Le thème de cette deuxième partie de l’enquête de Golf Planète sur la construction des golfs en France porte sur la saturation éventuelle de certaines régions On pense à la Côte Basque ou sud est provençal, par exemple mais existe t-il vraiment là ou ailleurs sur notre territoire un tel phénomène ? Comment peut-on l’analyser ? Quelles solutions peut-on apporter ?
Nous avons naturellement questionné la Fédération Française de Golf pour connaître son sentiment et deviner les perspectives à venir. Mais également deux architectes et un directeur de golf.
Alain Prat, architecte français bien connu, nous a fait livré une réponse argumentée, approfondie, luçide, riche d’exemples et pas toujours consensuelle ! Stuart Hallet et Marc Tremel, basés à Biarritz, donnent également un point de vue qui ouvre le débat.
À noter que vous pouvez retrouver le premier article en pièce jointe.
Le problème est que tout le monde veut jouer au même endroit et au même moment
Premier interlocuteur : la cellule Equipements de la Fédération Française de Golf.
Golf Planète : Peut-on dire qu’il y a aujourd’hui des régions (ou villes) à saturation?
Simon Glinec, Ffgolf : Nous ne pensons pas qu’il y a saturation géographique. Le problème est que tout le monde veut jouer au même endroit, au même moment, aux mêmes horaires. Il y a donc des périodes de forte affluence et de forte demande, mais aucun golf n’est complet à 100% toute l’année. C’est comme le tourisme, si vous voulez être malin, jouez autour de Paris en août, vous serez au calme.
GP : à partir de quel seuil peut-on dire qu’il y a saturation?
SG : Sincèrement, il n’est pas possible de répondre à cette question de manière spécifique. Dans certains clubs, les joueurs souhaitent garder la plus grande liberté d’accès au parcours. C’est notamment le cas des clubs que l’on pourrait qualifier de « haut de gamme « , qu’il s’agisse de clubs associatifs ou commerciaux. D’autres modèles d’exploitation sont en revanche fondés sur le « volume ». en France, comme dans les grands pays golfiques historiques, les équipements fonctionnent de manière assez disparate en fonction du modèle économique et du projet de chaque club.
Si on tentait une comparaison entre la filière golfique et la gastronomie, on trouve dans notre environnement des établissements qui font de la cuisine de bistrot – qui on le sait peut être très savoureuse bien qu’on la déguste rapidement sur un coin de bar ! – et des étoilés au Guide Michelin, au sein desquels on peut passer plusieurs heures à table.
GP : en comparaison avec les autres pays en Europe, comment se situe-t-on?
SG : Avec 740 équipements pour 439 000 licenciés, soit un ratio de 593, on est encore loin de la Hollande ou de la Suisse.
Je vous engage à ce sujet à consulter le rapport 2021 du R&A que vous trouverez sur leur site et dont voici deux tableaux :
GP : quelles solutions à court et moyen terme? »
SG : La Ffgolf souhaite continuer d’accompagner les porteurs de projet dans la création d’ équipements.
Au risque d’être un peu simpliste, on peut dire que l’équation est pourtant assez simple à poser : plus nous aurons d’équipements, plus nous offrirons d’opportunités de jeu de proximité et plus nous aurons de golfeurs.
La réponse ne peut néanmoins pas être uniforme sur l’ensemble du territoire. Pour des raisons démographiques et qui tiennent aussi à la nature des sols – dans le cadre d’une approche plus globale intégrant la prise en compte de facteurs environnementaux ou écologiques – les réponses apportées en matière de création de nouveaux équipements doivent être adaptées à chaque territoire. Cette réflexion doit également être menée en étroite collaboration avec les acteurs de la filière golf, tels que les groupements professionnels et les exploitants locaux. Ça n’aurait tout simplement pas de sens de favoriser la création d‘équipements dans une zone déjà « suréquipée ».
