Passé au Golf & Country Club de Bossey pour revoir le beau parcours de Robert Trent Jones Jr au pied du Mont-Salève dominant le Canton de Genève, voilà notre cicerone du jour Jérôme Percherancier, capitaine des équipes du club.
Très vite, derrière ses galons, on découvre un total fondu du golf à inclure dans le “who’s who” de nos rencontres du 3ème type. Parce que ce Jérôme-ci ne sort jamais sur le parcours sans un objectif 35 mm monté sur son Leica duquel il est aussi attaché que DeChambeau au driver Cobra King Radspeed. Et le parcours, il le connaît sur toutes les facettes, toutes les ombres et lumières, à 5h00, midi ou 22h00, toutes les saisons, accumulant les découvertes photogéniques sans cesse débusquées ad libitum sur de nouveaux angles de prises de vues, une tâche sans fin dans un paysage tridimensionnel jamais figé.
Et ce qui devait arriver…
Editer un livre racontant un club est chose courante, par exemple pour marquer son centenaire. A Chantilly (1909), l’ouvrage sort cette année avec un peu de retard. Pour Genève, la fête est programmée en 2022.
En général, les documents du passé les plus parlants sont assemblés pour renaître à la façon d’une compilation de pages wikipedia. Un bel exercice de mémoire, mais rarement un plaisir de lecture.
Poussé par ses amis de Bossey, dont Robin Luisier, imprimeur de luxueuses éditions au compte de grandes marques horlogères, le photo-golfeur s’est équipé d’un stylo pour raconter, non pas le CV de son club né en 1985, mais le parcours très unique de Robert Trent Jones Jr qui l’affectionne particulièrement.
Surclassement
D’un simple carnet de notes illustrées pour ses seuls yeux, voici maintenant « Mon Parcours/My Golf Course » (204 pages, français et anglais, 118 images) dont Jones Jr assure l’avant-propos avec une certaine émotion.
Trou par trou, l’auteur nous emmène vers chacun des détails qui font l’originalité d’un terrain de jeu dénivelé, sans aucun doublon, appuyé sur les quatre points cardinaux et deux vents dominants guidés par les hauts murs du Salève. Les premiers coups de crayon de Robert Trent Jones Jr en tenaient déjà compte pour étalonner et disposer dix-huit terrains de jeu mis en question à l’ouverture, mais quasi parfaits aujourd’hui.
La faculté de lire l’évolution temporelle d’un golf à peine dessiné, ou à réaménager, est l’un des traits de l’architecte américain. Le Golf Club de Genève est exemplaire à ce sujet, sa superbe révision du parcours, conçu par son père en 1973, lui faisant retrouver l’aval de ses membres et sa place parmi les meilleurs de Suisse.
Essai transformé
Cette édition*, rare dans sa conception, est traitée comme un objet d’art. Les images sont belles, signées par l’auteur, amateur passé par l’agence Magnum Photos (Cartier-Bresson, Robert Capa) et cela se ressent.
Prestige Graphique donne toute la qualité désirée à l’impression réservée de 1000 exemplaires. Les lecteurs rencontrés sont positifs au point de suggérer d’autres éditions à la suite de cette production particulière et la création d’une collection « Mon Parcours/My Golf Course » plus étendue consacrée à des parcours notoires sortant de l’ordinaire ou, pourquoi pas, le vôtre.
En écrivant ses premières lignes ou recadrant des images, Jérôme Percherancier était loin d’imaginer devoir répondre à un tel souhait et changer le cours de sa vie. La question est posée.
(*) Voir www.mgc-collection.com
Photo de Jérôme Percherancier : Eddy Mottaz/Le Temps