Le remarquable succès de Rasmus Højgaard, vingt ans, à l’Omega European Masters disputé à Crans-Montana, a boosté la communication de la célèbre marque horlogère suisse mise en exergue plus qu’à l’habitude.
On était parti pour mettre en place une édition 2021 bouche-trou aux conditions hyper restrictives face à la pandémie, pour ne pas répéter l’abandon 2020. Mais les conditions sanitaires évoluant, les autorités donnaient un feu vert instable, et le tour européen officialisait, à des conditions draconiennes, cette édition de plus vieux tournoi d’Europe organisé au même endroit.
A ce moment-là, on file vers la fin mai, après ordres et contre-ordres, plans A, B, C jetés au pilori. Yves Mittaz, directeur du tournoi, repartait alors de rien priant pour être prêt à temps, six semaines plus tard. Un événement de cette importance et ses 40’000 spectateurs ne s’installent pas par enchantement.
faire plus pour ce grand tournoi qui est en Suisse. Nous devons le soutenir, le faire grandir.
Raynald Aeschlimann
Toute cette résistance n’aurait sans doute pas survécu sans l’attention et l’effort portés par le CEO d’Omega, partenaire en titre du tournoi depuis 1983 que nous avons rencontré.
Pour Raynald Aeschlimann, jeune quinqua aux commandes depuis les JO 2016, pas question de repasser son tour. «Nous devons faire plus pour ce grand tournoi qui est en Suisse. Nous devons le soutenir, le faire grandir. Il a quelque chose de spécial et ça ne change pas au fil du temps. Depuis 2016, nous éprouvons le même plaisir d’accueillir les spectateurs, les personnalités, la presse. Mais, sous le signe des nouvelles technologies, il a fallu adapter notre façon de vivre, de travailler, de communiquer, de commercialiser afin d’être en ordre pour nos événements».
Olympisme chevillé au corps
A cette occasion, Omega en a fait une belle démonstration. Pourquoi?
Marque suisse, tournoi suisse, production suisse, alors que le marché suisse n’est pas d’abord le vôtre, trop petit, dit-on.
«Non, ce pays n’est pas un petit marché et il a une grande connaissance horlogère. Les gens adorent les montres. Notre « Made in Switzerland » colle bien à ce tournoi. Il est difficile de trouver un helvète qui ne sache pas ce qu’est le Masters grâce aussi à la présence de personnalités du sport par exemple. Nos montres sont reconnaissables, ne se ressemblent pas entre elles et sont simplement universelles.»
«Leur conception est inspirée par l’histoire d’hier et de demain, avec un grand respect pour les valeurs et le Masters en démontre quelques-unes. Le public a ainsi rendu mythiques certaines montres telle pourtant la très moderne Seamaster. Sur les mêmes bases, Omega est un exemple dans le développement de nouvelles technologies. L’adjonction de la céramique dans la création d’un garde-temps ou le “Touchpad” permettant à un athlète en course d’arrêter lui-même le chrono, sont de belles avancées. Mais on ne s’éparpille pas, fidèle aux créations passées comme la Speedmaster de 1957, avec l’adjonction de petites lignes aux modèles profilés, le tout faisant la richesse de notre maison et sa célébrité en n’étant, ni mono-marque, ni mono-produit, ce que nous laissons à d’autres».
«Notre maison horlogère est aussi la plus olympique et 550 membres du personnel Omega étaient à Tokyo. Faire le choix ou distinguer les deux événements ne sont pas un must. Si leur retentissement n’est pas le même, ils sont à égalité au niveau du cœur. L’athlétisme et la natation sont dans notre stratégie sportive, mais cela fait trente ans qu’Omega a investi dans l’Asian Tour. Le golf est dans notre stratégie. Nous le soutiendrons et investirons toujours plus. Et il y a de la place pour tout le monde!»
Fin non programmée
De retour sur le gazon, après l’évocation des marchés ou la collaboration de Sergio Garcia et Adam Scott, deux têtes d’affiche Omega, enfin notre curiosité allait-elle être satisfaite par ce PDG du temps moderne. Entre greens et fairways du Golf Club Crans S/Sierre, on chuchote des “Rolex va reprendre le tournoi” Médisance ou vérité?
«Si un jour, nous décidons de quitter, ce sera pour des raisons qui nous sont propres ou parce que nous sommes en décalage avec l’organisation. Peut-être que, à ce moment-là, un repreneur sérieux, pour ne pas dire Rolex, estimera que c’est le bon moment. Mais on en est à mille lieues. Nous voulons faire plus encore, le soutenir, le faire grandir. L’important, c’est l’évolution en commun. Le succès qui en découle peut faire des envieux. Peu importe qui…»
Et venant comme une confirmation de cette façon de voir juste quelques heures après les flonflons fêtant la victoire du jeune Højgaard en Suisse, le European Tour annonçait que la marque Slync.io prenait la suite d’Omega au Desert Classic de Dubaï dont la marque horlogère était sponsor-titre depuis 1989. De plus, ce grand rendez-vous de janvier acquiert maintenant une nouvelle stature en s’affichant “Rolex Series” avec une dotation de huit millions.
Philippe P. Hermann