Pour tout retrouver sur le site de la fédé : cliquez ici
Le golf en France, vers une croissance durable ? L’avis d’Alain Prat
Deuxième interlocuteur de cette partie de notre enquête :
Alain Prat, architecte de golf français de renom, ancien vice-président de l’Association Européenne des Architectes de Golf et notamment concepteur du célèbre parcours de Pléneuf Val André en Bretagne. Mais aussi Gujan-Mestras, Longwy, Atlas Marrakech, Normandie Côte d’Albatre etc…
Quel est le paysage du golf en 2022 ?
Alain Prat : Le R&A G.C. of St-Andrews a publié une étude en décembre 2021 selon laquelle la popularité du golf dans le monde a connu une exceptionnelle progression ces 5 dernières années avec plus de cinq millions et demi de nouveaux golfeurs. Depuis 2016, le nombre total de golfeurs (toutes pratiques confondues) dans le monde est passé de 61 millions à 66,6 millions. Cette forte augmentation, selon SMS, concerne l’Asie, l’Amérique du Nord, et pour l’Europe le Royaume Uni et l’Irlande avec plus de 2 millions de nouveaux pratiquants. Selon Phil Anderton« en particulier au cours des deux dernières années, le golf fut l’un des sports pouvant être pratiqué en toute sécurité à l’extérieur au cours de la pandémie de Covid-19. Nous devons tirer le meilleur parti de cette opportunité… et pour y parvenir offrir une variété d’options attrayantes et flexibles qui encouragent les golfeurs à jouer plus régulièrement et profiter de ses nombreux avantages pour la santé et le bien-être avec leur famille et leurs amis ».
Si l’économie d’un golf dépend essentiellement de son taux de remplissage, les mécanismes de développement restent dépendants de nombreux facteurs. En France, ce sport-loisir s’est développé entre les années 1985 et 1995 avec la construction de 385 golfs 9, 18 trous et + pour atteindre une progression plus lente d’environ 10 golfs par an de 1995 à 2020 et un total de 750 golfs (source FFgolf). Parallèlement le nombre de golfeurs est passé dans les mêmes périodes de 200 000 à 435 000. La progression annuelle ces dernières années approche les 5%. Les golfs se divisent en 4 catégories, la plus importante les golfs « commerciaux » financés (terrain et construction) majoritairement par des maîtres d’ouvrage publiques et gérés par des opérateurs privés (fonds de pension, promoteurs…), les golfs publics qui à la différence des précédents sont gérés par des collectivités, les golfs privés et en faible nombre, les golfs immobiliers.
Peut-on parler de démocratisation en France ?
La multiplication des parcours en France a conduit à une relative mais certaine démocratisation du golf. Cependant, les freins socio-culturels portés par les scories d’une réputation du golf comme sport « aristocratique » devenu aujourd’hui, selon la caricature, « sport de riches », le manque d’équipements réellement publiques (au même titre que d’autres équipements tels les terrains de foot, les piscines etc.), font que la France marque encore un retard dans son développement si on la compare par exemple à l’Allemagne 600 000 joueurs et 750 golfs. On peut rappeler que le Royaume Uni compte 1 120 000 joueurs pour 3 300 golfs (560 en Ecosse !) pour une population quasi équivalente à la France de 67 millions d’habitants.
La marge de progression est donc grande pour la France. Toutefois, certaines régions (Sud-ouest et Sud-est, Ile de France, Rhône Alpes et en moindre mesure, la région Bretagne) sont « saturées » notamment pour les régions touristiques les week-end et vacances. Alors que d’autres tendent vers un équilibre précaire selon les situations et la zone de chalandise avec un taux de remplissage au seuil de la rentabilité.
Et quels en sont les principaux freins au développement ?
