Notre ami et chroniqueur irlandais, Ivan Morris, a quitté en octobre son ile préférée et ses parcours mythiques qu’il arpente depuis longtemps – handicap à 1 chiffre depuis 60 ans, qui dit mieux ? – pour s’échapper dans le sud-est de l’Espagne près d’Alicante.
Une région qu’il connait bien : nous lui avons demandé de nous parler de ses deux parcours préférés : Las Colinas (photo couverture) et Lo Romero.
Voici sa présentation qui est une invitation au voyage.
Une chronique de Ivan Morris
Las Colinas : une vallée spectaculaire surplombant la Mar Menor
J’avoue ne pas être passionné par les longs classements des parcours de golf. Je préfère les évaluer ainsi :
– * : mérite de traverser une ville pour le jouer
– ** : mérite de traverser un pays pour le jouer
– *** : mérite de traverser un océan pour le jouer…
Traverser un océan, c’est ce que j’ai fait en octobre en prenant le « Connemara » de Brittany Ferry pour aller d’Irlande en Espagne, de Rosslare à Bilbao. J’ai ensuite conduit ma propre voiture pour rejoindre Las Colinas*** à San Miguel de Salinas, situé à 45 minutes au sud d’Alicante.
Le confortable voyage en mer a été suivi d’un trajet facile de 9 heures traversant des paysages différents : une «Suisse» alpine, puis les vastes vignobles de La Rioja et enfin, les plaines presque désertiques d’Almanzora où Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach ont tourné “Le bon, la brute et le truand” et “Quelques dollars de plus” que je me souviens avoir vus à Sligo pour un peu de coaching mental sur le thème “tuer ou être tué” et qui me rappelaient des tournois en match play à Rosses Point au milieu des années 60 ! Que l’Espagne soit un pays fascinant d’une infinie variété m’a été confirmé au voyage retour en traversant Murcie, Albacete, Madrid, Burgos et Bilbao.
Après s’être fait un nom comme destination golfique et résidentielle la plus recherchée d’Espagne, Las Colinas Golf & Country Club, qui célèbre son 10e anniversaire en ce mois de novembre, se niche dans une vallée spectaculaire de 330 hectares surplombant la scintillante Mar Menor.
Il y a 10 ans, la conception de style américain et la réalisation du golf par Cabell Robinson a été qualifié comme un exploit rare, dans l’esprit même de ce qu’écrivait George Thomas : “Pour profiter pleinement du golf, il faut comprendre et apprécier ce qui participe à la théorie et à la stratégie du parcours. Ce golf n’a pas été construit au hasard, mais à partir de principes construits comme des axiomes, après des années d’essai et de recherche, adaptés à chaque problème particulier”.
Dans le même temps, Las Colinas gagnait le statut d’hôte de tournois de l’European Tour et remportait à quatre reprises le titre de «Meilleur parcours de golf d’Espagne» aux World Golf Awards.
Semblable à la gestion des terrains de golf dans toute l’Espagne, le club ajuste désormais son objectif pour permettre au terrain de golf de mûrir à son propre rythme, tout en travaillant en association avec les organisations nationales de l’environnement du golf et en collectionnant les certificats adéquats pour le prouver.
La défense de l’environnement est devenue un maître-mot dans la gestion des terrains de golf en Espagne. Il y a une poussée majeure de par le monde pour un golf plus “green”, plus responsable, ce qui signifie des interventions pour conserver l’eau et en réduire la consommation, réduire l’utilisation de produits chimiques ainsi que faciliter la vie de la faune. Pour y parvenir efficacement, il faut de la retenue, une planification minutieuse et une gestion avisée. Tout n’est pas philanthropique. Notre survie dépendra de notre attitude en de domaine.
Pour revenir plus précisément au parcours de las Colinas, je dirais d’abord que les trois premiers trous sont si difficiles que si vous pouvez gérer deux pars dessus, vous pouvez être sur que vous allez passer une bonne journée ! Le plus souvent, j’avoue avoir du mal à gérer ce premier challenge ! Après ce baptême plein de frustration, sachez que le parcours offre de vrais chances de faire des pars et des birdies … jusqu’à ce que le dernier trou fasse à nouveau monter enjeux et tension. Mes trous préférés sont les quatre pars 5. Chacun est assez différent en mettant l’accent sur la recherche de la bonne position pour maximiser ses chances ; être en dehors de cette bonne position nécessaire peut vous entrainer loin des birdies possibles et près d’un score élevé.
Le slope de 135 à partir des tees jaunes ne me parait pas correspondre à la réalité , même si les scores aperçus vont dans ce sens.
Le tarif du green fee est flexible (entre 55 € et 125 €) selon la demande.
Mon conseil est de contacter les réservations pour voir quelles offres sont disponibles au jour le jour : vous pourrez obtenir une bonne affaire… Et n’oubliez pas de vous préparer au test des trois premiers trous !
Pourquoi Lo Romero est mon parcours préféré
La ville d’Alicante, dans le sud-est de l’Espagne, est devenue mon lieu de vacances privilégié depuis plus de vingt ans. J’y apprécie le soleil garanti, les eaux chaudes de la Mar Menor de la Méditerranée, la bonne table au bon rapport qualité-prix, ainsi que les nombreuses attractions culturelles.
Bien que je sois allé à La Manga situé dans la ville voisine de Murcie ainsi que dans une demi-douzaine d’autres régions d’Espagne pour des tournois de golf, j’avais jusqu’à récemment négligé Alicante comme Mecque du golf. La vérité est que j’avais raté des parcours souvent bien mieux qu’ailleurs : j’y ai maintenant joué suffisamment de golfs pour pouvoir déclarer celui que je préfère.
