurs de Golf Planète, ses impressions sur ce Masters 2021.
À lire sans modération : notre confrère expert, après tant d’années passées à commenter Masters, Majeurs et tournois internationaux sur Canal+, nous dit son attachement à Augusta ainsi que son admiration pour un joueur et un peuple….
Pourquoi cet attachement au Masters ?
Nous l’attendions avec beaucoup d’impatience cette édition du printemps 2021, car, il faut bien l’avouer, ce Masters de l’automne 2020 nous avait laissés un peu sur notre faim golfique…
Mais pourquoi donc sommes-nous autant attachés à ce Majeur particulier ?
Parce que cette épreuve si différente marque les esprits de tous : même les non golfeurs ne peuvent ignorer ce tournoi unique. Ma boulangère qui ne sait rien de rien au golf connaît au moins 2 noms : Tiger Woods et le Masters… C’est dire !
Pas de cadeau à attendre
Pour l’élite mondiale, l’Augusta National est un vrai test de golf. Henrik Stenson m’avait dit un lundi après-midi après le tournoi alors que nous attendions notre vol à Atlanta : « Le Masters nous met face au plus profond de notre golf : il n’y a pas de cadeau à attendre »…
Si l’Augusta National ne fait pas de cadeau sur les cartes de score, il offre en revanche, à chaque passionné de golf, des moments uniques d’histoire où le mot patience prend tout son sens ; comme si le temps n’avait pas la même valeur dès que le Magnolia Lane est franchi…
Le rêve de Ozaki et d’Aoki
Il a fallu attendre presque 30 ans pour qu’un non-Américain remporte le tournoi (G. Player 1961), presque 50 ans de patience avant qu’un Européen glisse cette veste verte sur ses épaules (S. Ballesteros 1980), près de 80 ans après sa création pour qu’un Australien gagne enfin et 120 ans d’histoire du golf nippon pour célébrer le 1er titre Majeur d’un Japonais… Hideki Matsuyama a eu la bonne idée d’ouvrir le compteur avec le Masters 2021 !
Ces illustres prédécesseurs, Masashi Ozaki dit « Jumbo » ex n°5 mondial ou Isao Aoki, 2e de l’US Open en 1980 derrière Jack Nicklaus, en ont rêvé des années durant sans décrocher le Graal.
Notre culture européenne ne nous donne pas les clefs pour bien saisir toutes les subtilités de l’adoration du peuple japonais pour ses champions : le mot demi-dieu n’est pas usurpé au moment où Matsuyama est adoubé par la grande histoire du golf.
Le voici dans un nouveau statut, lui qui était déjà star depuis son passage chez les pros, ultra sollicité par les médias et observé méticuleusement à chaque minute de sa vie…
La flamme de tout un peuple qui maitrise ses émotions
À quelques jours des Jeux Olympiques de Tokyo, Hideki va porter fièrement la flamme de l’espoir pour tout un peuple et comme toujours avec retenue et modération, admiratif en bon latin que je suis de cette gestion profonde des émotions, tout en simplicité, fidèle à la tradition, en parfait accord avec le tournoi des Maîtres : c’est sans micro ni rappel de palmarès que le starter de l’Augusta National Golf Club annonce :
« Hideki Matsuyama now Driving »
Christian LEDAN