En dehors du prix et du caractère chronophage du golf, le développement de la pratique du golf en France est la résultante de plusieurs critères :
– Le jeu de golf, sport difficile et compliqué passionne les anglo-saxons, beaucoup moins les français au caractère latin,
– Le golf est peu ou pas assez médiatisé faute de communication vers le grand public, avec une quasi-absence de diffusion de l’actualité par les médias généralistes ou les instances officielles,
– Malgré les efforts réalisés en direction du golf scolaire, la pratique du sport en France reste à ce niveau aléatoire avec l’émergence de champions toutes disciplines sportives confondu très irrégulière freinant la détection des talents en comparaison des pays anglo-saxons où la pratique scolaire ou universitaire permet de détecter en amont ces talents. On peut se mettre à rêver d’un jour futur où l’on verra comme dans les rues de St-Andrews les enfants revenant de l’école avec d’un côté de l’épaule son cartable et de l’autre son sac de golf…
– Le prix élevé de la pratique qui filtre indéniablement l’envie et la typologie des catégories socio-professionnelles éligibles.
– Et peut-être le plus important, l’absence d’émergence de grands champions français dans le top Ten, contrairement à certains pays d’Europe forts de leurs légendes d’hier et de leurs grands joueurs d’aujourd’hui à l’exemple de l’Espagne de S. Ballesteros à Sergio Garcia, de l’Allemagne de Bernhard. Langer à Martin Kaymer, de l’UK et l’Irlande de Nick. Faldo à Rory. Mcllroy ou Yann. Poulter, de la Suède de John. Parnevik à Hugh Stenson ou même de l’Italie de Constantino Rocca à Francisco Molinari, et ce, malgré la pratique très élitiste de ce dernier pays qui compte seulement 93 000 licenciés avec pratiquement que des golfs privés (source FIG). En Espagne, le phénomène est sensiblement le même qu’en Italie, excepté que ce pays est une destination golfique majeure.
Y a-t-il un décalage entre offre et demande ?
Les taux élevés de fréquentation correspondent aux zones touristiques littorales (climat favorable, paysages, zone de chalandise) ou aux zones urbaines ou péri-urbaines des grandes agglomérations ou métropoles. Ce tropisme semble cependant s’équilibrer aujourd’hui avec une redécouverte du tourisme intérieur des zones rurales, la campagne, territoires forts de leurs atouts patrimoniaux (paysages, architecture, gastronomie…), atouts sur lesquels les promoteurs institutionnels misaient pour un remplissage rapide des golfs créés lors du boom des années 90.
Contrairement à l’idée répandue, la typologie des parcours en France n’est pas en décalage avec l’attente de la clientèle (source KPMG). Le niveau moyen des joueurs français est sensiblement le même que dans les autres pays européens avec une moyenne de score de 100 (source National Golf Foundation). Seuls les pays anglo-saxons font exception. Un grand nombre privilégie les parties amicales aux compétitions plus conviviales et moins contraignantes, le golf est aussi un loisir.
En excluant les quelques golfs de championnat de haut niveau aux standards internationaux réalisés par les architectes américains réputés pour lesquels les budgets ont été le double voire le triple des budgets de ceux des golfs construits par les architectes français comme le Golf National, les Bordes, Terre Blanche (Dave Thomas), la grande majorité des golfs réalisés en France des années 90 à ce jour par les architectes de golf français sont des parcours de standard moyen qui s’adressent principalement aux joueurs « bogeys » et donc à un large panel de joueurs, même si certains méritent des améliorations techniques.
On exclura des statistiques les 5% de golfs mal construits faute d’un budget suffisant ou mal conçus avec une topographie ou des sols inadaptés qui les rendent injouables particulièrement pour les Seniors ou les golfs frappés du syndrome de Venise où l’eau est omniprésente.
Quels équipements pour accompagner le développement du golf en France ?
Parlons d’abord des golfs municipaux ou golfs « publics »
La politique tarifaire et l’ouverture des équipements au plus grand nombre dépendra de la volonté politique des municipalités, agglomérations, métropoles ou régions de considérer le golf comme un sport accessible à tous.