Lo Romero Golf Club se retrouve à 2,5 kms au nord-ouest de Pilar de la Horadada. Il a ouvert ses portes en 2008 et possède un formidable slope de142 (tees jaunes), ce qui le place entre des golfs prestigieux comme Valderrama et Sotogrande. Information intéressante : le golf est devenu la propriété de la famille Jiménez, basée ici, par le biais de sa société de construction et d’entretien de parcours, Desarollos y Contrata Golf.
En 1971, Pedro Jiménez Ruiz – maintenant âgé de 88 ans – possédait un bulldozer et a été embauché par le propriétaire d’origine de La Manga Resort, Gregory Peters, pour éliminer la végétation indésirable dans la propriété qu’il avait achetée et préparer ainsi la construction d’un terrain de golf ». Entre les deux hommes, s’est vite développée une bonne relation personnelle qui a conduit Pedro à l’engager pour construire les trois terrains de golf de La Manga. Dans la foulée, Pedro est devenu si expert que Desarollos y Contrata Golf a été fondée et une carrière bien remplie avec la construction de plus de 50 parcours de golf dans toute l’Espagne a commencé.
Au début des années 2000, l’un des clubs de golf les plus importants d’Espagne, le Real Club la Moraleja, a engagé Jack Nicklaus pour concevoir trois nouveaux parcours, ce qui en a fait le plus grand club de golf avec le plus grand nombre de membres dans une région métropolitaine d’Europe. À ce moment-là, Pedro a été rejoint par son fils, Victoriano Jiménez Ingles, qui avait repris l’entière responsabilité de l’entreprise. L’ensemble du projet Moraleja a duré 5 ans, suivi d’un contrat de maintenance de quatre ans. Victoriano avoue avoir de très agréables souvenirs en ayant rencontré Jack Nicklaus à plusieurs reprises et avoir discuté avec lui comme s’il était son oncle préféré ! Quelque chose à raconter aux générations futures, sans aucun doute.
Lorsque le contrat de construction de Lo Romero à Pilar de la Horadada a débuté en 2008, il s’agissait (littéralement) d’un projet très proche du cœur de Victoriano, lui qui avait passé sa jeunesse à proximité, à San Pedro del Pinatar. Encore une fois, quand le parcours fut terminé, le propriétaire a demandé qu’un contrat d’entretien à long terme soit conclu. Peu à peu, Desarollos y Contrata Golf a assumé les responsabilités quotidiennes car les propriétaires voulaient se concentrer sur la vente de propriétés et de l’immobilier. Un accord a été conclu et le terrain sur lequel le terrain de golf a été construit est devenu la propriété exclusive de Desarollos y Contrata Golf. Peu de gens ont ainsi construit d’abord un terrain de golf avant de le posséder. Ce qui crée des précédents qui pourraient faire des émules.
Dès le début, l’approche écologique a été mise en avant. L’accent fut mis sur le souci de rendre le parcours respectueux de l’environnement et les émissions carbone de tous les équipements ont dû être éliminées, les produits chimiques réduits au minimum et l’utilisation de l’eau réduite au minimum. La grande flottille de voiturettes de golf est ainsi nettoyée sans utiliser d’eau et l’eau mise sur le parcours est toujours de l’eau recyclée.
Le dessin du parcours se balade sur un terrain légèrement vallonné. Il n’y a pas de collines infranchissables et on note de nombreux buissons, arbres, broussailles, ruisseaux et lacs que la faune locale peut habiter sereinement.
Les propriétés ayant été vendues, le terrain de golf reçoit maintenant toute l’attention et bénéficie des investissements du propriétaire. Les grands greens inclinés sont d’une telle qualité qu’ils ont la vitesse d’un tournoi professionnel. Les larges fairways offrent une polyvalence illimitée pour convenir aux golfeurs de tous niveaux et offrir d’intéressantes options stratégiques. Mon trou préféré est le 8, un dogleg par 4. Au drive, le groupe d’arbres sur le côté gauche doit avoir une large place, mais attention, il y a de l’eau qui vous attend sur la droite. Drive suivi ensuite par un deuxième coup de fer moyen qui doit être joué avec précision au-dessus d’une plusieurs bunkers : quel que soit l’endroit où se trouve le trou, il convient en plus de se méfier de l’eau qui se cache derrière le green.
Pour décrire Lo Romero en un mot, je dirais : naturel. Si on m’autorise à en choisir un autre : magnifiquement entretenu ; et avec quatre mots : pars difficiles, bogeys faciles.
Les montées et les descentes douces sur les neuf derniers trous sont parmi les meilleures caractéristiques de Lo Romero. Le parcours est assez long mais qui ne dépend pas uniquement de sa longueur pour se défendre. Nulle part cela n’est plus pertinent qu’au18 où un Pete Dye inspiré, celui du Sawgrass-island-green, a créé un trou qui reste le premier et le dernier sujet de conversation parmi les golfeurs qui l’ont joué. L’approche tactique pour jouer ce diabolique défi par 4 fait partie de toutes les discussions d’après-partie.
À l’heure actuelle, les installations hor-parcours sont basiques mais parfaitement adéquates. Le personnel est exceptionnellement efficace et sympathique. Le souci du détail et le service client sont sans égal.
Les green fees varient de 50 € à 89 € selon la demande et la période de l’année.
The golf destination to go !
Ivan Morris
Photos Las Colinas / Azalea / Lo Romero