Selon une étude menée par Betway, on a beau avoir été un illustre joueur en Ryder Cup, cela ne vous assure pas le fait de l’être également dans le rôle de capitaine. Et inversement, un joueur modeste peut se transformer en véritable meneur d’hommes. Exemples.
Par Lionel VELLA
Steve Stricker, hôte cette semaine chez lui dans son Wisconsin natal de la 43e Ryder Cup de l’histoire, et l’Irlandais Padraig Harrington, son pendant européen, resteront-ils dans la mémoire de cette compétition mythique comme de grands capitaines ? Verdict dimanche en fin de journée à Whistling Straits (Wisconsin).
Une chose est d’ores et déjà certaine. Comme joueur, ces deux-là n’affichent pas un CV de premier de la classe.
L’Américain, 54 ans, a disputé trois Ryder Cup (2008, 10 et 12). En 11 matches joués, il a perdu à 7 reprises et n’a ramené que 3,5 points à son équipe (dont trois rien qu’en 2010 au Celtic Manor où les Etats-Unis se sont inclinés 14,5 à 13,5). Pour sa défense, il a toutefois été un solide capitaine en 2017 en Presidents Cup (victoire des Etats-Unis 19 à 11 face aux Internationaux).
Harrington, 50 ans, vainqueur de quatre Ryder Cup (2002, 04, 06 et 10) pour deux défaites (1999, 2008), propose des stats tout juste moins médiocres avec 10,5 points en 25 matches joués (9 victoires, 13 défaites, 3 nuls).
Faldo, joueur sublime, capitaine fantomatique
Alors doit-on obligatoirement être un grand joueur de Ryder Cup pour devenir un grand capitaine ? A cette question, il semblerait que les Européens s’en sortent bien mieux que leurs homologues américains.
Severiano Ballesteros, Bernhard Langer, Sir Nick Faldo, Colin Montgomerie et José Maria Olazabal ont ainsi marqué au moins 20 points en Ryder Cup et ont presque tous été des capitaines emblématiques.
Presque tous car Faldo, qui avait fait l’erreur en 2008 à Louisville (Kentucky) de centraliser l’attention des médias au détriment de ses joueurs, a certainement été l’un des pires chefs d’équipes de ces 30 dernières années.
Confiance, respect, charisme
Les chiffres ne mentent pas. Sur les 10 capitaines européens à avoir remporté la Ryder Cup depuis 1987, 7 possédaient un pourcentage de points d’au moins 50 % et 8 avaient remporté au moins 10 points au cours de leur carrière de joueur.
Vainqueur en 2004 à Oakland Hills (Michigan), Thomas Levet est revenu dans un entretien qu’il nous a accordé en début de semaine sur le rôle essentiel joué par son capitaine, l’Allemand Bernhard Langer (24 points en 42 matches avec 21 victoires, 15 défaites et 6 nuls).
« Il nous mettait en confiance avec des petits mots qui faisaient mouches. Quand on a un bonhomme aussi charismatique que lui en face de vous et qui vous met en confiance, on peut déplacer des montagnes. Grâce à lui, je me suis survolté. On avait un énorme respect vis-à-vis de Bernhard. Tactiquement, il n’y a pas meilleur que lui. »
Nicklaus, l’affront de 1987
Monstres sacrés du golf US, multiples vainqueurs en Majeurs, Tom Kite, Jack Nicklaus, Lee Trevino, Lanny Wadkins ou encore Billy Casper sont, eux aussi, devenus capitaines après avoir été les plus titrés en Ryder Cup.
Ce fantastique quintet a au moins remporté 17 points avec un pourcentage de points supérieurs à 60 %. Pourtant, Kite et Wadkins n’ont jamais réussi à mener leur équipe à la victoire en devenant capitaine… Et Nicklaus a même été le premier capitaine de l’histoire à perdre aux Etats-Unis en 1987.
A vrai dire, depuis 1999 et la délétère « bataille de Brookline », aucun des trois capitaines américains victorieux n’a été un grand joueur de Ryder Cup. Ben Crenshaw, en 12 matches joués sur quatre Ryder Cup (1981, 83, 87, 95), n’a récolté que 3,5 points.
Paul Azinger, considéré toujours aujourd’hui comme l’un des plus grands capitaines depuis 1927, victorieux en 2008 au Valhalla (Kentucky), propose 6,5 pts en 16 matches (5 victoires, 8 défaites, 3 nuls).
Quant à Davis Love III, vainqueur en 2016 à Hazeltine après avoir vu son équipe battue sur le fil en 2012 à Medinah (13,5 à 14,5), son passé de joueur en Ryder Cup n’a vraiment rien d’emballant : 9 victoires, 12 défaites, 5 nuls en 26 matches. Bref, l’habit ne fait pas forcément le moine…
Photo : Andrew Redington/Getty Images,/AFP