En France, la plupart des golfs « publics » n’ont de public que le nom. Il existe seulement 45 Associations sportives municipales. La plupart des golfs dits « publics » sont devenus des golfs commerciaux gérés par des sociétés privées mais ouverts à tous. Les vrais golfs publics, ceux qui multiplient les actions de démocratisation, sont en grande majorité des golfs municipaux, entretenus et gérés par la collectivité. Ils ne sont pas nombreux (Limoges, Bordeaux, Luxeuil-Bellevue, Epinal…). Ils sont les seuls à pratiquer une réelle politique tarifaire capable d’ouverture vers un large public avec des green-fees inférieurs à 50€. Il s’agit donc d’un réel problème structurel.
Au Royaume-Uni et en Irlande- comme beaucoup en Amérique du Nord – les « Municipal courses » sont majoritaires. Ils sont gérés par la ville, l’agglomération ou le comté et pratiquent des conditions tarifaires très basses. Un golfeur local peut ainsi jouer pour 45€ par exemple sur le links mythique du Kilspindie G.C. datant de 1899 dont l’architecte est Willie Park Jr. Sur certains parcours, links ou inland dont l’entretien est toujours irréprochable, le club house est réduit à une simple cabane dans laquelle on dépose dans une boîte l’argent du green-fee. Dans les clubs, l’ambiance est conviviale et le club house sert de lieu de rencontre et de réunion durant la journée et le soir, ce qui n’est pas vraiment dans l’esprit français où beaucoup de club houses sont fermés le soir.
En France, un des leviers de la pratique du golf et par conséquent, de la création de nouveaux parcours qui seront nécessaires à moyen terme pour être en adéquation avec la demande serait donc de développer les golfs municipaux à gestion publique de 9 ou 18 trous. On privilégiera les 9 trous, extensibles ou non, qui demandent moins de temps à jouer et sont plus adaptés aux Seniors, part importante de la clientèle.
Si l’on considère le coût de gestion que représente un terrain de football avec un coût équipé d’environ 2M€ ou encore d’une piscine couverte, entre 12 et 15 M€ avec des fréquentations aléatoires, la notion de rentabilité ne peut être prise en compte car il s’agit d’un équipement public que se doit d’offrir une collectivité, au même titre qu’une médiathèque ou une salle de concert. Ce n’est pas le cas des golfs qui eux, peuvent assurer leur équilibre financier (le coût de construction d’un golf varie entre 2 et 8 M€ suivant le standard, hors foncier). La diminution du coût de la pratique favorise une évolution positive du golf qui se fera logiquement ressentir par l’augmentation du nombre de licenciés.
Le développement de ces structures qui, contrairement au Plan de la FFgolf « 100 petits-équipements » devrait concerner de vrais parcours 9 ou 18 trous aux normes standard avec des difficultés modulées en fonction de chaque catégorie de joueurs, dépendra essentiellement de la volonté des promoteurs que seront les municipalités, les agglomérations ou les régions. Certaines régions sont aujourd’hui convaincues de l’intérêt de développer de tels équipements afin qu’ils participent à la dynamisation sportive, touristique ou économique de leurs territoires, en veillant à faire valoir une stratégie de maillage pertinent au regard de la zone de chalandise définie par les études de marketing (clientèle locale, régionale ou touristique).
Et les golfs « commerciaux »
Si l’on prend comme exemple le golf que j’ai réalisé à Pléneuf Val-André en Bretagne, classé parmi les plus beaux golfs d’Europe (Golf Magazine U.S) et qui reçoit chaque année une épreuve du Challenge Tour, celui-ci a été financé (terrain et club-house) entièrement par des fonds publics, Etat, Région, Département, et Municipalité, y compris au niveau du foncier dont le remboursement reste à la charge de la collectivité. Comme une majorité de golfs construits ces 30 dernières années, il est passé de « public » à « commercial » par le biais d’une gestion confiée à des société privées d’exploitation (les chaînes), affermage, DSP… qui investissent très peu dans leurs parcours et pratiquent des tarifs permettant en toute logique, de rémunérer avant tout leurs actionnaires ou leurs fonds de pension. Et pourtant, le golf du Val-André est assuré de sa rentabilité avec plus de 600 membres, d’autant que le foncier reste la propriété de la collectivité.
