L’une des plus grandes surprises de l’histoire du PGA Championship demeure la victoire en 2002 de Rich Beem. Ce joueur obscur du PGA Tour va passer à la postérité en battant le n°1 mondial, Tiger Woods.
Le monde du golf le découvre un peu gêné de recevoir en ce 18 août 2002 le Wanamaker Trophy. Lui, Rich Beem, vainqueur surprise du PGA Championship. Un sans-grade du PGA Tour qui, un temps, a abandonné sa carrière pour améliorer son quotidien en vendant des autoradios et autres téléphones portables.
Ces derniers ont certainement dépassé leur forfait pour féliciter ce bonhomme mal dégrossi et vêtu à la mode ample des années 1990 qui a remporté un Majeur à la surprise générale en battant ni plus ni moins que Tiger Woods, alors au sommet de son jeu.
Un tournant dans sa vie
« Cette victoire a été le tournant de ma vie » déclare-t-il 20 ans après son exploit. On veut bien le croire, même si le Texan n’a jamais plus rien gagné depuis. Il demeure ainsi l’un des plus « mauvais » golfeur à avoir remporté un Majeur. Aujourd’hui analyste pour la télévision, Rich Beem n’en a cure, il sait d’où il vient.
Fils d’un pro encore plus obscur que lui, il commence tout naturellement sa carrière en 1994. Mais celle-ci ne décolle pas, l’empêchant même de subvenir à ses besoins. Vendeur de produits électroniques, il se demande un jour s’il ne doit pas retenter sa chance après la victoire de son copain J.P. Hayes au Buick Classic en 1998.
Il tente à nouveau sa chance en 1999
Bien lui en a pris puisqu’en 1999, à nouveau rookie, il remporte le Kemper Open, validant son choix. Mais son hygiène de vie, racontée excellemment dans le livre Bud, Sweat and Tees: A Walk on the Wild Side of the PGA Tour d’Alan Shipnuck, et son putting défaillant l’empêchent de réussir encore jusqu’à cette fameuse année 2002.
Beem dispute son 3e Majeur dans de bonnes dispositions
Il ne faut pas croire qu’au moment d’entamer le PGA Championship sur le parcours d’Hazeltine, qu’il connait par coeur, Rich Beem vient de nulle part. Deux semaines avant, il a remporté son 2e titre, The International. Et il a déjà quelques top 5 à son actif. Mais s’imposer face au gratin mondial, Tiger Woods en tête, c’est une autre histoire.
Un putt au 18 change tout
Celle-ci débute au 2e tour lorsqu’il shoote un formidable 66 qui lui permet de partager la tête du tournoi en très belle compagnie. Le samedi, il établit un score de 72 qui lui permet de garder le contact avec Justin Leonard, leader avec 3 coups d’avance. Le tournant du tournoi se situe au 18e trou lorsqu’il rentre un putt pour birdie de 3,50 m. Ce coup lui permet d’éviter de jouer avec Tiger Woods le dimanche. « La pression aurait été trop forte, je ne pense pas que j’aurais pu la supporter », affirmera-t-il plus tard.
Il contient le retour de Tiger Woods
La charge de Tiger Woods le dimanche, avec 4 birdies sur les 4 derniers trous, auraient pu lui causer en effet des dommages psychologiques irréparables. Au lieu de cela, bien qu’il se soit douté des performances du n°1 mondial par les cris répétés de la foule, Beem reste dans sa bulle, sûr de sa force et revigoré par un putting, pour une fois, à la hauteur.
« J’ai commencé à croire en ma victoire au 13 lorsque je me suis aperçu que j’avais 6 coups d’avance avec 5 trous à jouer », précise-t-il. Malgré un bogey au dernier trou, il remporte finalement son premier et unique Majeur avec un coup d’avance sur Tiger Woods. Tout heureux de créer ainsi la surprise, il empoche 990 000 $ promis au vainqueur. Bien plus que tous les téléphones et les autoradios qu’il n’aurait jamais pu vendre. Il devient enfin Rich et célèbre.