En France, on doit moduler l’écart (qui ira croissant) entre le nombre de golfeurs et les équipements disponibles car contrairement aux pays anglo-saxons où les Clubs pour un 18 trous ont couramment 800 ou 900 membres, il est rare qu’en France ce nombre dépasse 600. La marge est donc encore grande.
Autre exemple parmi les golfs « commerciaux, le Golf International de Longwy que j’ai réalisé en 2017 aux frontières de la France, de la Belgique et du Luxembourg et qui a été financé entièrement par la collectivité. Il a été mis dès son ouverture en gestion privée commerciale sous forme d’une DSP, à charge du gérant de reverser une redevance asthénique annuelle à la collectivité. Comme pour certains golfs, cet équipement participe à l’amélioration de l’image de Longwy meurtrie par la fermeture de son bassin industriel. Malgré de fortes oppositions politiques, ce golf qui comporte une académie avec double practice et ateliers, un 9 trous executive et un 18 trous de championnat, est une pleine réussite. Il compte aujourd’hui plus de 900 licenciés avec toutes les catégories d’âge représentées.
Le golf participe ainsi au re-développement économique d’une région.
Quid des golfs privés, immobiliers ? et des resorts
Les golfs privés sont des structures qui ne sont pas ouvertes au public et réservées à leurs membres. La notion d’appartenir à un « Club » chère à la FFG reste pour la plupart de ces golfs plus une notion d’appartenance que de pratique sociale comme on l’entend dans les pays anglo-saxons.
Les golfs immobiliers sont peu développés en France. Ils sont situés principalement dans les zone urbaines ou touristiques. Ils restent une alternative au développement de parcours en France mais leur construction est conditionnée par notamment de fortes contraintes liées aux prix du foncier et particulièrement aux autorisations administratives complexes et difficiles à obtenir. Les administrations concernées (et les associations de défense) ont toujours considéré ces projets de promotion comme un acte spéculatif prétexte à construire sur des terrains là où cela est interdit….
Quant aux resorts de type américain, ils sont peu développés en Europe, hormis peut-être en Espagne et au Portugal et ne concernent que les zones à fort potentiel touristique.
L’exemple de la Côte Basque
La Côte basque et le sud des Landes sont une région où il est possible de parler de saturation : le golf de Biarritz, ouvert en 1888, a une liste d’attente de plus de 200 personnes. Hossegor, Seignosse mais aussi Arcangues, Chantaco ou Chiberta sont dans la même problématique. D’autant que certains sont aussi bien des golfs de membres que des golfs demandés par les touristes de passage, notamment les Britanniques.
Faut-il rappeler que si l’on remonte aux origines, le golf de Biarritz avait été créé par des Anglais pour des Anglais… Les temps changent : aujourd’hui, les retraités, les touristes et les joueurs locaux se bousculent au portillon des clubs.
Pour en parler, Golf Planète a rencontré Stuart Hallet, architecte anglais travaillant dans toute la France depuis 20 ans et basé à Biarritz. Ainsi que Marc Tremel, directeur de ce golf qui vient de renouveler son bail à la Socomix, société d’économie mixte en charge de Biarritz et d’Ilbarritz.
Stuart Hallet : le Pays basque est victime… de sa culture du golf !
Architecte de golf diplômé de l’Université d’Edimbourg, vous vivez à Biarritz dont la région est caractérisée, en matière de golf, par un manque de parcours, la demande étant plus forte que l’offre. Quel est votre sentiment sur ce phénomène, vous qui travaillez dans toute la France ?
Stuart Hallet : Le golf fait partie de la culture au pays Basque, et attire énormément de golfeurs : résidents, retraités venant de toute la France, et également une forte affluence d’Espagnols, de Parisiens, Toulousains, Bordelais, etc. Bref, une destination victime de son succès grâce à la diversité de l’offre avec plusieurs parcours de grande qualité.
La problématique aujourd’hui se résume à des listes d’attente pour devenir membre, ou simplement un manque de place pour la réservation de départs.
Le problème ne s’arrête pas aux parcours 18 trous. Il existe seulement deux parcours 9 trous pour absorber une demande extrêmement importante. Ilbarritz se retrouve en pleine réflexion compte tenu de l’érosion sur 3 trous, un parcours difficile pour débutants, et difficilement exploitable sans le système de navette des voiturettes.
L’Impératrice convient mieux aux joueurs débutants avec un parcours plutôt compact et complémentaire pour les membres et visiteurs de Chiberta. Il manque cruellement d’un bon parcours de 9 trous au Pays Basque. Un parcours accessible à tous, néophytes et joueurs confirmés. Où trouver un terrain, et surtout les permis ?? Les points bloquants en France concernent la création des golfs.
Quelle est la différence principale entre la politique de construction de golfs en Grande-Bretagne et en France ?
La différence est culturelle. Pas parmi les golfeurs, mais plutôt le grand public et les politiques qui dépendent des votes de la population. Le mot golf est épineux et mal considéré par beaucoup. D’autre part, les meilleurs golfs se retrouvent souvent en bord de mer, toujours possible en Grande-Bretagne mais quasiment impossible en France ! Le golf est considéré comme une construction au même titre que le bétonnage des hôtels et des maisons sur notre littoral, alors que ce poumon vert protège et valorise les côtes.
Comment rendre la culture du golf plus présente et active en France ?
Un exemple concret existe sur la commune d’Hendaye à Abbadia. Un parcours mythique créé en 1911 par le plus grand architecte de golf, Harry Colt, a disparu des années après. Le terrain existe toujours dans son état naturel avec les traces de l’ancien parcours. Une rénovation de 9 trous serait facilement réalisable pour proposer le plus beau 9 trous en France. Mais seulement avec un soutien politique et une communication transparente pour une cohabitation entre golfeurs, promeneurs et d’autres activités présentes sur le site. Une opportunité rare à saisir, peut-être !?
Marc Tremel : tensions, frustrations et manque de projets
Entre pins et océan, la Côte basque française dispose de sept parcours très variés. Trop peu à l’égard de la forte demande locale et extérieure.
Bien que l’offre puisse apparaitre intéressante sur un espace réduit, la sur-affluence crée depuis quelques années des tensions voire des frustrations.
Quel maire aura l’audace de valider l’initiative d’un nouveau projet et autorisera la construction d’une parcours de golf ?
Connaissant les méandres des autorisations administratives et leurs recours, entre 5 et 8 années sont indispensables pour imaginer de jouer sur de nouveaux fairways.
Paradoxalement, ce n’est même pas la notion financière qui serait le point crucial puisque notre hypothétique 8eme golf satisferait immédiatement 500 membres et son équilibre avec sa manne de green fees.
Étant donné la facilité commerciale à remplir nos plannings, le danger actuel des golfs du Pays Basque est d’oublier une indispensable remise en cause.
Les destinations concurrentes ne s’endorment pas. Nous, nous devons ne pas oublier certains paramètres fondamentaux touchant à la qualité : celui de notre accueil, celui de nos parcours, la formation du personnel et donc les besoins constants d’investissement…
Golfer sur la Côte basque doit conserver cette image de privilège… et que ce privilège soit accessible à tous !
Continuez de sortir de jeunes talents basques est aussi l’autre défi. C’est une tradition et il est Important qu’elle perdure. Nous avons tous les outils à disposition avec nos écoles de golf pour y arriver : des enseignants expérimentés et passionnés, un centre d’entrainement international à Ilbarritz capable d’accueillir nos meilleurs gamins, des bénévoles stimulés à l’idée de voir émerger d’autres champions tel que Victor Perez ou Mike Lorenzo-Vera…